DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 352

4 mar 1878 Rome GALABERT Victorin aa

Le pape va subir persécution – Attendons-nous au pire – J’ai été très préoccupé de vous tous et surtout de Philippopoli – Léon XIII sera un très grand pape – Je prie constamment pour vous et pour tous les nôtres qui sont là-bas.

Informations générales
  • DR12_352
  • 6209
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 352
  • Orig.ms. ACR, AJ 347; D'A., T.D. 32, n. 347, pp. 338-340.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CRAINTE
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 ENCYCLIQUE
    1 EPREUVES
    1 GUERRE
    1 INTELLIGENCE
    1 MAUX PRESENTS
    1 OBLATES
    1 PAIX
    1 PAPE
    1 PATIENCE
    1 PERSECUTIONS
    1 PEUPLE
    1 PIETE
    1 PRESSE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RAPPORTS DU SUPERIEUR
    1 RELIGIEUX
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 RUSSES
    1 SEVERITE
    1 TURCS
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOLONTE
    2 LEON XIII
    2 NICETAS, STEPHAN
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 BALKANS
    3 BULGARIE
    3 CASTEL GANDOLFO
    3 CHIPKA
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
    3 ROME, PLACE SAINT-PIERRE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Rome, 4 mars 1878.
  • 4 mar 1878
  • Rome
La lettre

Mon bien cher ami,

Enfin, je reçois le 4 mars votre lettre du 12 février; vous pensez si j’étais dans les transes. J’avais pourtant reçu votre télégramme, qui a passé par Chipka(1). Ma dernière lettre vous demandait un rapport sur l’état des religieux du P. Stéphane Nikita, mais que faire et que dire en ce moment?

A Rome même, le nouveau Pape va subir persécution; il partira, dit-on, pour Castel-Gandolfo. Bien des choses se dessineront à l’apparition de l’encyclique. Le jour de l’élection de Léon XIII, je courus à Saint-Pierre, et, tandis que la majeure partie de la foule se rendait sur la place, moi j’entrai bravement dans l’église. Ce que je prévoyais arriva. Au lieu de donner la bénédiction au dehors, le Pape la donna à la fenêtre intérieure. Cet acte dessina sa position.

De même, nous allons savoir ce que fera la Révolution, dès que l’encyclique aura paru. Attendons-nous aux plus graves événements: ce sera la révolution universelle. Où s’arrêtera-t-on? Nul absolument ne le sait. Mais qu’il y ait des jours très mauvais, voilà ce qui est très incontestable. C’est pour cela que nous devons redoubler de ferveur et prier Dieu de nous donner de faire son oeuvre, comme il l’entend. A cet égard, il est plus nécessaire que jamais de se sanctifier. Dites bien à nos Soeurs, et aux Pères et Frères, combien j’ai été préoccupé d’eux tous, ces temps-ci, surtout des Pères de Philippopoli, parce que j’avais eu votre télégramme, mais que je n’avais rien reçu d’eux et que les journaux parlaient de massacres à Philippopoli, dont Andrinople aurait été affranchie par l’entrée des Russes immédiatement après le départ des Turcs.

Ce que deviendra l’Italie en proie à la révolution, on ne peut pas le dire. On peut bien moins dire ce que va devenir la France. Elle avait espéré une paix relative jusqu’à la fin de l’exposition. Il m’est impossible d’y croire, d’abord parce qu’en cette circonstance l’exposition pour les révolutionnaires passe avant l’Eglise de Jésus-Christ; ensuite parce que la guerre universelle doit infailliblement éclater, d’ici à très bref délai. L’Angleterre arme, comme dit-on elle n’a jamais armé. Il faut que quelque chose sorte de là.

Le Pape sera un très grand pape, d’un autre genre que Pie IX, mais ce sera un pape merveilleux de patience, de fermeté, d’intelligence de ce qu’il veut, et de volonté inébranlable.

Je vais aller demain à la Propagande parler de votre lettre, en attendant le rapport que je vous avais réclamé et dont vous n’avez pas su la demande. Adieu, mon cher ami. Je prie constamment pour vous et tous les nôtres qui sont là-bas. Que Notre-Seigneur veille sur vous et vous donne un courage à la hauteur de vos épreuves.

Bien vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Ni la lettre, ni le télégramme ne sont conservés. Chipka, ville de Bulgarie, sur le versant méridional des Balkans. C'est par le défilé de Chipka que les Russes ont traversé les Balkans. La région fut le théâtre de durs combats.