DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 376

15 mar 1878|16 mar 1878 Rome GALABERT Victorin aa

Votre correspondance avec le P. Thomas – A la Propagande – Séminaire grec – Odessa – Le rite slave – Ayez de bons rapports avec les Russes et apprenez la langue – Le nouveau délégué à Constantinople – La révolution italienne va de l’avant – Sept questions sur le monde slave.

Informations générales
  • DR12_376
  • 6236
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 376
  • Orig.ms. ACR, AJ 348; D'A., T.D. 32, n. 348, pp. 340-343.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 AMITIE
    1 AUMONIER
    1 BULGARES
    1 CATHOLIQUE
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CLERGE ORTHODOXE
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 COUVENT
    1 DIPLOMATIE
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 EUCHARISTIE
    1 FERMES AGRICOLES
    1 GRECS
    1 INTELLIGENCE
    1 ITALIENS
    1 LANGUE
    1 MINISTERE
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOMINATIONS
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PAQUES
    1 POLEMIQUE
    1 POLITIQUE
    1 POLONAIS
    1 PRUDENCE
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 REPARATIONS D'IMMEUBLES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 RITE SLAVE
    1 RUSSES
    1 SAINT-SIEGE
    1 SALUT DES AMES
    1 SCHISME
    1 SECRETAIRERIE D'ETAT
    1 SEMINAIRES
    1 SEMINARISTES
    1 TURCS
    1 VERTUS
    1 VICAIRE APOSTOLIQUE
    1 VOYAGES
    2 BRZESKA, THOMAS
    2 DUGAS, JEANNE DE CHANTAL
    2 FRANCHI, ALESSANDRO
    2 FRICERO, MADAME JOSEPH
    2 GRASSELLI, ANTONIO-MARIA
    2 HUMBERT I
    2 JOSEPH, SAINT
    2 LEON XIII
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 NICETAS, STEPHAN
    2 PERSICO, IGNAZIO
    2 RAMPOLLA DEL TINDARO, MARIANO
    2 SACCONI, CARLO
    2 SIMEONI, GIOVANNI
    3 ANDRINOPLE
    3 ATHENES
    3 CANADA
    3 CAUCASE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 HIMALAYA
    3 HINDOUSTAN
    3 MALABAR
    3 MALTE
    3 ODESSA
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Rome,le 15 [mars] 1878(1).
  • 15 mar 1878|16 mar 1878
  • Rome
La lettre

Mon bien cher ami,

J’ai reçu votre lettre du 1er février(2) hier soir. Sur trois lettres précédentes dont vous me parlez, je n’en ai reçu qu’une; où sont les autres? Je vous envoie celle-ci au consulat d’Andrinople; si ce n’est pas une voie sûre, faites-le moi savoir.

J’approuve absolument votre correspondance avec le P. Thomas(3). Ces Polonais sont bien extraordinaires, et j’approuve tout à fait que vous leur ayez parlé net, -vous avez parfaitement fait pour l’oeuvre des Turcs(4),- et la prudence en même temps que vous adoptée dans la ligne tracée aux religieuses. Vous pouvez ouvrir au plus tôt votre alumnat(5). Si vous tenez à saint Joseph, renvoyez-en l’ouverture au troisième dimanche après Pâques. Je suis bien touché de ce que vous me dites de la protection que ce grand saint vous accorde. En tout cas, continuez; votre système est très bon.

J’ai fait à la Propagande vos demandes pour la réserve, etc. Maintenant, je crois bien que l’autorité de Mgr Grasselli va un peu diminuer; on l’estime beaucoup pour sa vertu, mais moins pour sa capacité. Il s’agit de nommer un délégat, et je crois le connaître. Le cardinal Sacconi fait ce qu’il peut pour le faire arriver; Franchi lui est favorable, mais Franchi n’est plus à la Propagande; c’est Simeoni invisible, parce qu’il est obligé de rester au Vatican, le Pape occupant les appartements du secrétaire d’Etat jusqu’à ce que les siens soient réparés; mais Rampolla me suffit, et de reste. Or, Rampolla est parfait et me pousse tant qu’il peut à la grande affaire. J’ai parlé très longuement avec lui de ce que vous me dites au sujet des écoles; il y poussera tant qu’il pourra.

Vous n’aurez pas pour visiteur le Lazariste dont vous me parlez; il ne peut accepter. Et Grasselli étant insuffisant, il est à désirer que vous ayez celui à qui je pense. Il est évêque missionnaire depuis longtemps.

On voudrait établir un séminaire grec à Constantinople, un autre grec à Athènes ou aux environs pour les Hellènes. On approuve l’idée d’Odessa. Maintenant examinez si vous ne feriez pas bien de diriger les élèves de votre alumnat vers le rite slave. Ce que vous faites à Philippopoli, ne pourriez-vous le faire d’une autre façon à Andrinople? Sans quoi, les Bulgares catholiques vont vite passer au schisme. Dites-moi là-dessus tout ce que vous pourrez me dire.

Et ne pourriez-vous pas profiter du séjour des Russes, pour faire donner quelques leçons préparatoires de russe? S’ils ont quelques aumôniers, tâchez de voir s’ils sont abordables. Créez-vous avec eux toutes les relations possibles et surtout témoignez-leur une grande bienveillance. N’abordez aucune question de controverse, n’ayez pas l’air de vouloir les convertir, contentez-vous de répondre à leurs questions; interrogez seulement avec intérêt sur l’état du clergé, des séminaires, des couvents, des popes, et apprenez du russe tout ce qui vous sera nécessaire pour aller à Odessa, dans la course que je vous autorise à y faire, dès que vous le pourrez.

Le 16 [mars].

Cette lettre aurait dû partir hier soir, mais ce n’est peut-être pas un mal. Je puis vous annoncer que nous allons obtenir un délégat à Constantinople autre que Mgr Grasselli. C’est un Napolitain, qui a voyagé partout; il a été vicaire apostolique à l’Hindoustan et l’Himalaya; il a été évêque trois ans au Canada; il a été l’an dernier chargé d’une mission au Malabar, et il s’en est tiré à l’applaudissement de la Propagande. La Propagande l’estime beaucoup, et je suis très lié avec lui. Vous auriez là un appui très affectueux et très intelligent(6).

La révolution italienne va de l’avant. On nous annonce un ministère rouge. C’est la déchéance d’Humbert, c’est l’exil du Pape qui ira à Malte. Je compte quitter Rome le lundi de Pâques (7). Il me faudrait des raisons très graves pour prolonger mon séjour. Il me semble que j’y ai suffisamment fait mes affaires pour cette année, et, à moins d’un coup d’Etat, je n’aurai pas à y revenir l’an prochain, tant je suis convaincu des intentions de la République.

Vous seriez bien bon de me répondre aux questions suivantes:

1° Les Polonais ayant un séminaire pour les Bulgares, combien ont-ils formé de prêtres indigènes du rite slave?

2° Les élèves qui sont chez vous ont-ils de la répugnance à prendre le rite slave?

3° Si à Andrinople c’était difficile, pourrait-on envoyer le P. Athanase ou tout autre religieux en préparer plus loin?

4° Pourrait-on, par exemple, prendre son parti d’aller dans le Caucase(8)?

5° Pourrait-on aller à Philippopoli, pour préparer au rite slave?

6° Pourrait-on aller tout simplement dans une ferme, à l’intérieur des terres?

7° Quel effet l’invasion russe a-t-elle produit sur les habitants du pays? Désirent-ils l’autorité russe, ou rester Bulgares?

Ajoutez vous-même vos considérations à ce que je vous demande. Ainsi tous ces mouvements politiques apporteront-ils un peu plus de liberté religieuse? Autant de questions du plus haut intérêt?

Adieu, et tout à vous du fond du coeur. Je n’ai pas le temps d’écrire à Soeur Jeanne; je le ferai au premier moment.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte: 15 *février* 1878.
2. Lettre perdue.
3. Le P. Galabert avait reproché au P. Thomas Brzeska un manque de prudence dans l'accueil fait aux Russes, et, comme le P. Thomas niait les faits, le P. Galabert lui avait répondu qu'il était heureux d'apprendre qu'il avait été mal informé. C'était là, ajoutait-il, une nouvelle preuve qu'il fallait toujours se montrer réservé avant de croire les faits attribués aux autres et surtout avant de les colporter au loin (Galabert, 28 février). L'allusion aux racontars faits à la Propagande sur le dos du P. Galabert et sur celui du P. Stephan Nicétas ne dut pas échapper à son correspondant.
4. A la demande des Turcs eux-mêmes, le P. Galabert a accepté que les Soeurs prennent en charge de petits orphelins musulmans.
5. "Le moment me semble venu de commencer notre alumnat de grammaire. Parmi nos enfants, cinq ou six désirent embrasser l'état ecclésiastique..." (28 février).
6. Mgr Persico.
7. Soit le 22 avril.
8. Le P. d'Alzon a pris très au sérieux la demande de Mme Fricero (v. *Lettre* 6149, n.3). Il se dispose d'ailleurs à lui poser une série de questions précises sur la perspective caucasienne (*Lettre* 6238).