DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 394

26 mar 1878 Rome PICARD François aa

Le pape, sans protection devra partir – Qui sera nonce en France ? – Peu d’hommes autour de Léon XIII – Un journal français – Au fond, quelle est l’action du *Pèlerin* ?

Informations générales
  • DR12_394
  • 6255
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 394
  • Orig.ms. ACR, AF 255; D'A., T.D. 26, n. 638, pp. 210-212.
Informations détaillées
  • 1 ACTIONS
    1 APOSTOLAT
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ARMEE PONTIFICALE
    1 AUSTERITE
    1 CONSEIL DU GENERAL
    1 CRITIQUES
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ETAT
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 FRANCAIS
    1 GENEROSITE
    1 INTERETS
    1 JOIE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 NOMINATIONS
    1 NONCE
    1 PAPE
    1 PELERINAGES
    1 PIETE
    1 POLONAIS
    1 PRESSE
    1 PRISONNIER
    1 PUBLICATIONS
    1 REVOLTE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINT-SIEGE
    1 SALUT DES AMES
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 ALPHONSE XII
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BAUDE, GEORGE-NAPOLEON
    2 CARLOS, DON M.-JUAN-ISIDRO
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 DAMAS, PAUL DE
    2 FRANCHI, ALESSANDRO
    2 LEON XIII
    2 MONSCH, CHARLES
    2 RONCETTI, CESARE
    2 VANNUTELLI, SERAFINO
    2 VANNUTELLI, VINCENZO
    2 VEUILLOT, ELISE
    3 ANGLETERRE
    3 BELGIQUE
    3 BRUXELLES
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Rome, 26 mars [18]78.
  • 26 mar 1878
  • Rome
La lettre

Cher ami,

Mon séjour à Rome est d’autant plus intéressant que, quand j’en partirai, je ne sais vraiment pas quand j’y reviendrai. J’avais vu vendredi M. Baude, tout fraîchement et brutalement destitué, je viens de le rencontrer encore. Il m’a appris que la révolte des Suisses continue et que, bientôt, il n’y aura plus moyen d’avoir une garde au Vatican. Les Français ne seraient pas admis. Le Pape sans protection devra partir. Lui vote pour l’Angleterre, malgré Franchi qui pousse vers l’Espagne, afin de consolider Alphonse XII au détriment de Don Carlos. On verra. Mais il est plus que jamais convaincu que le Pape ne sera pas ici à la fin de l’année.

On nous menace de Czacki pour nonce en France. Ce serait un malheur que d’avoir un Polonais. Mais nous pouvons encore avoir Vannutelli de Bruxelles; le sous-secrétaire d’Etat remplacerait son frère en Belgique pour faire place à Roncetti, créature de Franchi et que celui-ci veut auprès de lui. Où allons-nous? Je crois à un bouleversement fatal pour bien des Etats, mais au terme je ne serais pas surpris que si l’Eglise avait des hommes, elle pût se ménager un triomphe. Evidemment, Léon XIII est un homme, mais autour de lui qu’il y en a peu!

On s’occupe de créer ici un journal français. Je crois qu’il ferait du bien, s’il n’était exposé à tomber dans des mains libérales. J’aimerais bien mieux d’une autre combinaison, mais ceci veut du temps et j’ai d’autres chats à fouetter.

Au fond, en dehors du mouvement des pèlerinages, quelle est l’action du Pèlerin? Le P. V[incent] de Paul la voit dans l’intérêt qu’il offre. Mais le but, le résultat pratique, où le voyez-vous? Notez que je le lis avec joie, mais qu’en reste-t-il? Pour la verve, il en a à revendre. Quelle action exerce-t-il? Quelles idées fait-il germer? A quel besoin répond-il? Sinon de remplacer de mauvaises revues illustrées. Mais ceci est un résultat négatif. Pensez-vous que ses lecteurs soient devenus plus pieux, plus zélés pour les bonnes oeuvres, plus généreux pour les grands devoirs des catholiques dans ce temps-ci? Ou bien faut-il dire que les lecteurs ne sont capables de recevoir les idées chrétiennes qu’à dose homéopathique? Ou bien encore, Dieu permet-il que l’on ne soit pas capable de porter le poids d’obligations trop austères? Remarquez encore une fois que l’esprit, le talent de pensée dans le Pèlerin fortifie mon observation. L’esprit et le talent y sont incontestables. Quel en est le résultat? Pour moi, je ne sais trop que vous dire; car si je fais des observations, notez bien que je ne les fais pas dans un esprit de blâme, mais avec l’immense désir que le résultat soit plus fécond pour le règne de N.-S. et le salut des âmes(1).

Que M. de Damas renonce à l’idée d’avoir un pèlerinage à Rome, en septembre. Le Pape ou n’y sera plus, ou sera prisonnier. C’est l’avis de tous les hommes les plus dévoués au Saint-Siège. Par conséquent, fixons notre réunion générale dans la première quinzaine de septembre. Je voudrais que ce fût dans la première semaine.

Adieu, et bien tendrement à vous.

E.D’ALZON.

Pourriez-vous retirer pour moi les intérêts de mon action à l’Univers et me les envoyer? Il doit y avoir quelques centaines de francs. Au fait, n’y allez pas. J’écris à Mademoiselle Veuillot, elle s’en chargera.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Sur les reproches faits par le P. d'Alzon au *Pèlerin*: Charles MONSCH, *Le P. d'Alzon et les débuts de la Bonne presse*, p. 285-286, dans *Colloque*, p.279-297.