DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 400

29 mar 1878 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Accroître les Oblates qui nous ouvriront les portes de la Russie – La dame russe qui promettait monts et merveilles – L’Angleterre va ruiner la Russie.

Informations générales
  • DR12_400
  • 6260
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 400
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 427; D'A., T.D. 30, n. 526, pp. 313-315; QUENARD, p.270.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BATEAU
    1 CATHOLIQUE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHAPELLE
    1 COMMERCE
    1 DIPLOMATIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 GRACES
    1 GRECS
    1 GUERISON
    1 GUERRE
    1 HOPITAUX
    1 INTELLIGENCE
    1 LIBERTE
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PENSIONNATS
    1 PERSEVERANCE
    1 PLANS D'ACTION
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RUSSES
    1 SAINTETE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 TOMBEAU
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 ALEXANDRE II, TSAR
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 FAVIER, MARIE-ROSE
    2 FRICERO, MADAME JOSEPH
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 LEON XIII
    2 NUEL, ROSE-AGNES
    2 OUROUZOV, PRINCE
    2 PIE IX
    2 ROSE DE LIMA, SAINTE
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 ATHENES
    3 DARDANELLES
    3 EPIRE
    3 MACEDOINE
    3 MER NOIRE
    3 ODESSA
    3 ORIENT
    3 ROME, EGLISE SAINTE-ROSE DE LIMA
    3 RUSSIE
    3 TURQUIE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 29 mars [18]78.
  • 29 mar 1878
  • Rome
La lettre

Ma chère Marie,

Je suis allé dire la messe, ce matin, pour vous sur le tombeau de sainte Catherine de Sienne. J’ai bien prié cette grande sainte de vous guérir, si c’est pour la gloire de Dieu. Je lui ai demandé pour vous toutes les grâces qui peuvent vous faire arriver à toute la sainteté que N.S. demande de ses épouses, et surtout d’une épouse qui doit lui en amener tant d’autres, car il ne faut pas vous faire illusion, nous devons tout faire pour accroître les Oblates. Il m’en faut pour Odessa, d’ici à un temps assez rapproché. Le P. Galabert prend en Orient de l’influence, surtout par la charité et le dévouement de vos filles. Or je suis convaincu qu’elles sont destinées à nous ouvrir les portes de la Russie, d’abord par un hôpital, ensuite par un pensionnat. Aussi je vous engage à pousser les études, autant que vous le pourrez, et je ne doute pas que celles qui voudront travailler ne rendent un jour de très grands services à l’Eglise.

Veuillez dire à Soeur Rose-Agnès et à Soeur Marie-Rose que j’ai dit hier la messe, à la chapelle de sainte Rose de Lima, et que j’ai prié pour elles comme pour mes vraies filles.

Ma lettre ne partira pas aujourd’hui. J’ai été pris, de 10 heures à midi, par le consul général de Turquie, lequel est un homme fort intelligent et qui connaît parfaitement le pays; mais nous n’avons parlé que des Hellènes, c’est-à-dire des Grecs qui habitent Athènes, la Macédoine, l’Epire, etc. Il n’y a donc là rien à faire pour les Oblates; leur travail doit se diriger sur Andrinople et sur la Russie.

J’ai reçu hier une lettre de la dame russe qui me promettait monts et merveilles. Cette lettre de 12 ou 16 pages m’a abasourdi. Quand j’ai vu qu’elle parlait avec un enthousiasme ridicule, selon moi, j’ai voulu préciser, j’ai posé des questions; elle n’a répondu à rien et s’est bornée à dire que tout bien serait obtenu, si le Pape écrivait une bonne lettre au czar. Qu’elle aille se promener! Est-ce à moi à proposer au Pape des avances que, du reste, il vient de faire et auxquelles le czar répond en envoyant de nouveau le Prince Ourouzof diplomate que Pie IX avait mis à la porte, à cause de son impertinence. Mais il faut passer par-dessus, avoir son plan et le poursuivre avec acharnement(1).

Adieu, ma chère enfant. Si vous saviez comme je sens que vous m’êtes confiée pour que je vous rende une vraie sainte.

E.D’ALZON.

Quand je vous dis qu’il faut se préparer, j’entends que l’Angleterre va ruiner la Russie, qu’elle va mettre une flotte de cuirassés à la porte des Dardanelles, arrêter tout le commerce russe, de façon à ce que la mer Noire ne serve de rien, brûler tous les vaisseaux de la Russie sur toutes les mers et forcer la Russie à capituler. Mais je crois qu’elle ne la réduira pas à crier merci, sans avoir exigé d’elle la liberté des cultes. Voilà ce qui me semble incontestable. Ce jour-là, nous entrerons en Russie sans difficulté, et comme cette condition aura été exigée par une Puissance protestante, les catholiques n’en porteront pas l’odieux et en auront les avantages. Vous voyez que je deviens diplomate.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 6238 et notes. - La déception causée par la lettre de Mme Fricero est grande, mais "il faut passer par-dessus, avoir son plan et poursuivre avec acharnement".