DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 409

• DR12_409
• 6270
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 409
• Cop.ms. ACR, BE 276.

• 1 AMITIE
  1 ANGOISSE
  1 CAPRICE
  1 CAREME
  1 CHATIMENT DU PECHE
  1 CHEMIN DE LA CROIX
  1 DEVOIR
  1 DIVIN MAITRE
  1 DOUCEUR
  1 DOULEUR
  1 ECRITURE SAINTE
  1 EGLISE
  1 GUERRE
  1 IMAGINATION
  1 JOIE
  1 MISSION DE RUSSIE
  1 PAIX DE L'AME
  1 PASSION DE JESUS-CHRIST
  1 PLANS D'ACTION
  1 PRIERE DE DEMANDE
  1 PROVIDENCE
  1 REGULARITE
  1 SOINS AUX MALADES
  1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
  1 TRAVAIL
  1 TRISTESSE
  1 VERTU DE FORCE
  2 ADAM
  2 VALAT
• A MADEMOISELLE PAULINE VALAT
• VALAT_PAULINE
• Rome, 31 mars [18]78.
• 31 mar 1878
• Rome

Ma bien chère enfant,

Et moi, au contraire, je me hâte de vous répondre, parce que je crois que vous avez besoin d’être un peu et beaucoup soutenue par la pensée de l’intérêt vrai qu’on vous porte. C’est pour cela que je vous réponds courrier par courrier. La tristesse qui vous accable me semble bien naturelle, ma grande fille, et je crains qu’elle ne vous empêche de comprendre la ligne que vous trace la Providence. Vous avez à passer par bien des douleurs, mais ces douleurs peuvent vous être bien profitables si vous le voulez. L’important est de vous donner un but. J’en vois bien un si vous voulez l’accepter, mais il faut que vous preniez courage et que, tout en soignant votre père, vous vous persuadiez que vous avez des devoirs à remplir. Vous avez une activité qui a souvent dégénéré en agitation parce que vous n’avez pas su vous régler. Vous avez le plus grand besoin que cette activité soit dirigée vers une occupation sérieuse, pénible quelquefois, mais dont le résultat sera de vous tenir l’imagination en bride et la conscience en paix.

Dieu a dit au premier homme, comme châtiment du péché: Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Toute chrétienne est condamnée à un travail régulier, selon sa position. Voilà le travail qui vous est demandé et qui répugne à votre activité trop capricieuse: l’ordre dans l’action. Voilà à quoi vous devez tendre, ce qui vous fera souffrir, mais si vous savez vous y astreindre, ce qui vous domptera et finira par vous donner non pas la joie, mais le calme.

Pensez beaucoup dans cette dernière moitié du carême à la passion de N.S., faites souvent le chemin de la croix, demandez à notre bon Maître la science de souffrir et la douceur dans le support des angoisses.

Pour moi, je demande beaucoup de prières pour la Russie. C’est la Russie qui est ma grande préoccupation, non pas qu’il soit possible d’y pénétrer d’ici à quelque temps, mais je suis convaincu qu’après la guerre qui va avoir lieu elle sera obligée d’ouvrir la porte à l’Eglise catholique.

Adieu, ma bien chère enfant. Je présume vous revoir avant l’époque que je m’étais fixée d’abord, et ce sera pour moi, je vous l’assure, une très grande joie.

Tout vôtre avec une affection bien paternelle.

E.D’ALZON.

A Mlle Pauline Valat

Nîmes.