DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 414

2 apr 1878 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa

Le *Pèlerin* – Ah! si nous avions 200 religieux bons à toute sauce comme vous! – L’affaire Lasserre – Les pèlerinages du P. Picard.

Informations générales
  • DR12_414
  • 6275
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 414
  • Orig.ms. ACR, AH 161; D'A., T.D. 28, n. 161, pp. 123-124.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CONVERSATIONS
    1 CRITIQUES
    1 ENCYCLIQUE
    1 EVEQUE
    1 FRANCAIS
    1 GRAVITE
    1 MALADIES MENTALES
    1 PELERINAGES
    1 POLEMIQUE
    1 POLONAIS
    1 PRESSE
    1 PUBLICATIONS
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 TRISTESSE
    1 ULTRAMONTANISME
    2 JOURDAN, CESAR-VICTOR
    2 LASSERRE, HENRI
    2 LEON XIII
    2 MERCURELLI, FRANCESCO
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 SEMENENKO, PIERRE
    3 ORIENT
    3 ROME
    3 TARBES
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Rome, 2 avril [18]78.
  • 2 apr 1878
  • Rome
La lettre

Cher ami,

Je reçois votre lettre du 30. Allons, je vois que vous irez de clarté en clarté. Je ne songe pas à un journal français à Rome, j’espère l’avoir fait tomber. Je songe au bien que vous pourriez faire à la Congrégation, en prenant un repos dont votre santé a besoin. Vous voulez donner votre vie pour le Pèlerin, et, quand le bon Dieu l’aura prise, qui fera le journal? La campagne contre le Pèlerin peut être une bonne chose, mais s’il succombe, souvenez-vous que peu de gens le plaindront. C’est triste, mais ce sera ainsi. Moi, je m’occupe de l’Orient. Voulez-vous y aller, si l’on supprime le Pèlerin? Ah! si nous avions 200 religieux bons à toute sauce comme vous! Mais on ne vous apprécierait pas autant.

Passons à une affaire assez grave. Henri Lasserre, apprenant que l’évêque de Tarbes était ici, m’écrivit pour me prier de demander que ce que Mgr Jourdan allait faire contre lui n’eût pas d’effet, jusqu’à ce qu’il eût publié un Mémoire justificatif. Il me priait de m’entendre avec Semenenko(1). Moi qui ai pris la résolution de me tenir à mille lieues des Polonais, je ne répondis pas à Lasserre, laissant son affaire entre les mains de son grand protecteur. Mais voilà que j’acquiers la certitude qu’avant-hier l’évêque de Tarbes est allé trouver Semenenko, que celui-ci l’a accueilli à bras ouverts, lui a dit que Lasserre était un fou, etc., qu’il avait assez fatigué le Saint-Office et que, s’il y envoyait de nouveaux mémoires, il y serait mal venu. Cette manière d’agir, parfaitement polonaise, m’a révolté, et il me semble qu’il est bon que Lasserre en soit prévenu. Mais en même temps, bien que si je cherchais bien je trouverais son adresse, je puis dire que je l’ai égarée. Et vous ferez bien de l’engager à ne rien envoyer ici. J’ai lieu de croire qu’on ne fera rien, mais si l’on faisait quelque chose, il est probable que ce serait contre lui. Il y a plusieurs lettres d’évêques, qui portent contre lui des charges très fortes. S’il veut suivre un conseil d’ami, il restera tranquille et surtout il ne prendra pas Semenenko pour confident. Entendez bien que je n’écris pas à Lasserre, pour qu’il ne montre pas ma lettre. C’est un homme un peu redoutable à cet égard. Vous pouvez lui faire copier ma lettre ou mieux la lui lire, mais ne pas la lui laisser.

Je sors de chez Mercurelli que j’avais rencontré hier et qui m’avait demandé d’aller chez lui. Entre autres choses, il m’a dit que des évêques ultramontains s’étaient plaints des pèlerinages du P. Picard. J’ai raconté ce qu’avait fait Pie IX et la conversation de Léon XIII(2). Il m’a dit de rester tranquille.

L’encyclique n’a pas encore été publiée. Adieu. Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Supérieur général des Pères de la Résurrection et consulteur de la Congrégation de l'Inquisition.
2. Voir *Lettre* 6195.