DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 436

11 apr 1878 Rome GALABERT Victorin aa

Votre silence m’inquiète – Léon XIII gouverne avec vigueur – Russie et Angleterre – Nos idées à la Propagande – Votre projet d’orphelinat turc – Le Pape et les Polonais – Soeur Eugénie.

Informations générales
  • DR12_436
  • 6295
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 436
  • Orig.ms. ACR, AJ 350; D'A., T.D. 32, n. 350, pp. 345-346.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 ANGLAIS
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CATHOLIQUE
    1 CHOIX
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONTRARIETES
    1 EFFORT
    1 EGLISE
    1 ENCYCLIQUE
    1 ENERGIE
    1 ESCLAVAGE
    1 GOUVERNEMENT
    1 GUERRE
    1 LACHETE
    1 LIBERTE
    1 MALADES
    1 MAUX PRESENTS
    1 MENEURS
    1 MORT
    1 ORPHELINATS
    1 PERSEVERANCE
    1 PLANS D'ACTION
    1 POLONAIS
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PURIFICATION
    1 RAPPORTS DU SUPERIEUR
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 RUSSES
    1 SALUT DES AMES
    1 THEOLOGIE
    1 TURCS
    1 VOYAGES
    2 BIANCHI, RAIMONDO
    2 DE LUCA, PIETRO
    2 LEON XIII
    2 PIE IX
    2 UTUDJAN, EUGENIE
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 BABEL
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 ISTANBUL
    3 NIMES
    3 POLOGNE
    3 ROME
    3 RUSSIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Rome, 11 avril 1878.
  • 11 apr 1878
  • Rome
La lettre

Mon bien cher ami,

Je commence à être très préoccupé de vous. Voilà près de trois semaines que je ne reçois rien d’Andrinople(1). J’ai reçu votre premier rapport, mais les suivants que vous m’annonciez ne me sont pas parvenus. Je pars dans huit jours pour la France. Ainsi ne m’écrivez plus à Rome, où je n’ai reçu de vous que deux lettres. Cependant, vous avez été toujours si exact à écrire que je crains, ou que la correspondance ne soit interceptée, ou que vous ne soyez malade. Pour la correspondance cela me surprendrait, puisque nous ne disons rien de contraire à qui que ce soit. Vous êtes donc malade, et je vous avoue que je serai sur les charbons ardents, tant que vous ne m’aurez pas rassuré. La correspondance de Constantinople, toujours antiturque, donne des détails effrayants sur la mortalité qui règne à Stamboul; mais à Andrinople les Russes doivent avoir pris des précautions. Enfin, écrivez-moi au plus tôt à Nîmes.

Ici Léon XIII gouverne avec vigueur, il travaille beaucoup. L’encyclique constatera que le successeur de Pie IX le continue en effet.

La Russie devrait bien donner un peu de liberté aux catholiques; sans quoi l’Angleterre, toute protestante qu’elle est, va prendre l’Eglise catholique sous sa protection et se servir de l’influence morale qu’elle en retirera. Je puis vous garantir le plan, je le tiens de très hauts personnages anglais. Le seul moyen pour la Russie de parer le coup serait d’être plus paternelle envers ceux qui ne croient pas comme elle.

A la Propagande, nos idées prennent faveur. Nous y sommes extrêmement encouragés. Sous ce rapport, je ne puis me plaindre. Quant à nos règles ou constitutions, je prends la résolution de suivre le conseil de Mgr de Luca et du P. Bianchi, j’attends le concile. En attendant nous préparons nos règles, et, quand le concile sera repris, nous verrons.

Où en est votre projet d’orphelinat turc? Il me semble que vous aurez là de grandes difficultés et que vous devez porter surtout vos efforts du côté de l’alumnat(2). J’en ai parlé, et c’est ce qu’ici on approuve surtout. Ainsi, continuez et ne vous découragez pas. Les Polonais devaient venir en masse. Ils sont venus 32 ou 33, et en trois groupes, chacun avec un système différent; c’est la tour de Babel. Un des chefs du gouvernement occulte de Pologne pendant la guerre a eu une audience d’une heure. Le Pape devait ne pas savoir à qui il avait affaire. Jamais les Papes ne pactiseront avec les révolutionnaires. Je considère la Pologne comme perdue pour longtemps et condamnée à l’esclavage, jusqu’à ce qu’elle soit purifiée, ce qui ne semble pas être près d’avoir lieu. Ce n’est pas de ce côté que viendra le salut pour la Russie, quoi qu’en disent ces bons Polonais. Tenons-nous en dehors de tout; allons par la voie de la charité d’abord, de la science ensuite, et Dieu nous bénira.

Savez-vous que Soeur Eugénie, l’Arménienne, est au plus bas? Adieu, cher ami. Mille tendresses aux nôtres. Quel temps pour se sanctifier! En France, tout va de mal en pire; la révolution gagne, nous attendons la crise d’un moment à l’autre.

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 29 mars le P. d'Alzon accusait réception du rapport qui lui était parvenu le 27, et d'une lettre qui ne pouvait être arrivée plus tôt puisqu'elle était datée du 20.
2. Il ne sera possible de rien décider au sujet de l'orphelinat avant le retour des autorités turques. Quant à l'alumnat, le P. Galabert compte l'ouvrir le troisième dimanche après Pâques (Galabert, 21 avril).