DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 487

• DR12_487
• 6364
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 487
• Orig.ms. ACR, CV 65.

• 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
  1 ANTIPATHIES
  1 APOSTOLAT
  1 ARMEE
  1 CARACTERE
  1 CATHOLIQUE
  1 CLERGE
  1 COMMUNARDS
  1 COMMUNE
  1 CRAINTE
  1 DECADENCE
  1 DIPLOMATIE
  1 ENERGIE
  1 EPISCOPAT
  1 ESPERANCE
  1 ETRANGER
  1 FONCTIONNAIRES
  1 FRANCAIS
  1 GOURMANDISE
  1 GOUVERNEMENT
  1 LACHETE
  1 LANGUE
  1 MENEURS
  1 MORT
  1 NIHILISME
  1 NOBLESSE
  1 PECHE
  1 PEUPLES DU MONDE
  1 PHILOSOPHIE MODERNE
  1 POLITIQUE
  1 PRESSE
  1 RECONNAISSANCE
  1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
  1 ROYALISTES
  1 SEVERITE
  1 SOCIALISME ADVERSAIRE
  1 SOCIALISTES
  1 SOUVERAIN PROFANE
  1 UNITE CATHOLIQUE
  2 BONNET-DUVERDIER, EDOUARD
  2 CLEMENCEAU, GEORGES
  2 CLEMENT-THOMAS, JACQUES
  2 GAMBETTA, LEON
  2 GUILLAUME I, EMPEREUR
  2 HEGEL, FRIEDRICH
  2 HOEBEL, MAX
  2 LECOMTE, CLAUDE-MARTIN
  2 LEON XIII
  2 MONACO LA VALETTE, RAFFAELE
  2 VANNUTELLI, VINCENZO
  3 ALLEMAGNE
  3 ANGLETERRE
  3 BABEL
  3 BERLIN
  3 EUROPE
  3 FRANCE
  3 NAPLES
  3 PARIS
  3 PARIS, MONTMARTRE
  3 RUSSIE
• AU COMMANDEUR PAOLO MENCACCI
• MENCACCI Paolo
• Nîmes, le 9 juin 1878.
• 9 jun 1878
• Nîmes
• Evêché|de Nîmes

Au Commandeur Paolo Mencacci.

Monsieur et ami,

Mille fois merci de votre ponctualité à me répondre. Les détails sur Mgr Vannutelli m’intéressent au plus haut point. Vous n’êtes donc pas le seul à éprouver peu de sympathie pour quelqu’un que je ne veux pas nommer.

Voici ce que vous pouvez mettre dans votre journal.

Deux courants s’accentuent tous les jours en France. Les catholiques deviennent meilleurs, plus énergiques, plus unis. Au point de vue politique, ils tournent avec une confiance croissante leurs regards vers la légitimité. Mais les révolutionnaires, grâce à la connivence du gouvernement, voient s’accroître leur audace. M. Gambetta n’est déjà plus le vrai chef. Derrière lui se dresse M. Clémenceau, et si vous voulez en savoir le motif, c’est qu’il a laissé assassiner les généraux Clément et Lecomte(1). On veut du sang, telle est la soif populaire. La magistrature française, effrayée par la menace de la suppression de l’inamovibilité, commence à rendre des arrêts déplorables par leur faiblesse. Les caractères s’en vont. L’armée seule résiste encore. Je ne parle pas du clergé; pourtant je suis épouvanté(2) de la disposition à l’affaissement que je découvre partout.

D’autre part, Bonnet-Duverdier est à Naples avec plusieurs amis prêt à venir prendre place au Conseil municipal de Paris et rétablir la Commune(3) que nous aurons infailliblement au mois de janvier, à moins que les coups de fusil tirés sur l’empereur d’Allemagne ne fasse[nt] prendre des mesures très énergiques contre les socialistes(4).

Si vous me demandez après cela ce que je pense du Congrès, je vous répondrai: de même que les princes européens sont venus en France constater notre universelle dégradation, de même les diplomates iront à Berlin signer l’acte de décès de Guillaume et constater que l’Allemagne et la Russie sont rongées au même degré par le socialisme et le nihilisme. Voilà les conséquences très pratiques de la philosophie d’Hégel.

Je vais faire de la propagande pour le Divin Salvatore(5) dans plusieurs journaux. Mais nous autres Français, nous ne prenons pas la peine d’étudier les langues étrangères. Nous trouvons les peuples trop honorés de parler la nôtre et nous sommes tout ébahis que la tour de Babel ait diversifié le parler des nations.

Veuillez, monsieur et ami, agréer l’expression de mon respectueux et profond attachement.