DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 493

12 jun 1878 Nîmes ESCURES Comtesse

L’Exposition – La Russie.

Informations générales
  • DR12_493
  • 6369
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 493
  • Orig.ms. ACR, AN 124; D'A., T.D. 38, n. 124, p. 262.
Informations détaillées
  • 1 ALLEMANDS
    1 AMITIE
    1 AVARICE
    1 BAPTEME
    1 COMMERCE
    1 CORRUPTION
    1 DESPOTISME
    1 DISTRACTION
    1 ESCLAVAGE
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 FRANCAIS
    1 JEUNESSE
    1 LIVRES
    1 MAL MORAL
    1 MOEURS ACTUELLES
    1 NIHILISME
    1 NOBLESSE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RECONNAISSANCE
    1 REVOLTE
    1 RUSSES
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SALUT DES AMES
    1 SECTE
    1 SOCIALISTES
    1 TRIOMPHE
    1 TRISTESSE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOLAILLES
    1 VOYAGES
    2 MUN, ALBERT DE
    3 PARIS
    3 RUSSIE
  • A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
  • ESCURES Comtesse
  • Nîmes, le 12 juin 1878.
  • 12 jun 1878
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
  • *Madame la comtesse d'Escures*
    *11, rue Vézelay*
    *Paris.*
La lettre

Ma chère fille,

Je remercie du fond du coeur le Saint-Esprit qui vous pousse à prendre la plume et à m’écrire. Non, je n’irai pas à Paris, malgré les admirations de M. de Mun pour l’Exposition. Du reste, l’orateur fait des réserves qui sont en ma faveur. Je ne prétends pas qu’à l’exposition tout soit mal, je dis que le mal y domine tellement le bien que le bien y est vaincu et le mal triomphant. Ce n’est pas la peine d’aller assister à une pareille déroute. La seule chose que je regrette, c’est l’exposition des poules et des pigeons qui m’ont si fort aidé à me distraire, quand je n’en pouvais plus, il y a vingt ans de cela. Mais la reconnaissance est durable chez moi, même pour les bêtes.

Moi, j’étudie à force la Russie, et je cherche à me renseigner sur ce qui se rapporte à ce peuple si contradictoire par ses lambeaux de traditions, ses innovations, sa jeunesse vieillie au contact des corruptions modernes, sa vénalité, son esprit religieux et mercantile, ses aspirations vers l’inconnu comme un socialiste français, son vague destructeur comme un écolier allemand, son nihilisme national, ses sectes, ses grands seigneurs qui n’en sont plus, son despotisme, ses serfs affranchis et qui ne méritent de l’être que pour s’enivrer avec de l’eau de vie qui enrichit l’Etat. Ah! quelles tristesses! Pourtant, il y a là du bon, et, puisqu’ils sont baptisés et que Notre-Seigneur est mort pour eux, il est utile de chercher à les convertir.

Aidez-moi par vos prières et croyez à ma vieille et tendre amitié.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum