DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 519

17 aug 1878 Nîmes MENCACCI Paolo

Honoraires de messes – Vous aurez deux articles – Le gâchis français – Les Russes dans les Balkans.

Informations générales
  • DR12_519
  • 6405
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 519
  • Orig.ms. ACR, CV 66; D'A., T.D. 40, n. 2, pp. 428-429.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE
    1 ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
    1 BETISE
    1 CARDINAL
    1 CATHOLIQUE
    1 CLERGE ORTHODOXE
    1 COLERE
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 COMPORTEMENT
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 DECADENCE
    1 DISTRACTION
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 FRANCAIS
    1 GUERRE
    1 HONORAIRES DE MESSES
    1 INTELLIGENCE
    1 PENSEE
    1 POLITIQUE
    1 POLONAIS
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PRETRE
    1 PUBLICATIONS
    1 RUSSES
    1 SECRETAIRERIE D'ETAT
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 TURCS
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BESSON, LOUIS
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 FALLOUX, FREDERIC DE
    2 FRANCHI, ALESSANDRO
    2 NINA, LORENZO
    2 VERNAZZA, ANTOINE-ENFANT
    3 BALKANS
    3 BULGARIE
    3 DANUBE
    3 FRANCE
    3 LOURDES
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
    3 ROME, PALAIS RUSPOLI
    3 RUSSIE
  • A MONSIEUR PAOLO MENCACCI
  • MENCACCI Paolo
  • Nîmes, le 17 août 1878.
  • 17 aug 1878
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Quel misérable je suis d’avoir gardé un silence si prolongé! Mais voulez-vous que je vous prouve que c’est votre faute? Vous voulez des messes. J’en ai demandé, on me les refuse. Je fais intervenir mon évêque, qui les réclame et se brouille avec Falloux qui se les faisait toutes envoyer. Un cardinal furieux, mon évêque en disgrâce au palais Ruspoli, un directeur de l’oeuvre qui m’écrase de sottises, (je les lui rends en le forçant à déposer ses messes à l’évêché), l’espoir d’en avoir si je reste grand vicaire -mais j’ai envoyé ma démission, qu’on n’accepte pas, il est vrai-; voyez-vous tout ce à quoi je m’expose pour vous? Mais il faut attendre.

Quant à votre publication, pour en parler, il me faut la connaître. Vous aurez deux articles, l’un dans le Citoyen, l’autre dans l’Univers. Ne m’aviez-vous pas donné une première livraison? Hélas, mes distractions me l’ont fait laisser à Rome.

Maintenant aurons-nous le temps de vous lire en France, d’ici à peu? Nous vivons dans un gâchis si nauséabond qu’on ne peut dire ce qui sera dans six mois. Il est très sûr que la guerre serait immédiate, si la Russie avait de l’argent. Elle ménage l’annexion de Philippopoli, qui va devenir une ville importante. Nous y avons une maison, dont le supérieur(1) nous est arrivé la veille de l’Assomption. Ce qu’il nous dit des agissements russes est phénoménal. Quelque peu d’estime qu’ils aient pour leurs popes, ils en ont fait venir cent pour desservir la partie de la Bulgarie située entre le Danube et les Balkans. Toutefois, l’influence française serait encore très grande, si l’on avait dans ces contrées des hommes intelligents. Quant aux Turcs, ils décampent en masse. L’hectare se vend aux environs de Philippopoli 40 à 50 francs C’est partout la même chose. Les Russes ont fait confesser leurs soldats polonais à des prêtres catholiques, pourvu qu’ils ne fussent pas Polonais eux-mêmes.

Pourriez-vous me dire votre franche opinion sur Nina(2)? Je le connais, mais n’ai pu apprécier sa nuance.

Adieu, mon bien cher ami. Veuillez croire à mon plus absolu dévouement et à ma plus respectueuse affection.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Alexandre Chilier, qui accompagne à Lourdes un enfant aveugle de Philippopoli, Antoine Vernazza.
2. Lorenzo Nina, card. depuis 1877, était notamment *Prefetto della Economia* à la Propagande. Après la mort du card. Franchi, survenue le 31 juillet, il devint Secrétaire d'Etat.