DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 525

26 aug 1878 Nîmes PICARD François aa

L’Assomption de Paris et celle de Nîmes: une maison d’oeuvres et une maison de doctrine – Le *Pèlerin* et les pèlerinages font lever de gros nuages contre l’Assomption de Paris.

Informations générales
  • DR12_525
  • 6412
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 525
  • Orig.ms. ACR, AF 283; D'A., T.D. 26, n. 666, pp. 237-238.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CHOIX
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONTRARIETES
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 EPISCOPAT
    1 ETUDIANTS EN PHILOSOPHIE
    1 EXAMENS ET DIPLOMES
    1 FATIGUE
    1 GRAVITE
    1 INTELLIGENCE
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 MIRACLE
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PELERINAGES
    1 REPOS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BOUVY, EDMOND
    2 DELALLEAU, GERY
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 FALGUEYRETTE, TIMOTHEE
    2 GAUTHIER, EMILE
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 PAUTRAT, JEAN-FRANCOIS
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 26 août 1878.
  • 26 aug 1878
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Vous voilà reposé en partie des écrasantes fatigues de votre pèlerinage. Permettez-moi de revenir sur votre dernière et longue lettre, où il y a des points de dissentiment entre nous. Et je vous en signalerai un, résumé par le P. Edmond, au retour de son voyage à Paris. L’Assomption de Paris est une maison d’oeuvres, l’Assomption de Nîmes est une maison de doctrine. Or comme je tiens à la doctrine avant les oeuvres, je dois prendre des arrangements en conséquence.

Je vous envoie le Père Jean-François, qui est de votre province, et je vous prie de m’envoyer le P. Emile, qui est de celle du Midi. De plus, comme nous sommes écrasés, je vous prie de me rendre tous les jeunes profès du Midi, plus Timothée, qui a trois ans de noviciat, dont le Père Alexis, aidé de Madame Varin et de la religieuse qui l’a élevé, se charge de faire quelque chose. Ma décision, que j’ai communiquée au P. Géry, lui cause un grand ennui, à cause de la diminution d’élèves que ses cours vont subir. Mais croiriez-vous que le P. Edmond qui se prépare au doctorat ès-lettres, chose très positive, prétend que l’année de préfecture de discipline a doublé son intelligence? Il faut bien qu’il en soit ainsi; il y a un mois, le P. Emmanuel de lui-même m’avait dit la même chose. Le P. Edmond a été frappé de la diminution de la puissance intellectuelle du Père Germer. J’ai consulté le P. Géry qui m’a fait le même aveu. Croyez-moi, l’Assomption de Paris a besoin de se recueillir; sans quoi elle gaspillera son action.

Je vois deux gros nuages se lever contre elle: le Pèlerin, qui suscite tous les jours des colères plus vives de la part des hommes sérieux; les pèlerinages qui mettent en fureur une telle masse d’évêques, qu’il est impossible qu’une tempête n’éclate pas. Il faut des pèlerinages, mais il s’en fait assez sans vous, et croyez que le monopole des miracles aura des inconvénients. Je crois devoir vous avertir, afin que quand les ennuis arriveront, vous ne m’accusiez pas de vous avoir laissé en paix.

Quoi qu’il en soit, Père Jean-François vous viendra dans une dizaine de jours au plus tard. J’attends P. Emile et les jeunes profès, plus Timothée(1).

Totus tibi in Christo.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ton de cette lettre dut surprendre le P. Picard, qui annonça dès le lendemain le départ de Timothée par le premier train ainsi que la prochaine arrivée des Frères de la province de Nîmes. Il s'efforçait ensuite de faire cesser certains malentendus sur l'appartenance de tel ou tel religieux à l'une ou l'autre province, disait ne pas partager le jugement porté sur le P. Germer et ajoutait ce post-scriptum un peu perfide: "J'allais vous donner des détails sur notre pèlerinage, mais ce qui vous consolait l'an dernier, vous peinerait aujourd'hui, je supprime mon épître".