DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 529

31 aug 1878 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Ne m’est-il pas permis de ne pas désirer votre trop prompt enterrement ? – En effet quelques procédés m’ont froissé – Nous avons surtout à nous *recueillir* – Affaire de savon.

Informations générales
  • DR12_529
  • 6415
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 529
  • Orig.ms. ACR, AH 179; D'A., T.D. 28, n. 528, pp. 135-137.
Informations détaillées
  • 1 ACADEMIE
    1 COLERE
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DISTRACTION
    1 ENERGIE
    1 EVEQUE
    1 LIBERTE
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 MORT
    1 NOMINATIONS
    1 PENSEE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PROFESSEURS D'UNIVERSITE
    1 PROPRETE DES RELIGIEUX
    1 PROVINCIAL ASSOMPTIONNISTE
    1 PRUDENCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SUPERIEURE
    1 SUSCEPTIBILITE
    1 TRAVAIL
    1 TRISTESSE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 VIGILANCE
    2 ALEXANDRE II, TSAR
    2 DELALLEAU, GERY
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 FALGUEYRETTE, TIMOTHEE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 LOURDES
    3 MONTPELLIER
    3 POITIERS
    3 RUSSIE
    3 SEBASTOPOL
    3 SERVAS
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 31 août 1878.
  • 31 aug 1878
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
  • *Mon Révérend Père*
    *Le Père V. de P. Bailly*
    *8, rue François Ier, Paris.*
La lettre

Mon cher ami,

Votre lettre(1) renferme certains points, sur lesquels il importe de revenir. J’ai assuré qu’il y avait une recrudescence d’irritation contre le Pèlerin, je n’ai parlé ni du Gard ni de Montpellier. Je maintiens mon affirmation générale. J’ajoute que vous succomberez à la peine. Ne m’est-il pas permis de ne pas désirer votre trop prompt enterrement? J’ajoute encore que le Pèlerin est très amusant. Je crains, comme le disait un ancien recteur de Montpellier à un jeune professeur qui excellait dans le genre, que Zozo ne le soit plus encore. Est-ce que je veux que le Pèlerin cesse? Non, il cessera par la force des choses. Je me contente de dire: Prenez garde; mais, comme me l’écrit le P. Picard, nous en sommes à prendre les choses par le côté pénible.

Il est très vrai que j’ai été froissé de quelques procédés du P. Picard. Il se plaint que je ne parle pas rondement. Quand je parle, il dit que je prends les choses par le côté pénible et met de suite le marché en main. Je lui ai écrit hier, mais je vous prie de lui dire que je le laisse libre de renoncer à son titre de provincial, pourvu qu’il m’indique quelqu’un à sa place que j’accepte d’avance; que je le laisse libre, après les chagrins que lui cause sa charge de maître des novices, de choisir quelqu’un pour le remplacer, et, s’il le trouve, je l’accepte d’avance.

Je ne dis point ceci pour l’engager à se retirer, mais pour montrer les difficultés qui l’entourent et qui me circonviennent. Je ne dis point: Laissez le Pèlerin; je dis: Soyez prudents, bon nombre d’évêques sont disposés à vous jeter à l’eau. Voilà le fait incontestable. Je crois que nous avons surtout à nous recueillir. Voilà le point capital. En cela je crois que nous pouvons imiter la Russie(2) d’il y a vingt-cinq ans.

P. Géry est au Vigan à préparer une retraite pour les dames de l’Assomption, après laquelle il partira pour vous revenir. Adieu, cher ami. J’ai mille choses à vous dire os ad os(3); ce sera pour le mois de nov[embre].

Adieu, et tout à vous.

E.D’ALZON.

J’ai mis Timothée en retraite. Il sort de chez moi et me dit de la façon la plus sérieuse qu’il est résolu à se convertir. P. Alexis l’a demandé. Pour son bonheur, on a fait revenir et mis pour supérieure à Servas la religieuse qui l’avait élevé. Je me suis fâché très ferme contre son teint hâlé, je l’ai fait laver d’importance, il est devenu blanc comme tout le monde. Affaire de savon. Il a passé toute la soirée à pleurer arrosant son lit de ses larmes.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Du 29 août. Ce que le P. d'A. a dit du *Pèlerin* dans sa lettre du 26 au P. Picard a attristé le P. Bailly (qui, de son côté, doit avoir reçu du P. d'Alzon une lettre que nous n'avons plus). Il écrit : "...votre lettre, qui m'indique que le *Pèlerin* tourne la congrégation en ridicule, m'a singulièrement bouleversé. D'autant qu'une telle oeuvre, entreprise avec votre bénédiction et qui n'a pas changé de ton, a engagé l'avenir. On ne peut lâcher ceux qu'on a abonnés par des promesses, ni les amis qui ont fait de la propagande. Je n'insiste pas sur le capital qui est énorme.
Quant aux gens sérieux, très sérieux, si vous continuez à n'être point parmi ces sortes de sérieux, je m'occupe peu de leurs tonnerres. En ce voyage de Lourdes, le *Pèlerin* a été loué publiquement à la table de l'évêque de Poitiers [...], au grand Séminaire [...], à Lourdes [...]. Nous avons été remerciés spontanément par bien des curés du secours que nous apportions à leurs paroisses." Il faudrait citer la lettre entière.
2. Après Sébastopol, la Russie d'Alexandre II "se recueille" pour refaire ses forces. Le P. d'Alzon lui-même développera cette idée dans un article de la *Croix* de mai 1880 (I, pp.37-47).
3. "C'est la seule manière de s'entendre, même dans un tube acoustique il se perd quelque chose de nécessaire" (Vincent de Paul, 2 septembre).