DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 539

2 sep 1878 Nîmes PICARD François aa

A propos de divers religieux – Le P. Géry et saint Thomas – Soyez prudent – On regrette ma démission et au fond on est ravi.

Informations générales
  • DR12_539
  • 6419
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 539
  • Orig.ms. ACR, AF 286; D'A., T.D. 26, n. 669, pp. 240-241.
Informations détaillées
  • 2 PAUTRAT
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 2 septembre 1878, 68ième anniversaire de mon baptême.
  • 2 sep 1878
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Frère Timothée est arrivé, a fait une retraite, est un peu fatigué de toutes les larmes qu’il verse. Je le crois converti, je vais l’envoyer à Alais au P. Alexis. Il est d’une ouverture dont je ne me faisais pas une idée et qui prouve en sa faveur. Père Jean-François va vous arriver. C’est un blagueur, par énorme bêtise. Il prétend avoir fait, l’an dernier, plus de bien que le P. Pierre. Mais ce n’est pas sa faute, il est bête. Je vous prie de garder Nicétas et Livadari, à titre d’aumône, jusqu’à ce que le noviciat soit constitué ici. Je ne sais si ce sera de suite ou l’an prochain. Je vous enverrai Ferrand, élève de l’Assomption, pour q[uel]q[ues] mois, pour raison de famille. Je crois que les noviciats pourront se rendre momentanément ces services.

Je suis bien aise que vous jugiez P. Géry comme moi. Notez que nous sommes d’accord sur le principe thomiste, que nous admettons la nécessité de procéder par affirmation, mais quand je lui montre, dans chaque article, saint Thomas réfutant les objections, il ne veut pas admettre que l’on peut imiter saint Thomas. Soyez tranquille pour l’autorité. Ses élèves seraient trop malheureux, si je les lui livrais exclusivement. Il m’a sondé, mais j’ai maintenu l’unité de direction par vous.

P. Alexis devait arriver aujourd’hui, et on eût pu vous renvoyer l’avis favorable du Frère Théodule. J’accorde, pour moi, la prise d’habit le plus tôt possible(1). Mon avis en sa faveur est très catégorique. A la fin, je ne l’ai pas trouvé aussi timide que le prétend le P. Emmanuel. Je suis ravi de m’être trompé à propos de l’évêque de Poitiers(2); mais croyez-moi, prenez garde. Je maintiens mon dire -j’ai des preuves- d’une certaine exaspération.

On parle assez de ma démission. On la regrette, et, au fond, sauf l’évêque dont la position va devenir intolérable, on est ravi. C’est une place à prendre. Voudriez-vous demander à Madame la supérieure si, en allant en Espagne, elle ne s’arrêterait pas à Lourdes ou à Pau? J’irais peut-être l’y voir.

Adieu, et tout à vous.

E.D’ALZON.

P. Jean-François part ce soir ou demain, mais s’arrêtera chez son père, à Auxerre, et chez sa soeur, domestique à Sens. Impossible de me rappeler que j’aie permis à Doumet de rester à Paris.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Elle aura lieu dès le 8 septembre.
2. Le P. d'A. avait trouvé son homélie "modérée glacialement pour vous autres" (*Lettre* 6414).