DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 558

22 sep 1878 Nîmes PICARD François aa

Le P. Géry – Pour être Oblate : vouloir aller en Orient et prendre l’esprit de la congrégation – Le *Pèlerin* – Varia.

Informations générales
  • DR12_558
  • 6441
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 558
  • Orig.ms. ACR, AF 292; D'A., T.D. 26, n. 675, pp. 247-248.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 ANTIPATHIES
    1 BON EXEMPLE
    1 CATHOLIQUE
    1 COLERE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CORRUPTION
    1 CRAINTE
    1 DECADENCE
    1 DISTINCTION
    1 DISTRACTION
    1 ENSEIGNEMENT
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT ETROIT
    1 FETE
    1 FILLES DES ECOLES
    1 FRANCHISE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 MISSIONNAIRES
    1 MORT
    1 NUTRITION
    1 OBLATES
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 PIETE
    1 POLONAIS
    1 PRESSE POPULAIRE
    1 PRUDENCE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 REPRESSION DES DEFAUTS DES JEUNES
    1 RESPONSABILITE
    1 SENSIBILITE
    1 SERMONS
    1 SUPERIEUR
    1 SUPERIEURE
    1 SURVEILLANCE PAR LE SUPERIEUR
    1 VICAIRE GENERAL
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 DELALLEAU, GERY
    2 DONNET, FRANCOIS
    2 GERVAIS, PIERRE-MARIE
    2 JOURDAN, CESAR-VICTOR
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEKIME, MADAME
    2 LOMBARD, MATTHIEU
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 MONSCH, CHARLES
    2 SEMPE, PIERRE-REMY
    3 ALES
    3 BORDEAUX
    3 LOURDES
    3 NIMES, DIOCESE
    3 ORIENT
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 22 sept[embre 18]78.
  • 22 sep 1878
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Le P. Géry part dans q[uel]q[ues] heures, mais il s’arrêtera à Alais. L’impression du P. Laurent, du P. Emmanuel et la mienne ne diffère[nt] pas de la vôtre. Ses explications sont interminables pour revenir au même point. Le P. Laurent, qui partage ses principes, le trouve étroit en philosophie, et le P. Emmanuel pense que ce serait un martyre d’avoir à supporter ses perpétuelles répétitions de la même chose. Du reste, il a été très édifiant et a fait preuve d’une vraie valeur à certains points de vue. Est-il corrigible?

Quant aux associées de Madame Lekime, il m’est impossible d’y voir autre chose que des filles dévoyées ayant grand-peine à retrouver leur voie. Les Oblates leur conviendraient peu, à moins d’un sacrifice absolu de leurs idées personnelles; ce qui, au bout de sept ans, me semble bien difficile à obtenir. Je n’aurais pas agi autrement que l’archevêque de Bordeaux et M. Gervais à leur égard. On ne peut pas prendre la responsabilité de tous ces fragments de Congrégation, qui se brisent en mille pièces, parce que toutes veulent diriger. Ou qu’elles aillent aux Petites-Soeurs, ou qu’elles nous viennent en faisant le sacrifice de leurs idées, ou bien qu’elles vivent en pieuses filles qui n’auront pas de postérité. Personnellement je tiens peu aux Polonaises. Suivez donc l’affaire, si vous la croyez utile aux Petites-Soeurs, mais ne pensez aux Oblates que si l’on veut aller en Orient et prendre très loyalement l’esprit de la Congrégation(1).

Le Pèlerin doit se surveiller. Je crois que le P. Bailly, surexcité, peut le mener q[uel]q[ue] temps; après quoi personne, que je sache, ne sera capable de le continuer. Alors on le transformera avec plus ou moins de succès. Je tremble que la chute n’en soit forte, très forte à casser des bras et des jambes. Je vous dis ma crainte. Quand il aura passé, il aura fait un certain bien, le bien de plusieurs petits journaux. J’eusse voulu un niveau un peu plus élevé, mais les caricatures à côté d’un prône, cela finit par jurer ensemble. Faire des annotations me semble inutile(2). Ce n’est pas tel ou tel point à modifier, c’est la tenue de l’ensemble qu’il faut transformer. Si on pouvait la relever, ce serait parfait, ce me semble. Où sont les catholiques croyants et plaisantins? On ne voit pas les hommes de foi parlant avec l’intime du coeur. Cela peut reposer, cela n’entraîne pas. Mais hélas! qui de nos jours est capable d’entraîner? C’est la grande épreuve de l’Eglise, de n’avoir plus d’hommes entraînants.

Laissez Mgr Jourdan. Je le crois monté et démonté par une manivelle placée entre les mains de M. Sempé(3). Seulement soyez prudent. Les haines deviennent terribles. Il est possible que Mgr Besson vous demande l’hospitalité pour q[uel]q[ues] jours. Soyez très poli, s’il vient. Mais s’il vous parle de ma démission, sans entrer dans les motifs pris du côté du diocèse, dites-lui sur tous les tons que vous désirez tous vivement que je me réserve pour la Congrégation.

Aujourd’hui, premier jour gras après la fête du Fr. Mathieu, je donne une tête de veau en l’honneur de sa tête de mort(4). Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon répond à une lettre du P. Picard du 20 septembre.
2. C'est ce que le P. Picard avait suggéré au P. d'Alzon. Revoir encore au sujet des reproches faits au *Pèlerin* par ce dernier: Ch. MONSCH, *Le P. d'Alzon et les débuts de la Bonne Presse*, p. 285-286, dans *Colloque*.
3. Supérieur des missionnaires de Lourdes.
4. Mère M.-Eugénie de Jésus trouvait que Fr. Mathieu dépérissait et que "les formes de la tête de mort apparaissaient sous ses gros traits" (14 septembre).