DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 571

3 oct 1878 Lavagnac CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Un régime doux et solitaire – Soyez sévère envers les élèves et inspirez leur un esprit très chrétien – La préparation des classes – En Bulgarie.

Informations générales
  • DR12_571
  • 6459
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 571
  • Orig. ms AC O.A.; Photoc. ACR, AH 427; D'A., T.D. 30, n. 539, pp. 324-325.
Informations détaillées
  • 2 QUINSONAS, FRERES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lavagnac, 3 octobre [18]78.
  • 3 oct 1878
  • Lavagnac
La lettre

Bien chère fille,

Je commence par la fin de votre lettre et je vous bénis du fond du coeur, afin que vous deveniez une très grande sainte et que vous communiquiez à vos filles l’esprit apostolique, vraie base des Oblates de l’Assomption.

Vous voulez de mes nouvelles; elles sont très bonnes. Malgré une horrible sécheresse, je vais bien et même très bien. Je mène un régime doux et solitaire. Ma nièce avait avec elle trois de ses frères; ils viennent de partir. Elle-même part pour Lamalou, je resterai quelques jours seul avec mon neveu. Si l’évêque de Montpellier ne s’était pas annoncé pour le 17, je serais reparti la semaine prochaine. Peut-être quelque affaire imprévue me forcera-t-elle à retourner et à faire faux bond à l’évêque. On ne sait pas ce qui peut arriver. La seule chose qui me retiendrait serait l’étonnant rétablissement de mes forces.

Et pendant ce temps-là, vous vous avisez d’être malade. A dire vrai, je m’en doutais un peu. Vous avez été trop ébranlée par les derniers jours et la mort de Soeur Eugénie, vous deviez en subir les conséquences et vous les subissez malheureusement trop.

Vous ne me dites pas le nombre de vos élèves. Avez-vous ce que vous attendiez? Mon opinion est que, cette année, vous devez vous montrer sévère, puisque vous avez peine à loger tout le monde. Voyez de leur inspirer un esprit très chrétien. Je crois aussi nécessaire que vous teniez à ce que les maîtresses préparent bien leurs classes. A ce point de vue, peut-être faudrait-il leur ménager quelque coin pour se retirer et étudier. Aujourd’hui on ne réussit que dans les maisons où l’on sait que l’enseignement est sérieux.

Je me console de ce que vous n’avez pu voir les parents le jour de la rentrée; vous en eussiez été fatiguée et vous avez évité une surcharge de travail qui a son avantage. Il faut que vous vous mettiez à faire faire l’ouvrage par d’autres.

Soeur Euphrasie m’a écrit une longue lettre sur son désir de venir à Nîmes. Je lui réponds que l’on demande des Soeurs à Andrinople, que pour le moment on ne peut en envoyer, et qu’elle rend un grand service en faisant le travail d’une Soeur professe, que si le Père Galabert le permet, je lui permets aussi de faire ses voeux secrets, sans que la Congrégation s’engage envers elle. Soeur Jeanne est très estomaquée de ce qu’on peut dire que les Soeurs d’Andrinople ne travaillent pas autant que celles de Nîmes. Je lui réponds que le gros travail est passé et que, dans tous les cas, on n’a qu’à en prendre seulement ce qu’on peut en faire. Il y a eu des misères entre elle et le P. Ath[anase]. Je lui dis de lui faire faire des observations par le P. Galabert.

Adieu, ma chère fille. Je vous assure qu’il me tarde de vous revoir, mais je vous donne un bon exemple, je me soigne. Bien vôtre et à vos filles.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum