DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 572

5 oct 1878 Lavagnac BAILLY_VINCENT de Paul aa

Qu’un télégramme me réclame à Paris – Les catholiques sont si godiches! – Que fera Notre-Dame de Salut ? – Quel bonheur d’être religieux par le temps qui court!

Informations générales
  • DR12_572
  • 6460
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 572
  • Orig.ms. ACR, AH 184; D'A., T.D. 28, n. 532, p. 140.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ANTICLERICALISME
    1 ARMEE
    1 BANQUET ANNUEL DES ANCIENS ELEVES
    1 BETISE
    1 BONHEUR
    1 CATHOLIQUE
    1 CLERGE
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 EVEQUE
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GRAVITE
    1 MARIAGE
    1 NOTRE-DAME DE SALUT
    1 PERSECUTIONS
    1 POLEMIQUE
    1 RELIGIEUX
    1 REUNIONS POPULAIRES
    1 SPOLIATEURS
    1 TRISTESSE
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOYAGES
    2 FREPPEL, CHARLES-EMILE
    2 GAMBETTA, LEON
    2 HABENECK
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    3 ANGERS
    3 CARPENTRAS
    3 PARIS
    3 ROMANS-SUR-ISERE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Lavagnac, 5 oct[obre 18]78.
  • 5 oct 1878
  • Lavagnac
  • *Mon Révérend Père*
    *Le Père V. de Paul Bailly*
    *8, rue François Ier, Paris.*
La lettre

Illustre et cher ami,

D’abord, je n’ai pas reçu le Pèlerin que vous m’annoncez; puis peut-être l’aurai-je demain. Voici un secret. Ne pourriez-vous pas, vers le 21 ou le 22 octobre, m’envoyer un télégramme me réclamant à Paris pour affaire très grave, très urgente, sans me dire quoi? Le banquet des anciens élèves a lieu le 23; je pars le soir même, à 6 heures. Je vous arrive le 24 au matin et je me sauve du mariage d’Amédée, qui à la fin est par trop retardé. Mais sur ce chapitre, pas d’indiscrétion; ce serait horrible, vous comprenez.

Que font les catholiques, pour le quart d’heure? Il me semble que Gambetta, Habeneck et Cie leur donnent beau jeu, s’ils veulent en profiter, mais les catholiques sont si godiches! Ils avaient la lettre de l’évêque d’Angers à laquelle les évêques pouvaient s’associer(1). Ils pouvaient, eux aussi, avoir des réunions. Ils n’ont rien. C’est triste, mais c’est ainsi.

Notre-Dame de Salut se donnera-t-elle du mouvement? Et que fera-t-elle? Ah! cher ami, comme c’est l’heure de prendre les choses par le côté sérieux et non par le côté plaisant. Moi, j’espère toujours qu’au dernier moment Dieu nous viendra en aide, si nous prions beaucoup. Poussez à la prière, tant que vous le pourrez.

Adieu, cher ami. Bien tendrement vôtre du fond du coeur.

E.D’ALZON.

Je crois me souvenir que, dans le temps, j’étais grand vicaire. Je relis en ce moment nos Constitutions. Sauf quelques détails, il me semble que tout y est. Ceux qui viendront après moi n’auront qu’à perfectionner. Mais quel bonheur d’être religieux par le temps qui court!

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Gambetta venait de prononcer le 18 septembre à Romans, un discours violemment anticlérical resté célèbre. Il y préconisait la suppression de l'enseignement supérieur libre, l'expulsion des Jésuites et autres religieux et le service militaire obligatoire pour le clergé. Mgr Freppel (1827- 1891), évêque d'Angers depuis le concile, avait répondu aussitôt à cette *déclaration de guerre à l'Eglise*, par une lettre du 20 septembre (texte dans le *Pèlerin* du 28). Quant à Habeneck, sous-préfet de Carpentras, il s'était signalé par des vexations contre les Dominicains (Le *Pèlerin*, passim).