DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 581

12 oct 1878 Lavagnac CHAULNES Vicomte

Reliques – Le chapeau de cardinal – *La crise de l’Eglise* – Ma démission de grand vicaire – L’armée du bien – L’éducation du clergé.

Informations générales
  • DR12_581
  • 6469
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 581
  • Orig.ms. ACR, AN 225; D'A., T.D. 39, n. 14, pp. 159-160.
Informations détaillées
  • 1 ARCHEVEQUE
    1 ARMEE
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 BON PRETRE
    1 CARDINAL
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CORPORATIONS
    1 CRITIQUES
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 INDEX
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LIVRES
    1 MEMOIRE
    1 OBJETS DE DEVOTION
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 PRETRE
    1 REPOS
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SANTE
    1 VENERATION DE RELIQUES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BESSON, LOUIS
    2 BOUGAUD, LOUIS-VICTOR
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FRANCHI, ALESSANDRO
    2 GUTHLIN, ALOYSE
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
    2 MOROGUES DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 BRUXELLES
    3 NIMES
    3 ORLEANS
    3 ROME
    3 SAINT-PETERSBOURG
  • A MONSIEUR LE VICOMTE DE CHAULNES
  • CHAULNES Vicomte
  • Lavagnac, 12 octobre 1878.
  • 12 oct 1878
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher ami,

Il y a un siècle que le P. Picard a rapporté de Rome à Paris la croix de M. de Morogues, avec d’autres reliques à lui destinées. prenez-vous-en au P. Picard, peut-être à vous qui ne les lui avez pas demandées. Mais je ne vous accuse pas, au contraire, puisque votre oubli de ce que je vous ai dit me vaut le plaisir d’avoir de vos nouvelles.

Je suis certain que Or[léans] ne sera jamais cardinal(1). Franchi l’avait dit à un archevêque, de qui je le tiens. Quant à Nîmes, il me semble s’être reposé de façon à éviter qu’on le soupçonne d’aider les catholiques libéraux. En tout cas, il n’y aura de consistoire qu’en février, au moins pour les chapeaux. Par conséquent on verra venir, et le même archevêque, consulté, a établi qu’il serait souverainement décourageant pour les catholiques tout court de voir le chapeau rouge sur une certaine tête. Moi aussi, j’ai écrit une vingtaine de pages à M. Bougaud, mais il ne s’en vantera pas(2).

Vous me dites que La crise de l’Eglise est mise à l’Index. En êtes-vous bien sûr(3)? Quelques détails m’intéresseraient fort. Je viens de donner ma démission de grand vicaire, bien qu’on eût déclaré qu’on ne l’accepterait jamais. Mon âge, ma santé, le soin de ma Congrégation m’obligent de songer au repos.

Je suis entièrement de votre avis, nous marchons à une très grande crise. Quel en sera le résultat? A la campagne, je relis les Soirées de Saint-Pétersbourg et j’admire l’armée du bien annoncée pour un ou deux siècles. Cette armée du bien voit se former ses régiments: les Conférences de Saint Vincent de Paul, les cercles ouvriers, les corporations, les oeuvres ouvrières, l’Union chrétienne. Où est la main qui organisera vers un but commun ces tronçons non encore soudés? Quelle main sera assez forte pour les faire marcher avec ensemble? Il me paraît qu’au lieu d’écrire sur La crise de l’Eglise, il serait bien préférable de faire un travail sur l’éducation du clergé. Cela se fait, mais si lentement! Il ne s’agit pas tant d’avoir beaucoup de prêtres que d’avoir un certain nombre de saints prêtres. Je reçois votre lettre le jour même où vous rentrez à Orléans.

Bien tendrement vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'évêque d'Orléans est mort la veille!
2. "...ma lettre étant confidentielle..." (*Lettre* 6416, début).
3. L'auteur de cette brochure, qui venait de sortir de presse, était l'abbé Aloyse Guthlin, vicaire général d'Orléans, mort quelques semaines plus tôt, le 20 août, à l'âge de cinquante ans. Il visait, comme s'y était employé aussi son évêque, à réconcilier l'Eglise et le monde moderne. - Effectivement, la *Civiltà Cattolica* (10e série, vol.7, p. 479) venait de signaler la mise à l'index des livres prohibés, d'un ouvrage intitulé *La crise de l'Eglise*, imprimé à Bruxelles sans nom d'auteur. L'article du DHGE consacré à A. Guthlin ne parle pas de mise à l'index.