DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 583

13 oct 1878 Lavagnac MENCACCI Paolo

M. de Charette – Compte-rendu – Sur le cratère du volcan – Dès que vos mémoires auront paru, j’en rendrai compte – Mort de Mgr Dupanloup.

Informations générales
  • DR12_583
  • 6472
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 583
  • Orig.ms. ACR, CV 67.
Informations détaillées
  • 1 ANTICLERICALISME
    1 ARMEE
    1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 CARDINAL
    1 COMMUNE
    1 CONFESSEUR
    1 CONSERVATEURS ADVERSAIRES
    1 DECADENCE
    1 ERREUR
    1 ETERNITE
    1 FRANCAIS
    1 INDEX
    1 INTEMPERIES
    1 LANGUE
    1 LIVRES
    1 MAUX PRESENTS
    1 MECHANTS
    1 PAPE
    1 PARTI
    1 PAUVRETE
    1 PERSECUTIONS
    1 POLITIQUE
    1 PRESSE
    1 PUBLICATIONS
    1 REPUBLICAINS
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 ROYALISTES
    1 SYSTEMES POLITIQUES
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIOLENCE
    1 VOYAGES
    2 AUMALE, HENRI DUC D'
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 CHARETTE, ATHANASE DE
    2 COULLIE, PIERRE-HECTOR
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GAMBETTA, LEON
    2 NINA, LORENZO
    3 AIX-EN-PROVENCE
    3 FRANCE
    3 GRENOBLE
    3 LYON
    3 MARSEILLE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 ORLEANS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROMANS-SUR-ISERE
  • A MONSIEUR PAOLO MENCACCI
  • MENCACCI Paolo
  • Lavagnac, 13 octobre 1878.
  • 13 oct 1878
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher ami,

Je vous ai très positivement répondu. Je vous disais même que vous pouviez adresser vos lettres à Charette sous le couvert du Père Bailly son confesseur ordinaire, rue François Ier, n° 8, à Paris. Charette y vient presque tous les jours entendre la messe. Personne ne sait comme le P. Bailly où il faut aller le chercher quand il est en course.

Je n’ai pas eu votre lettre sur Nina. Vous me l’annonciez, mais elle ne m’est jamais parvenue.

Quant au livre sur les Papes et leurs persécuteurs, j’ai fait un article dans le Citoyen de Marseille que j’ai demandé de vous envoyer. De peur qu’il ne vous soit pas parvenu, je vous en envoie un duplicata. Je dois pourtant vous avouer que nous autres français nous sommes gens très étranges: nous lisons peu ce qui n’est pas écrit en notre langue. Aussi ai-je demandé que votre livre soit traduit. Il pourrait faire un bien immense.

Nous sommes, en ce moment, sur le cratère du volcan. L’éruption sera-t-elle aussi terrible que plusieurs la redoutent? Je suis porté à croire que non. Ou je me trompe bien, ou déjà Gambetta et son parti qui se sent débordé, font un arrêt. Et si vous lisez entre les lignes du discours de Grenoble, vous [verrez](1) que sous le masque de pourfendeur, Gambetta recule vers les conservateurs et que sa sortie contre le clergé est bien moins violente que la première fois(2). Que l’on ait pour quelque temps une crise: oui. Aura-t-on la Commune? oui encore, mais pour 15 jours ou un mois. A ce moment, il surgira un général républicain qui, assez honnête pour haïr la canaille, la bombardera; si ce général est napoléonien, nous aurons l’empire; si c’est le duc d’Aumale, nous aurons les Orléans; si c’est un légitimiste, nous aurons Henri V. Ou bien la France sera descendue aux limites extrêmes de la décomposition.

Il m’a été impossible de placer les prospectus de vos futurs mémoires(3), car je ne vois rien qui annonce leur publication. Aussitôt qu’ils auront paru, j’en rendrai compte, comme je l’ai fait pour les Papes et leurs persécuteurs. Je suis à la campagne et ne puis vous être utile ici. A Nîmes et à Montpellier vous ferez peu: on est ruiné, ainsi qu’à Aix-en-Provence. C’est pour cela que j’avais choisi Marseille pour parler de votre oeuvre.

Voilà Mgr Dupanloup dans l’éternité sans être cardinal. Est-il vrai que le cardinal Nina ait fait mettre à l’index un livre d’un grand vicaire d’Orléans, inspiré par l’évêque défunt? Dans tous les cas le successeur est parfait. Vous savez qu’on avait choisi pour coadjuteur M. Couillé, un de nos amis(4).

L’évêque de Nîmes, à qui j’ai envoyé ma démission de grand vicaire, m’écrit encore pour me conjurer de rester; mais je lui refuse catégoriquement. Nous nagions dans des eaux trop différentes pour que nous pussions rester plus longtemps ensemble.

Si vous m’écrivez après le 24 courant, veuillez adresser votre lettre à Paris, 8 rue François Ier.

Adieu, mon cher ami. Croyez à mon bien profond, respectueux et inaltérable attachement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ms. a *ferez.*
2. La première fois: c'est-à-dire le 18 septembre à Romans (*Lettre* 6460 n.).
3. *Memorie Documentale*. Le P. d'A. en fera un compte-rendu dans le premier numéro de *La Croix* (avril 1880).
4. Voir *Lettre* 6469, n.4. - M. Coullié, coadjuteur de Mgr Dupanloup depuis 1876 va lui succéder; en 1893, il deviendra archevêque de Lyon et cardinal.