DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 600

4 nov 1878 Nîmes MENCACCI Paolo

Faites traduire votre livre à Toulouse – Où en est le projet Franchi sur la presse ? – Le suffrage universel – La situation française.

Informations générales
  • DR12_600
  • 6493
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 600
  • Orig.ms. ACR, CV 69; D'A., T.D. 40, n. 3, pp. 2-3.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 APOSTOLAT
    1 AUTORITE RELIGIEUSE
    1 CORRUPTION
    1 CURE
    1 DECADENCE
    1 ELECTION
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 EPREUVES
    1 EVEQUE
    1 FRANCAIS
    1 GRAVITE
    1 GUERRE CIVILE
    1 HOMMES
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LIVRES
    1 MIRACLE
    1 NOBLESSE
    1 PAQUES
    1 PARTI CATHOLIQUE
    1 PECHE
    1 PERSECUTIONS
    1 PEUPLE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PRATIQUE RELIGIEUSE DES LAICS
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PUBLICATIONS
    1 RADICAUX ADVERSAIRES
    1 RENOUVELLEMENT
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 ROYALISTES
    1 SOCIETE
    1 SUFFRAGE UNIVERSEL
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ALBOUY, MAURICE
    2 BELCASTEL, GABRIEL DE
    2 FRANCHI, ALESSANDRO
    2 NINA, LORENZO
    3 AVIGNON
    3 FRANCE
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 ORANGE
    3 PARIS
    3 TOULOUSE
    3 TOULOUSE, BASILIQUE SAINT-SERNIN
  • A MONSIEUR PAOLO MENCACCI
  • MENCACCI Paolo
  • Nîmes, le 4 novembre 1878.
  • 4 nov 1878
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Je me hâte de répondre à votre question, faites traduire(1) à Toulouse plutôt que par mon protégé.

1° Le curé de Saint-Sernin est une puissance;

2° Toulouse est une ville de noblesse légitimiste, où votre livre fera fortune;

3° C’est un centre littéraire;

4° Je vous promets, quand le moment sera venu, d’en écrire à M. de Belcastel, le chef, dans ce pays, des catholiques légitimistes;

5° Le Messager du Sacré-Coeur, qui tirait, il y a peu de temps, à 27.000 et qui est dirigé par les Jésuites, vous prônera d’une façon utile.

6° Le livre s’imprimera meilleur marché qu’à Orange ou Avignon. Voilà un motif à préférer Toulouse. Je vous promets de faire venir à Nîmes un dépôt, quand le livre sera imprimé; j’en dis autant pour Marseille.

Je viens de donner ma démission de grand vicaire et j’ai plus de temps pour m’occuper de la propagande. Vous voyez que mon article dans le Citoyen a fait surgir le traducteur. Quand vos ouvrages seront traduits, je vous promets une forte réclame dans le Pèlerin, qui tire à 69.000. A propos de tirage, savez-vous ce qu’est devenu le fameux projet Franchi sur la presse? Peut-être, au lieu de votre publication(2), ont-ils pris l’Osservatore romano. C’est ce que je conclus de plusieurs emprunts que lui font nos journaux catholiques.

Je connaissais l’article de l’Unità Cattolica. C’est à faire pitié. Trouver le salut dans le suffrage universel, c’est la pure folie. Mais tout doit se voir dans le temps présent. En attendant, je n’ai rien de vous sur Nina.

Pour nous, Français, souvenez-vous de ceci: la France est perdue, à moins d’un miracle. Notre seul espoir, c’est la guerre, dussions-nous en souffrir autant qu’en 70. Nous ne pouvons ressusciter que par là. Toutefois le peuple Parisien, celui qui fait les révolutions, est affaissé. Le ressort manque. La corruption l’affaiblit. C’est quelque chose comme le peuple Romain au IVe siècle. Si Paris ne remue pas trop, on bâillonnera les catholiques, mais on ne les massacrera pas dans le reste de la France. Il y a des choses auxquelles je ne comprends rien. On me cite des pays, où tous les hommes font leurs pâques et où les élections sont unanimement radicales. Le catholicisme libéral de certains évêques n’aurait-il pas fait perdre le sens social au peuple? Grave question sur laquelle je vous laisse, avec l’expression de toute mon amitié.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le livre (v. *Lettre* 6472) dont le P. d'Alzon a donné au *Citoyen* un compte rendu, qui paraîtra aussi dans l'*Assomption* du 15 octobre 1878.
2. Le *Divin Salvatore*.