DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 614

20 nov 1878 Nîmes BRICHET CSSp

Sa retraite du grand vicariat – L’évêque de Nîmes – La crise qui menace.

Informations générales
  • DR12_614
  • 6512
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 614
  • Orig.ms. ACR, AN 193; D'A., T.D. 39, n. 18, pp. 116-117.
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 AMITIE
    1 ANTIPATHIES
    1 ARCHEVEQUE
    1 BETISE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CELLULE
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 COMPORTEMENT
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CORRUPTION
    1 CRAINTE
    1 CRITIQUES
    1 DECADENCE
    1 DIRECTION PASTORALE DU DIOCESE DE NIMES
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT SACERDOTAL
    1 FUMIER
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LOISIRS
    1 MALADES
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 OEUVRES DE DEFENSE RELIGIEUSE
    1 PARLEMENT
    1 PARLEMENTAIRE
    1 PENSEE
    1 PEUPLE
    1 PEUR
    1 POPULATION
    1 PRESSE REVOLUTIONNAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 ROYALISTES
    1 SCANDALE
    1 SPOLIATEURS
    1 TIEDEUR
    1 TRISTESSE
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BESSON, LOUIS
    2 BRICHET, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 ESCHBACH, ALPHONSE
    2 LEON XIII
    2 MERCURELLI, FRANCESCO
    2 PAQUET, MONSEIGNEUR
    2 PERSICO, IGNAZIO
    2 SACCONI, CARLO
    2 SERRES, LOUIS-AMBROISE-GUSTAVE DE
    2 VANNUTELLI, VINCENZO
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 NIMES, DIOCESE
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE BRICHET
  • BRICHET CSSp
  • Nîmes, 20 nov[embre 18]78.
  • 20 nov 1878
  • Nîmes
La lettre

Comment suis-je resté si longtemps sans écrire à mon bien aimé Père Brichet? Question insoluble pour mon coeur qui l’aime si tendrement, mais qui trouve sa solution dans les régions inférieures de mon corps. J’ai été souffrant. Que voulez-vous? On n’est pas de fer. Puis, je voulais laisser passer certaines agitations soulevées à propos de ma retraite. J’en ai écrit un mot à Mgr Mercurelli, à qui on avait envoyé de France trente-six mille observations. On prétendait que je faisais un coup de tête. Je lui ai prouvé que le coup de tête remontait à quatorze mois de réflexions, mais je n’ai pas voulu entrer dans le détail.

Le détail est que j’ai fait une fameuse sottise le jour où j’ai cru à la conversion d’un libéral catholique. La caque sent toujours le hareng et le hareng sent mauvais. Je reçois une lettre de l’abbé de Serres, de Lyon; il me parle des idées romaines affaiblies chez nous. Eh bien, je m’occupe peu de ces idées en ce moment. A Nîmes, nous sommes romains assez solidement pour n’avoir rien à craindre de longtemps. Mais ce qui m’épouvante, c’est la perte de l’esprit sacerdotal. Avec une raillerie perpétuelle sur tous les prêtres et devant tous, un mépris de son clergé qu’il porte partout hors de son diocèse, un sans-façon dans les tournées pastorales qui scandalise et aigrit les populations, la peur devant les mauvais prêtres à qui l’on passe tout, l’ennui des cérémonies, la messe dite si rarement qu’un journal radical promettait une récompense à qui dirait le nom de son servant, la manie de se promener au milieu des réunions les moins convenables, l’antipathie du clergé, l’indignation de tous les Nîmois, que voulez-vous qu’on espère? Aussi m’assure-t-on qu’il va être archevêque. A quoi je réponds: Deo gratias! L’évêque de Montpellier est si indigné qu’il ne veut plus s’arrêter à Nîmes. Nous courons à la débâcle. Que c’est triste, au moment de la crise révolutionnaire!

Pourtant cette crise semble moins épouvantable qu’on ne pourrait le croire. L’apathie gagne le peuple; il est affaissé à force de corruption; il peut avoir quelques convulsions, mais plus de force. A côté de cela, on espère avoir au Sénat une faible majorité, mais enfin une majorité en faveur des questions ecclésiastiques. Baragnon, que l’extrême droite a élu sénateur inamovible, m’a promis d’y travailler. Dieu veuille qu’il réussisse!

Voudriez-vous être assez bon pour faire remettre la lettre ci-jointe à Mgr Vannutelli, dont j’ai oublié l’adresse? Je compte aller vous demander l’hospitalité en mars ou avril, si vous ne me mettez pas à la porte. On parle de cette époque pour chasser les Jésuites d’abord, et puis les autres religieux de France.

Adieu, bien aimé Père. Veuillez féliciter le P. Eschbach et vos Pères du beau bref de Léon XIII(1) et croire que, malgré mon silence, je vous appartiens du fond du coeur.

E.D’ALZON.

Si vous rencontrez le cardinal Sacconi, voulez-vous lui offrir mes respectueux hommages? Et Mgr Paquet? Et Mgr Persico? Où sont-ils?

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. En réponse aux voeux reçus du Séminaire français à l'occasion de son élévation au souverain pontificat, Léon XIII avait adressé au P. Eschbach, le 7 août 1878, une lettre faisant un bel éloge de l'établissement.