DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 7

2 jan 1879 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ce que saint Augustin a fait malgré les barbares, l’Assomption, sa fille, doit le faire malgré les révolutionnaires.

Informations générales
  • DR13_007
  • 6567
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 7
  • Orig.ms. ACR, AD 295; D'A., T.D. 24, n. 1321, pp. 86-87.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTION
    1 AUGUSTIN
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COUVENT
    1 DECADENCE
    1 DOCTEURS DE L'EGLISE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ECOLES
    1 EDUCATION
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 EVEQUE
    1 GRACES
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 LIBRE PENSEE
    1 MONASTERE
    1 MORALE INDEPENDANTE
    1 ORDINATIONS
    1 PAPE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 SAINTETE
    1 SEMINAIRES
    1 TRADITION
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOEU DE PAUVRETE
    2 GENSERIC
    3 ALEXANDRIE, EGYPTE
    3 EUROPE
    3 GAULES
    3 HIPPONE
    3 ROME
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN
    3 ROME, EGLISE SAINT-PIERRE-ES-LIENS (ou) AUX-LIENS
    3 SARDAIGNE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 2 janvier 1879.
  • 2 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Vous ne doutez pas, ma chère fille, que je n’aie, hier, bien prié pour que l’an 1879 vous soit très abondant en grâces. Il se trouve que je découvre tous les jours combien saint Augustin s’est occupé d’éducation. Il n’ordonnait aucun prêtre qui n’eût fait voeu de charité et de pauvreté, la vie commune était son point capital. Il dut envoyer de ses disciples par toute l’Europe, pour faire des établissements sur le modèle du sien. Les Papes lui demandèrent des sujets. Les grands évêques des Gaules, qui vinrent après sa mort, avaient été formés dans cet esprit et le répandirent à leur tour dans les écoles épiscopales, comme les abbés le répandirent dans les écoles monastiques. Alexandrie avait préparé Hippone, mais Hippone avait perfectionné. C’est pour vous dire que les Augustins et les Augustines doivent continuer cette tradition, en donnant une éducation de plus en plus chrétienne. Saint Augustin bâtissait son école, malgré les invasions des barbares qui la ruinèrent; elle quitta Hippone après la mort du grand docteur, mais les évêques chassés par les Vandales la transportèrent en Sardaigne; les Papes en transplantèrent des rejetons à Rome et, en particulier, à Saint-Jean de Latran et à Saint-Pierre-ès-liens.

Nous sommes dans une situation analogue. Ce que saint Augustin a fait malgré les barbares, nous devons le faire malgré les révolutionnaires. Notre semence pourra sembler étouffée un moment; poursuivons notre oeuvre, elle sera bénie pour le temps opportun. Le séminaire d’Hippone, ruiné avec le couvent qui l’abritait, a préparé les grandes écoles chrétiennes des Gaules, au Ve siècle, quand fut accompli le mélange entre les Gaulois et les Francs. Il faut qu’après qu’aura passé le flot révolutionnaire, les écoles, filles de celle de saint Augustin, ressuscitent la doctrine et la sainteté là où la libre-pensée et la morale indépendante, moins puissantes que Genséric, croiront avoir anéanti pour toujours la vérité et la sainteté catholiques.

Enfin, nous avons du soleil, et je vais en profiter pour faire quelques visites; mais je voulais vous dire les voeux motivés, spéciaux et prolongés à travers les siècles, que je forme pour l’Assomption, fille de saint Augustin(1).

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il y a dans cette lettre des accents qui rappellent l'instruction de clôture du chapitre de 1868 (*Ecrits spirituels*, p.142). Le ton de la dernière phrase montre la place importante que tiennent à l'Assomption dans l'esprit du P. d'Alzon, l'éducation et l'enseignement, la doctrine et la sainteté.