DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 13

13 jan 1879 Nîmes PICARD François aa

Notre-Dame de Salut et le *Pèlerin* doivent pousser à la prière, à la sanctification de tous et surtout des prêtres – Articles pour le *Pèlerin*.

Informations générales
  • DR13_013
  • 6573
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 13
  • Orig.ms. ACR, AF 331; D'A., T.D. 26, n. 714, pp. 280-282.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CURE
    1 DECADENCE
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 NOTRE-DAME DE SALUT
    1 PRATIQUE RELIGIEUSE DES LAICS
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PUBLICATIONS
    1 SAINTETE DU CLERGE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BESSON, LOUIS
    2 CHEVREUSE, MADAME de
    2 GUYOT DE SALINS, VICTOR
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LAVIGERIE, CHARLES
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 LORIENT
    3 PARIS, FAUBOURG-SAINT-HONORE
    3 POITIERS
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, Octave de l'Epiphanie [13 janvier] 1879.
  • 13 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je date ma lettre de vingt-quatre heures à l’avance. En ce moment, il va sonner dix heures du soir. On est à la bibliothèque à tirer le gâteau des rois. Je ne pourrais dormir en pareil voisinage. Je reste dans mon cabinet, je vous écris. Sans reprendre point par point vos réponses à mes questions, j’estime que puisque vous avez commencé à provoquer des prières, vous devez continuer dans la mesure du possible(1). Il est étonnant comment cette idée de la nécessité de la prière se propage. Il faut poursuivre sans découragement. Vous voyez comment, dans sa belle lettre à Madame de Chevreuse, Mgr Lavigerie y pousse. Guyot de Salins m’envoie, et je les ai là sur ma table, les papiers relatifs à l’ Union catholique(2). Il a pu convoquer un Congrès à Poitiers. Pourquoi, puisqu’il peut exercer une action, se décourager pour Notre-Dame de Salut? Puisque le Pèlerin réussit, mille fois tant mieux! mais alors qu’on s’en serve pour dire ce qu’on veut. Est-ce parce que le dernier numéro contient un article de moi que je le trouve mieux fait? Est-ce parce que le P. V[incent] de P[aul] a profité de mes avis? Ce qui est certain, c’est qu’il faut profiter de ce succès. Je serais curieux de connaître le nombre de prêtres abonnés au Pèlerin(3).

Notre mission pour le moment doit être de former des religieux, de prier et de faire prier, de pousser beaucoup au surnaturel, comme vous le dites. L’abbé Barnouin, qui se met à devenir un saint, est effrayé de la dégringolade du clergé de Nîmes et de la dégringolade des fidèles qui est la conséquence de la première. C’est à peu près ainsi partout. Où va-t-on? Ah! quelle sottise j’ai faite, quand j’ai poussé à Mgr B[esson]! Il part mardi pour Rome, il y portera 20.000 francs pour le denier de Saint-Pierre et des messes. Mais quelle irritation incandescente contre lui!

Parlons d’autre chose. Si par le Pèlerin vous pouvez faire du bien aux prêtres, ce sera admirable, et tout ce que vous ferez dans ce sens aura sa décuple, sa centuple récompense. Ah! si, sans qu’ils s’en doutent, on pouvait saisir beaucoup de prêtres, en faire des saints, des apôtres, il ne faudrait désespérer de rien! Si j’écrivais quelque chose, ce serait de ce côté surtout que je voudrais insister.

Je me résume. Excitation à la prière, à la vie surnaturelle, à la sanctification de tous, mais en particulier à celle des prêtres. Quel beau champ de combat(4)! Après cela, je crois bien que Notre-Seigneur veut avoir l’air de se servir de nous, mais que c’est lui seul qui agira par les moyens qu’il sait.

Vous m’avez envoyé la liste des novices qui doivent tirer au sort. Le P. Laurent me dit qu’il arrangeait ces questions avec le supérieur de Saint-Sulpice(5). Ce serait bien plus simple, ce me semble, pour ceux de vos jeunes gens qui ne sont pas du diocèse de Nîmes.

Adieu, mon cher ami. Je vais voir s’il sera possible d’avoir quelque repos, malgré le gâteau des rois. Totus tibi.

E.D’ALZON.

Le P. V[incent] de P[aul] m’avait promis un livre sur la Russie(6). Je ne reçois rien. Voudrait-il six articles sur l’état religieux : 1° en Amérique; 2° en Angleterre; 3° en Allemagne; 4° en Italie; 5° en Russie; 6° en France? Ce sera court ou long, comme il voudra(7).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le 11 janvier (v. *Lettre* 6571, n.2), le P. Picard a écrit à propos des Comités catholiques: "Pourtant on fait des circulaires pour la prière et on convoque des réunions pour les écoles. Je désire qu'il sorte quelque chose de ces réunions et de ces circulaires, mais je n'ose l'espérer".
2. Une notice sur cette oeuvre, fondée à Lorient en 1872 par Victor Guyot de Salins, la définit comme une association apolitique "n'ayant en vue que les intérêts catholiques, meilleure sauvegarde de la société, et la revendication des droits imprescriptibles et des libertés immortelles de l'Eglise et de la Papauté". La même notice, qui date de 1874, cite le nom du P. d'Alzon parmi ceux des "correspondants-conseillers" de l'association (DL 88).
3. De la même lettre du 11 janvier du P. Picard "... en réalité nous ne sommes rien et nous restons dans notre rien. Le *Pèlerin* seul est courtisé par tous, parce qu'il devient une vraie puissance. Les Cercles le désirent et les Jésuites les plus capables le patronnent [...]. Les Dominicains des meilleures provinces l'accueillent avec joie et le nombre des abonnés prêtres dépasse nos prévisions. Tous dans leurs lettres parlent de l'esprit surnaturel et de l'affirmation de la vérité qui se glissent dans tout et qui porteront leurs fruits. Voilà l'impression habituelle que produit le *Pèlerin*." Il y avait de quoi ébranler le jugement du P. d'Alzon sur le *Pèlerin*... - Le [26 janvier], le P. Bailly écrira que le nombre des abonnés *curés* était d'environ 10 000.
4. Pour le P. d'Alzon la lutte est à mener sur le plan spirituel. L'arme du chrétien, c'est la prière. Toute sa correspondance le proclame. Le *Pèlerin* "peut-il et doit-il aborder la politique ? Ni l'un, ni l'autre. Relevons le culte de Dieu etc...", avait-t-il écrit à Vincent de Paul (*Lettre* 6571).
5. Quand il était supérieur de la communauté du collège de Clichy et d'abord du pensionnat du faubourg Saint-Honoré (1851-1860).
6. Demandé par le P. d'Alzon le 27 décembre, promis le 29 par Vincent de Paul, qui avouera le 14 janvier avoir égaré "la feuille de votre écriture qui m'en parlait, sans me donner le titre".
7. Vincent de Paul répondit le lendemain : "...vos articles longs ou courts sont désirés au *Pèlerin*, les titres que vous indiquez au P. Picard intéresseront et les articles ouvriront des horizons..." - De ces six sujets, seul le premier a été abordé dans le *Pèlerin*.