DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 15

14 jan 1879 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’âge qui est le nôtre nous invite à nous établir dans le réel divin de la vérité afin qu’elle soit un jour notre joie sans fin – Au prieuré – La position de Baragnon.

Informations générales
  • DR13_015
  • 6574
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 15
  • Orig.ms. ACR, AD 1778; D'A., T.D. 24, n. 1322, pp. 88-89.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 MORT
    1 POLITIQUE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SYMPATHIE
    1 VIEILLESSE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BAUDRY D'ASSON, LEON-ARMAND
    2 BEAUREPAIRE, JULES QUESNAY DE
    2 BLACAS D'AULPS, STANISLAS DE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 LA BASSETIERE, EMILE DE
    2 LAREINTY, CLEMENT-GUSTAVE DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MAGNE, MARIE-HENRIETTE
    2 MICHEAU, MARIE-HELENE
    2 OLIVIER, MARIE-EULALIE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    3 LYON
    3 MONTPELLIER
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 14 janvier [18]79.
  • 14 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je veux vous souhaiter votre fête un peu à l’avance(1), afin de vous dire un peu plus en détail mes voeux pour vous. Vous étiez très préoccupée, il y a deux ans, de votre fin prochaine. C’est ce que m’indiquaient vos lettres. Vos pressentiments ne [se] sont heureusement pas réalisés. Quant à moi, sans être malade, je sens un tel affaiblissement de forces que si, à la fin de l’hiver, elles ne reviennent pas, j’ai grand peur que je ne finisse par m’en aller(2). Je vous souhaite donc, comme à moi, la pensée constante du ciel et la grâce de faire toutes vos actions sous l’impression de votre éternité. Ce n’est pas la crainte des jugements de Dieu que je demande pour vous, mais le sentiment de l’épouse qui, attendant l’époux, veut qu’en arrivant il trouve tout disposé de façon à n’avoir qu’à se réjouir. L’âge doit donner à nos actes un caractère de gravité divine, qui n’est que le reflet des dons de Dieu sur nous. Qu’avons-nous à faire qu’à nous établir dans le réel divin de la vérité, afin qu’à cause de notre sincérité cette vérité soit un jour notre joie et sans fin? Ceci est peut-être un peu sérieux. Mais, que voulez-vous, je vous parle avec les dispositions d’un homme qui doit se hâter pour être prêt.

Mère M.-G[abrielle] m’a encore parlé des lettres de Soeur Thérèse-Augustine. Pour ne pas m’en rapporter à moi, j’en ai dit un mot au P. Laurent : « Que voulez-vous? m’a répondu celui-ci. Comment une maison peut-elle marcher avec une collection de niaises ou de folles, comme Soeur Hélène, Soeur M.-Henriette, Soeur M.-Eulalie, Soeur Thérèse-Augustine et Soeur Elisabeth? Je n’ai rien vu de pareil à Lyon ou à Montpellier ». Il ne faut pas se faire illusion, le collège ayant été exécré par un certain monde, le prieuré en a eu le contre-coup. Le collège remonte énormément, sous peu le prieuré remontera.

Ainsi Baragnon reprend tous les jours une influence qui anéantit celle de ses adversaires; le collège en bénéficiera, et le prieuré aussi indirectement. Vous savez que dimanche prochain une réunion provoquée par MM. de Blacas, de Lareinty, Baudry d’Asson, de la Bassetière, présidée par M. de Beaurepaire(3), proclamera Baragnon chef de la minorité des Droites. C’est à ne pas y croire. Baragnon prononcera un discours programme; tous les journaux ont demandé d’y assister.

Adieu, ma chère fille. Que Notre-Seigneur vous rende une sainte!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le deuxième dimanche après l'Epiphanie, fête du saint Nom de Jésus, tombait le 19 janvier en 1879.
2. Réponse de Mère M.-Eugénie, le 27 janvier : "J'espère que votre faiblesse sera comme celle de Mr votre père qui l'a mené à un âge si avancé. Vous avez un peu abusé de vos forces, mon cher père, mais c'était pour le service de Dieu et voilà ce qui vous permet de ne pas trop regretter vos imprudences".
3. Brochette d'hommes politiques légitimistes.