DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 24

28 jan 1879 Nîmes PICARD François aa

Soutenir les oeuvres par la presse populaire.

Informations générales
  • DR13_024
  • 6585
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 24
  • Orig.ms. ACR, AF 333; D'A., T.D. 26, n. 716, pp. 283-284.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 DEMOCRATIE
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PRESSE POPULAIRE
    1 SANTE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 DU FOUGERAIS, CHANOINE
    2 HOWARD, EDWARD
    2 LEON XIII
    2 PIE IX
    2 SCHORDERET, JOSEPH
    3 ANGLETERRE
    3 CANADA
    3 ETATS-UNIS
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 ROCHESTER, NEW-YORK
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 28 janvier [18]79.
  • 28 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je viens d’écrire au P. V[incent] de Paul une lettre sur la presse, avec communication d’une lettre de M. du Fougerais très importante, si l’auteur est un homme sérieux, ce que vous savez mieux que moi.

Voici une lettre de l’évêque de Nîmes, à laquelle je ne m’attendais pas. Elle me fait venir l’idée de lui suggérer un thème d’audience, qu’il doit avoir d’ici à peu. Je raisonne ainsi. Partant d’une observation du P. V[incent] de Paul que les oeuvres délaissées du gouvernement peuvent devenir une puissance, si on les soutient, je conclus: « Il faut les soutenir ». Comment? Par la presse populaire. Comment fournir du pain à cette presse? Par des oeuvres analogues à celle de l’abbé Schorderet(1). A cela tous les orphelinats de filles qui manquent d’ouvrage peuvent servir, si on sait les diriger. Que manque-t-il? De minimes avances et quelques ouvrières. Pas plus que cela. On trouvera bien un vieil ouvrier typographe qui formera des orphelines à l’apprentissage typographique. Il me paraît que ce serait admirable. Je vous donne le résumé de ce que j’ai développé à l’évêque de Nîmes(2). S’il en parle, ce sera un premier jalon posé; s’il n’en parle pas, nous verrons quand j’irai à Rome. Car enfin, il faut se tenir prêt, et une presse populaire à bon marché soutenant les oeuvres catholiques indépendantes me semblerait le comble de la perfection.

Je suis très enrhumé et ne quitte pas, depuis sept à huit jours, le coin de mon feu. Je prépare une série d’instructions que je donnerai en Carême, ici, et que je rajusterai pour le noviciat.

E.D’ALZON.

Si vous voulez que je touche ces questions dans le Pèlerin, je suis prêt. Son succès s’accentue tous les jours, ici. La boule de neige.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 6525 n.
2. Nous n'avons pas cette lettre du P. d'Alzon à Mgr Besson. Le thème d'audience qu'il lui suggère ici ne lui a pas été inspiré par la lettre qu'il dit avoir reçue de l'évêque mais par celle de M. du Fougerais (v. *Lettre 6586 n.). Nous avons une lettre de Mgr Besson écrite de Rome le 26 janvier (pouvait-elle être déjà arrivée à Nîmes ?), mais il n'y est nullement question de presse populaire.
Cependant nous ne résistons pas au plaisir d'en citer deux passages; le premier, pour son pittoresque, le second, avec une pointe de nostalgie francophone. Nous sommes chez le card. Howard qui a prié à dîner quelques prélats venus du Canada, des Etats-Unis, de France et d'Italie, et voici "les charges républicaines de l'évêque américain ["de Rochester en New-York"] faisant des voeux pour que l'*Urope* (sic) ne fût plus qu'une vaste démocratie, à l'exception de l'Angleterre, qui garderait sa reine, comme exemple et comme une relique". Et Mgr Besson poursuit : "Il [= un des convives] parle français, ainsi que tout le monde. C'est le triomphe de notre langue, le seul qui nous reste, et partant notre dernière consolation et notre dernière gloire. Pie IX avait une grâce charmante dans ses pittoresques solécismes. Léon XIII cherche les mots propres, et les trouve toujours. C'est d'une netteté incroyable et d'une grande justesse [...]".