DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 25

28 jan 1879 Nîmes DU_FOUGERAIS Chanoine

La question de la presse me préoccupe mais nous avons les bras moins longs que vous ne le supposez.

Informations générales
  • DR13_025
  • 6586
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 25
  • Orig.ms. ACR, AN 237; D'A., T.D. 39, n. 2, p. 183.
Informations détaillées
  • 1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PRESSE POPULAIRE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 LEON XIII
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 FRANCE
    3 PARIS
    3 ROME
    3 SAVOIE
  • A MONSIEUR LE CHANOINE DU FOUGERAIS
  • DU_FOUGERAIS Chanoine
  • Nîmes, 28 janvier [18]79.
  • 28 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Monsieur l’abbé,

Je reçois votre lettre et je l’envoie aussitôt en communication aux Pères Picard et Bailly. Je crains que vous ne vous fassiez illusion sur notre possibilité de faire. Je suis, pour ma part, très préoccupé de la question que vous abordez. Au fond, si le P. Bailly venait à manquer, nous le remplacerions avec peine au Pèlerin et même nous ne le remplacerions pas. C’est vous dire que nous avons les bras bien moins longs que vous ne le supposez trop aimablement(1). Je reste persuadé, avec vous, que la presse est un de nos plus puissants moyens d’action. Léon XIII, je le tiens de sa bouche, en est plus persuadé que vous et moi(2). Mais que faire? A Pâques, je pars pour Rome, et, si vous êtes à Paris vers la fin de juin, j’aurai l’honneur de vous y voir et de vous dire bien des choses, et en particulier pourquoi l’état de la Savoie est si déplorable(3).

Veuillez agréer, Monsieur l’abbé, l’hommage de ma très respectueuse sympathie en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le chanoine du Fougerais voit le salut de la France dans la création d'un bon journalisme populaire. Ce que les masses demandent, a-t-il écrit le 27 janvier, "c'est un journal qui les intéresse et les amuse *comme votre Pèlerin*", mais ce faisant, il faut éviter d'arborer le drapeau blanc, devenu leur épouvantail. Dans les villes, l'ouvrier veut "un journal qui, sans tomber dans le socialisme, revendique des améliorations légitimes de leur condition présente. [...] Pourquoi des journaux catholiques ne se feraient-ils pas l'agence de ces justes aspirations sans laisser le monopole aux journaux radicaux qui [...] poussent les masses à des convoitises insensées ?" Et, continue le chanoine, "c'est à votre grande congrégation que semble appartenir la principale part dans cette grande oeuvre" et il développe ses arguments.
Le P. Bailly prit connaissance de la lettre et répondit le 30 au P. d'Alzon : "Je suis au courant de son journal populaire à un sou [...]. Jusqu'à présent [...] ces Messieurs n'ont mis en avant que l'opportunité ou même la nécessité de la chose et on les a acclamés. Il n'y a pas de divergence, tout le monde croit qu'il faut de bons journaux populaires pour combattre les mauvais." La question *rédaction* est tout, poursuit le P. Bailly, "or ces Messieurs disent que ce n'est qu'une question d'argent, qu'ils ont des rédacteurs à revendre. C'est là l'erreur qui les fera échouer. [...] Ceci est ma marotte : formons des rédacteurs; pour faire des missions, formons des missionaires, on aura ensuite les bateaux". Et il conclut : "Si nous faisons un journal, soyons seuls et *nous*." - Le 8 février, après avoir vu M. du Fougerais, il écrit : "Il résulte de ses notes qu'on désire de toute part la création du journal populaire. Il résulte de sa conversation qu'il croit être l'homme appelé à le réaliser, il voudrait de l'aide".
2. Voir *Lettres* 6288, n.3 et 6302.
3. Pourquoi le P. d'Alzon parle-t-il ici de la Savoie ? En quoi l'état de cette dernière est-il déplorable et pourquoi ? Autant d'interrogations auxquelles nous ne pouvons répondre.