DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 27

31 jan 1879 Nîmes GALABERT Victorin aa

La situation est grave – Mort de Soeur Victorine – Entretenez de bonnes relations avec les Russes – Dans la situation présente, chacun doit être à son poste.

Informations générales
  • DR13_027
  • 6588
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 27
  • Orig.ms. ACR, AJ 370; D'A., T.D. 32, n. 370, pp. 369-370.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 MORT
    1 POLITIQUE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RUSSES
    1 SANTE
    1 SPOLIATEURS
    2 BROUSSE, VICTORINE
    2 CHASTENET, JACQUES
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 GAMBETTA, LEON
    2 GREVY, JULES
    2 MAC-MAHON, PATRICE DE
    2 NICOLAS II
    2 STOLYPINE, ANNA
    2 STOLYPINE, ARKADII
    2 STOLYPINE, MADAME
    2 STOLYPINE, PIERRE
    2 WENGER, ANTOINE
    3 AMERIQUE
    3 ARDA, RIVIERE
    3 ESPEROU, L'
    3 KIEV
    3 PARIS, CHAILLOT
    3 PHILIPPOPOLI
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 31 janvier 1879.
  • 31 jan 1879
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Merci une fois de plus de vos lettres. Les détails sur l’accident [du chemin] de fer ne me touchent que parce que vous pouviez en être victime. A part cela, il y en a partout; c’est bien pire en Amérique(1).

Vous savez par les journaux que nous marchons grand train vers les bouleversements(2). Où Dieu permettra-t-il que cela s’arrête? Les Jésuites se croient très menacés. Peut-être subit-on aujourd’hui les conséquences de la dévotion trop peu virile donnée depuis longtemps aux jeunes générations Quoi qu’il en soit, la situation est on ne peut plus grave. Il faut prier, et bien prier.

La pauvre Soeur Victorine est morte à l’Espérou, après avoir gardé le lit trois ou quatre jours. Elle était exténuée depuis longtemps. Je crois qu’elle a fait une partie de son purgatoire en ce monde, sinon tout; faites bien prier pour elle.

Je crois bien que les Russes partiront bientôt. En serez-vous mieux? Tâchez, si vous le pouvez, d’entretenir de bonnes relations avec ceux que vous avez connus. Je comprends que le général Stolypine ait été bon pour vos enfants de Philippopoli(3). J’ai connu, je le crois au moins, sa soeur Anna Stolypine, une petite schismatique qu’on avait placée chez les Dames de l’Assomption, quand elles étaient rue de Chaillot.

Je vous demande pardon de vous écrire si brièvement, mais j’ai été souffrant et j’ai besoin de me ménager. Je crois que, dans la situation politique présente, il serait dangereux d’être ailleurs qu’à son poste; c’est pourquoi, je ne convoque pas de chapitre général. Voici une lettre, ancienne déjà, pour le P. Alexandre.

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sans doute fait-on mieux en Amérique... Pourtant le récit du P. Galabert était assez impressionnant : un pont qui cède au passage d'un convoi et dix-huit wagons, dont quatre bourrés de voyageurs, qui s'engouffrent l'un après l'autre dans l'Arda en crue. Pas de rescapés... (lettre du 15 janvier).
2. La veille un pas décisif a été franchi. Mac-Mahon, ne pouvant se résoudre à entériner le limogeage de généraux que l'on soumettait à sa signature dans le cadre de la grande purge en cours (v. *Lettre* 6579, n.2), a donné sa démission. Cela s'était passé à midi. Le soir, à 7h.30, Jules Grévy était élu président de la République par les Chambres réunies. Gambetta avait refusé de se porter candidat. Sur ces événements, voir par ex. J. CHASTENET, *Histoire de la Troisième République*, I (Paris,1952) , p. 255-259.
3. "... à l'occasion de la fête de Noël à la Russe, le général Stolypine a invité un groupe d'enfants de chaque école à procéder avec les siens au dépouillement de l'arbre de Noël. Le P. Alexandre y a conduit le groupe catholique. Il a été l'objet de mille prévenances de la part du général et de Mme la Générale..." (15 janvier). - Le général, qui s'illustra au siège de Sébastopol, est le père du futur premier ministre de Nicolas II, Pierre Stolypine assassiné à Kiev le 1/14 septembre 1911 (sur ce dernier voir A. WENGER, *Rome et Moscou, 1900-1950*, p. 97-130, Paris, 1987).