DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 34

8 feb 1879 Nîmes LIOGER Mère Marie-Véronique

Vous en verrez bien d’autres, si vous êtes réellement des victimes – Vos épreuves m’attachent de plus en plus à votre communauté.

Informations générales
  • DR13_034
  • 6597
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 34
  • Cop. ms. du P. Vailhé ACR, BF 256.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AUTORITE RELIGIEUSE
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 EPREUVES
    1 PURIFICATION
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    2 BOSSUET
    2 CAVEROT, LOUIS
    2 MERCURELLI, FRANCESCO
    2 PAUL DE LA CROIX, SAINT
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-VERONIQUE DU COEUR DE JESUS LIOGER
  • LIOGER Mère Marie-Véronique
  • Nîmes, 8 février [18]79.
  • 8 feb 1879
  • Nîmes
La lettre

Ma Révérende Mère,

Ne vous tracassez pas. Bossuet a dit: « Quand Dieu veut faire voir qu’une oeuvre est toute de sa main, il réduit tout au désespoir, puis il agit ». Nous allons voir si votre oeuvre est toute de la main de Dieu. Saint Paul de la Croix en a vu bien d’autres. Cette tempête n’est donc pas ce qui m’effraie; vous en verrez bien d’autres, si vous êtes réellement des victimes. Les autres auront le nom, vous la réalité.

Il m’est en ce moment impossible d’aller à Rome avant la semaine de Pâques. Et puis, ce que Mgr Mercurelli ne peut faire, je ne le ferai pas davantage. Donc ne vous troublez pas, fortifiez-vous dans votre petit nombre. Qui sait si ce n’est pas pour éviter de trop grands malheurs que l’on vous chasse provisoirement de Rome(1)? Les hommes ont leurs desseins, mais Dieu a les siens. Pour moi, il m’est impossible de croire, si la comtesse est ce que vous dites et si vous êtes réellement des victimes, que tout ce que vous souffrez ne soit pas (je ne dirai pas permis), mais voulu de Dieu qui se réserve le dénouement.

Il fallait s’attendre à ce que le Père L. jetterait feu et flammes, qu’avec son habileté il agirait pour vous démolir? Qu’est-ce que cela prouve? Que pour fuir ses coups il faut vous enfermer dans une plus grande humilité.

Que fera le cardinal Caverot? Il dira que vous n’êtes plus dans son diocèse, que vous êtes dans celui de Nîmes, et si c’est à moi que l’on s’adresse la réponse sera facile.

Mais avant tout soyez réellement victimes. Si l’on vous a ôté le titre de Victimes du Sacré-Coeur, vous serez les victimes de Jésus, qui a son coeur dans sa poitrine sacrée. Ne vous faites pas illusion: vous aurez des ennuis, mais ce sera dans l’esprit de votre fondation. Quand je prépare, comme je le fais, une série d’instructions sur la Passion(2), je vois tout concourir à la destruction de l’oeuvre de notre divin Maître, et tous ces obstacles deviennent les moyens de salut du monde.

Je vous estimerais bien heureuses, si vous étiez jugées dignes de suivre Notre-Seigneur, à la trace de son sang répandu sur la route du Calvaire. Il faut accepter ce que l’on a voulu être. Vous avez accepté d’être victimes, il faut être victimes jusqu’au bout.

Veuillez, ma Révérende Mère, croire à mon plus profond dévouement en N.-S.

E.D’ALZON.

Je vous préviens que vos épreuves, au lieu de me décourager, m’attachent au contraire de plus en plus à votre communauté, dont je saurai être le supérieur dévoué et le père jusqu’au bout.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le 11 février Mgr Mercurelli écrira au P. d'Alzon qu'il avait estimé la séparation inévitable (entre la congrégation et la fondation romaine) et qu'il l'avait sollicitée avec l'approbation du Cardinal-Vicaire.
2. "Instructions pour le Tiers-Ordre - Passion de Notre-Seigneur" publiées dans *Instructions au Tiers-Ordre de l'Assomption, 1878-1879*, p.57-193, Paris 1930.