DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 59

14 mar 1879 Nîmes GALABERT Victorin aa

Poursuivez, priez, gouvernez – Ne soyez ni faible ni étroit – Sofia – Crise de vocations – La République croule avant d’être bâtie – Toute mon espérance est dans la prière – Russes, Bulgares et Turcs.

Informations générales
  • DR13_059
  • 6631
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 59
  • Orig.ms. ACR, AJ 373; D'A., T.D. 32, n. 373, p. 371-372.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 CHEMIN DE FER
    1 GOUVERNEMENT DES RELIGIEUX
    1 PERSECUTIONS
    1 POLITIQUE
    1 RUSSES
    1 TURCS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 TIMOTEO DA STRONA, CAPUCIN
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTRICHE
    3 BALKANS
    3 BERLIN
    3 BULGARIE
    3 DANUBE
    3 FRANCE
    3 MER EGEE
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROUMELIE ORIENTALE
    3 RUSSIE
    3 SAN STEFANO
    3 SERBIE
    3 SOFIA
    3 TURQUIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 14 mars 1879.
  • 14 mar 1879
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Merci des détails que vous me donnez sur vos maisons. Poursuivez, priez, gouvernez. Vous êtes bon, ne soyez pas faible. Ne soyez pas étroit non plus. Surveillez attentivement ce qui se passe autour de vous. L’idée d’aller à Sofia est très belle; mais avec qui(1)? Nous n’avons ni religieux ni religieuses. L’état de la France arrête les vocations. Ah! nous sommes bien pauvres; c’est effrayant. Pourtant, il me semble impossible que, vu l’ordre d’idées où nous [nous] plaçons, nous ne soyons pas à la fin bénis de Dieu. Il faudra que je meure pour cela.

La République croule avant d’être bâtie. Quel triste spectacle nous donnons au monde! Enfin, espérons en Dieu. La catastrophe sera probablement ajournée jusqu’au printemps. Les Chambres vont se proroger. A la garde de la Providence! Malgré tout, il me semble qu’on prie tant que Dieu finira par avoir pitié de nous. Mais toute mon espérance est dans la prière, [non] du côté des hommes.

Les Russes ont dû vous laisser. Enfin, que va-t-il arriver? Il me semble que si les Bulgares se tournent du côté de la France, vous n’avez pas grand’chose à redouter du côté des schismatiques; et quant aux Turcs, je ne vois pas de raison pour qu’ils vous soient hostiles.

Voyez si vous ne feriez pas bien de pousser une pointe jusqu’à Sofia, pour juger des choses par vous-même. Le chemin de fer d’Andrinople ira-t-il bientôt en Serbie ou en Autriche?

Adieu, bien cher, et tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il y faudrait au moins trois religieux, estimait le P. Galabert (au P. d'Alzon, 25 janvier). Il s'agissait d'une école pour garçons que le P. Timothée, curé de Sofia, souhaitait ouvrir en cette ville et confier aux Assomptionistes (Galabert, 2 novembre 1878). Le P. Galabert envisageait favorablement cette fondation :"Ce serait un point central et qui nous donnerait une grande influence sur tout le pays" (à Picard, 4 décembre 1878). On s'attendait en effet - et c'est ce qui arriva - à ce que la ville devienne la capitale de la principauté bulgare créée par le Congrès de Berlin (juin-juillet 1878). Ce dernier s'était donné pour tâche de reviser le Traité de San Stefano du 3 mars 1878 qui avait contraint les Turcs, après leur défaite dans la guerre qui venait de les opposer aux Russes, à accepter la création, entre le Danube et la Mer Egée, d'une *grande Bulgarie*, vassale de l'empire ottoman mais gouvernée par un prince choisi par les Russes. Cependant l'Angleterre et l'Autriche-Hongrie voyaient d'un mauvais oeil cet accroissement d'influence de la Russie et cette dernière accepta de négocier. L'acte final du Congrès (13 juillet 1878) divisa *la grande Bulgarie* en deux principautés: la Bulgarie proprement dite au Nord des Balkans, et la Roumélie Orientale au Sud. Cette dernière demeurait province ottomane mais avec gouverneur chrétien; Philippopoli en est la ville principale. Andrinople restait en Turquie.