DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 63

20 mar 1879 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Epidémie au collège – Je ne sais si j’irai à Rome – Au prieuré.

Informations générales
  • DR13_063
  • 6636
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 63
  • Orig.ms. ACR, AD 1785; D'A., T.D. 24, n. 1329, p. 94-95.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 MORT
    1 ORGUEIL
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SANTE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 COMES, JEAN
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DEVEREUX, MARIE-AGNES
    2 HUMMEL, MARIE-PAUL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 RASTOUX, ALBERT
    2 WITMANN, FRANCOIS
    3 MALAGA
    3 MONTPELLIER
    3 NICE
    3 PARIS
    3 PERPIGNAN
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 20 mars [18]79.
  • 20 mar 1879
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Nous prierons pour la supérieure de Malaga(1), mais Dieu nous éprouve aussi. Cette nuit, nous avons perdu de la fièvre typhoïde un élève qui avait été gravement atteint, au moment même où le P. Emmanuel partait pour Paris. Nous allons en perdre un autre, (il est chez ses parents) d’une maladie de coeur; nous en avons 25 atteints de la fièvre muqueuse. Le neveu de Soeur M.-Paul, François Witmann, est très gravement malade. Le P. Laurent et Soeur M.-Paul se disputent assez aigrement là-dessus. J’ai fini par ordonner que si Soeur M.-Paul, qui a passé hier l’après-midi auprès de son neveu, venait encore se plaindre, on lui proposât de le prendre au prieuré. Tout le couvent prétend que François a pris son mal à une promenade militaire. Or il se trouve qu’il n’y en a pas eu; seulement il y a eu une influence mauvaise, de Nice à Perpignan. A Montpellier, il y a des petites véroles. Il faut accepter les châtiments de Dieu.

Puisque je suis sur le compte de Soeur M.-Paul, je vous avoue, mais pour vous seule, -car vos paroles sont souvent répétées bien au loin,- qu’elle prend tous les jours un genre plus dominant qui écrase certaines Soeurs, à cause de ce qu’elle leur jette à la figure en public. Hier, elle se mêlait ici de donner des prescriptions à la Soeur infirmière. Le P. Laurent a dû lui prouver qu’elle avait fait une sottise pour François; moi, je ne m’en suis pas mêlé. Ne dites rien. Quand l’enfant sera guéri, (s’il guérit), on parlera clair à sa tante.

Adieu, ma chère fille. Je ne sais si j’irai à Rome. Sans être malade, je me sens des malaises qui me font perdre le goût du voyage. Bien vôtre en Notre-Seigneur.

E.D’ALZON.

Je rouvre ma lettre, que j’avais écrite avant ma messe, afin de vous dire qu’au retour du prieuré le P. Laurent m’a déclaré qu’il n’y mettrait plus les pieds, tant Soeur M.-Paul avait été impertinente à son égard. Attendons la guérison ou la mort de François, qui a passé une très bonne nuit, chez qui le P. Laurent était allé trois fois la nuit dernière, au sujet duquel il avait fait appeler Soeur M.-Paul pour lui en donner des nouvelles. Celle-ci a répondu à ces marques de bonté avec une telle sottise, et malheureusement la Mère M.-Gabrielle l’a tellement soutenue que le P. Laurent, chez qui l’irritation couvait depuis quelques jours, a éclaté et [il] a signifié qu’on ne le reverrait plus. Quant à moi, et je crois vous rendre service en parlant ainsi, je suis bien résolu à ne permettre au P. Laurent de retourner au prieuré que quand Soeur M.-Paul sera partie. Vous désiriez son départ, vous avez quinze jours pour lui choisir un poste. Ce sera moi qui prendrai aux yeux des familles l’odieux de la décision et je crois que, dans la disposition d’esprit des Soeurs au prieuré, les choses n’en iront pas plus mal. Encore une fois adieu.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mère Marie-Agnès, morte empoisonnée par suite de la tragique méprise d'un pharmacien.