DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 83

• DR13_083
• 6659
• DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 83
• Orig.ms. ACR, AJ 375; D'A., T.D. 32, n. 375, p. 373-374.

• 1 ACHAT DE TERRAINS
  1 CAPITAUX EMPRUNTES
  1 FEMMES
  1 LIBERALISME
  1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
  1 MISSION DE RUSSIE
  1 POLITIQUE
  1 PRIEURE DE NIMES
  1 SEVERITE
  2 BRUN, AUGUSTINE
  2 CHILIER, ALEXANDRE
  2 COUTOULY, GUSTAVE DE
  2 FERRY, JULES
  2 LAURENT, CHARLES
  2 PICARD, FRANCOIS
  2 RINGT, BARON DE
  3 FRANCE
  3 ODESSA
  3 ROUMELIE ORIENTALE
  3 RUSSIE
  3 TURQUIE
• AU PERE VICTORIN GALABERT
• GALABERT Victorin aa
• Nîmes, 2 avril 1879.
• 2 apr 1879
• Nîmes

Bien cher ami,

Voici ma réponse à Soeur Augustine; elle est un peu raide, mais il faut se poser avec vigueur. De grâce, mettez un peu de fermeté et ne croyez pas tout faire avec de la mysticité, à laquelle la plupart de nos bonnes filles ne comprennent rien. Je tiens d’autant plus à vous dire cela que le P. Laurent, qui vient de se brouiller avec les Soeurs du prieuré, a été l’occasion d’une foule de révélations sur cette maison, où je me suis posé avec une énergie qui démonte ces bonnes filles depuis quinze jours. Il faut toujours tenir les femmes en bride; sinon elles vous en font de toutes les couleurs.

Je crois que vous pouvez préparer l’établissement d’une maison à Odessa(1) pour d’ici à deux ou trois ans. J’espère avoir quelques ressources matérielles, et quant à la future supérieure, elle est toute trouvée. Il faudra aller petitement, mais j’espère que nous arriverons, si Dieu n’a pas envoyé une révolution en Russie comme précurseur de nos travaux.

Le P. Picard m’écrit que le projet d’emprunt est un projet et pas autre chose. J’y donne mon consentement, persuadé qu’en ce moment vous êtes dans la situation la plus favorable pour acheter, et que la Turquie expulsée, comme elle me semble devoir l’être, il se passera dans ce pays des choses très curieuses, et que les propriétés foncières qui doivent être en ce moment au plus bas reprendront une grande valeur. Mais ne vendez pas trop vite la peau de l’ours(2).

Vous me parlez des notes que vous avez fait communiquer à M. de Ringt ou à M. de Coutouly(3) par le P. Alexandre. Il n’y a qu’un malheur; je n’ai pas pu les lire. Vous êtes par trop hiéroglyphique. Si vous avez la bonté de me les faire copier, je vous en aurai une vive reconnaissance; mais d’ores et déjà, je pense que notre devoir est de nous tenir sur le terrain de la neutralité la plus absolue, toutefois penchant plus vers les Russes que vers les Anglais.

On annonce pour la France une crise au mois de juin. Ce qu’elle sera, Dieu le sait. Je ne m’en étonne pas. Les Chambres vont entrer en vacances, puis en mai on recommencera le tapage, en juin ou juillet il y aura explosion. Je crois voir un signe d’espérance dans la manière dont les catholiques s’agitent pour la liberté d’enseignement(4). Le libéralisme se meurt, et la crise a pour résultat de fondre les opinions. Il n’y aura que l’Eglise et la révolution.

Adieu, bien cher ami. Tout vôtre du fond du coeur.

E.D’ALZON.

En vous parlant de l’établissement d’une maison à Odessa, je vous demande de prendre opportunément des renseignements.