DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 88

15 apr 1879 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Faites comme il vous plaira pour la cloche – Je ne vais pas à Rome – Sainte Chantal et sainte Thérèse – Devenez parfaite et pratique – Fatiguez-vous moins et priez davantage – La Russie.

Informations générales
  • DR13_088
  • 6665
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 88
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 428; D'A., T.D. 30, n. 544, p. 329-330; QUENARD, p.277.
Informations détaillées
  • 1 CLOCHER
    1 FATIGUE
    1 FETES DE MARIE
    1 GOUVERNEMENT DES RELIGIEUX
    1 LIVRES
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 OBLATES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SANTE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOYAGES
    2 ALEXANDRE II, TSAR
    2 BOUGAUD, LOUIS-VICTOR
    2 BOULANGE, ABBE
    2 CHAUGY, FRANCOISE-MADELEINE DE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
    2 KISSOKOV
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SOLOVIEV, ANARCHISTE
    2 THERESE, SAINTE
    3 PARIS
    3 ROME
    3 RUSSIE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 15 avril [18]79.
  • 15 apr 1879
  • Paris
La lettre

Ma chère enfant,

Vous avez très bien fait d’aller voir Joséphine. Vous arrangerez pour la cloche comme il vous plaira. Je me décide à ne pas aller à Rome et à aller vous dire la messe le 24 mai(1). Je suis trop fatigué pour partir sur-le-champ, et, pendant l’absence du P. Picard(2), il sera bon que je le remplace au noviciat. Je cherche à vous procurer un bel ouvrage: « La vie, les oeuvres et les lettres de sainte Chantal ». Les Visitandines, peu satisfaites de la vie de l’abbé Bougaud(3), veulent republier sainte Chantal tout entière, dans ce que la Mère de Chaugy, sa nièce et sa secrétaire, en a fait connaître et dans ce qu’elle-même a écrit. C’est très considérable(4), mais très bon pour une supérieure. Sainte Chantal a quelque chose de net, de précis que n’a pas sainte Thérèse: celle-ci est plus enthousiaste, plus extatique, mais n’a peut-être pas autant le sens pratique du gouvernement. Dieu a conduit, inspiré ces deux grandes servantes. Sainte Chantal me semble avoir plus l’esprit du commandement, dont vous devez vous inspirer. Quant à vous, ma fille, avec le coeur que N.S. vous a donné, il est indispensable que vous deveniez parfaite et en même temps très pratique, qualité que l’expérience vous donnera tous les jours. Il faut aussi que vous entriez plus dans l’ordre surnaturel. Voyez à cet égard tout ce que vous avez à détruire en vous pour mettre à la place l’amour de N.S. comme lumière et flamme ardente de toute votre existence. Fatiguez-vous moins, priez davantage et vous verrez que Dieu fera lui-même beaucoup de choses. Ah! quand comprendrons-nous que Dieu veut que nous fassions moins par nous-mêmes, mais [qu’il] veut faire par nous de façon que nous ne soyons que ses instruments!

Les quatre coups de révolver tirés sur l’empereur de Russie sont le signal de la révolution et des catastrophes qui vont commencer dans ce pays(5). Après la révolution et les catastrophes, les barrières seront abaissées, la vérité catholique pourra pénétrer. Tenons nous prêts.

Adieu, ma fille. Devenez par votre résignation et votre amour l’instrument de N.S., et alors, bien portante ou malade, vous le servirez parfaitement. Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Quatorzième anniversaire de la fondation des Oblates de l'Assomption et fête de N.-D. Auxiliatrice (v. *Lettre* 6653, n.4).
2. Parti en pèlerinage à Rome le 21 avril, il sera de retour à Paris le 17 mai.
3. *Histoire de sainte Chantal et des origines de la Visitation*, 2 vol., 1862. Ouvrage "âprement critiqué mais qui eut néanmoins onze éditions" (DHGE), "vivement critiqué, mais il a le mérite de puiser aux sources manuscrites" (Dict. Spir.).
4. *Sainte Jeanne-Françoise Fremyot de Chantal, sa vie, ses oeuvres*, 8 vol., Paris 1874-1879. - L'édition des *Mémoires* de la Mère de Chaugy par l'abbé Boulangé, en était à sa 3e édition en 1853.
5. La veille, un employé du ministère des finances, du nom de Soloviev, a tiré plusieurs coups de revolver sur le tsar Alexandre II, qui a miraculeusement échappé à l'attentat. L'empereur, que les nihilistes surnomment *le pendeur*, en raison de la vigueur de sa répression des assassinats de hauts fonctionnaires et de policiers, échappera encore à plusieurs attentats avant de périr, les deux jambes arrachées par une bombe, lancée par des anarchistes, dont Kissokov, le 13 mars 1881.