DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 103

2 may 1879 Nîmes GALABERT Victorin aa

Dieu nous appelle à faire quelque chose en Orient – Ne vous brouillez avec personne et ne vous liez pas trop non plus – Notre but principal est Odessa – Conseils en attendant le jour où la Russie s’ouvrira – Peu de spiritualité mais un grand esprit de foi et du bon sens.

Informations générales
  • DR13_103
  • 6683
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 103
  • Orig.ms. ACR, AJ 377; D'A., T.D. 32, n. 377, p. 376-377.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 OBLATES
    1 SANTE
    1 TURCS
    2 BARAGNON, PIERRE
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 RAYNAUDI, FRANCESCO
    2 VOGORIDES, ALEKO
    3 ANDRINOPLE
    3 AUTRICHE
    3 EUROPE
    3 NIMES
    3 ODESSA
    3 ORIENT
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
    3 ROUMELIE ORIENTALE
    3 RUSSIE
    3 SOFIA
    3 TURQUIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 2 mai 1879.
  • 2 may 1879
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Je devrais vous écrire de Rome et je vous écris de Nîmes, où je suis revenu à cause de ma santé. Plus je vais, plus je suis convaincu que Dieu nous appelle en Orient à faire quelque chose; mais permettez-moi de vous soumettre quelques observations. Ne vous brouillez avec personne et ne vous liez pas trop avec qui que ce soit. Laissez tomber le mécontentement de Mgr Raynaudi. C’est tout naturel qu’il soit jaloux des préférences que l’on a eues pour vous(1). Ce n’est pas une raison pour que cela dure. Puis à quoi bon aller du côté de Sofia? Cela nous éloigne de la Russie. Tournons nos regards vers notre but principal, qui est Odessa. Nous ne devons pas y aller de quelque temps, mais j’ai cinq ou six sujets très pieux, très intelligents, qui se préparent à force. Je tiens à ce que leurs études soient complètes.

L’état de la Russie est tel qu’il ne saurait durer. On semble voir le colosse russe prêt à entrer en convulsion, dès que la puissance turque aura fini son temps en Europe, et cela ne saurait tarder beaucoup. C’est pour ce moment qu’il faut être prêt. Les nihilistes auront accompli leur oeuvre de ruines, et sur ce terrain balayé par des tempêtes révolutionnaires nous irons planter la vraie croix. Aussi, vous engagerai-je:

1° A vous peu préoccuper des Turcs, auxquels nous n’aurons bientôt rien à faire;

2° A laisser les Bulgares à toutes leurs querelles;

3° A tourner vos regards vers la Russie.

Restez indifférent pour ce que les Bulgares veulent faire comme autonomie; profitez de toutes les circonstances pour vous rapprocher des Russes, dont il faut avec soin éviter de vous faire des ennemis. Dans la mesure où votre titre de Français ne s’y opposera pas, rendez-leur les services que votre situation comporte. Je crois qu’ils ont évacué Andrinople, mais si vous pouviez aller à Philippopoli avant le départ des généraux, ce ne serait pas un si grand mal; au contraire. Le gouverneur turc(2) Aleko Vogoridès doit être le fils de celui dont Pierre Baragnon avait été secrétaire. Pas d’opposition, mais pas d’entraînement de ce côté.

Une conclusion qui vous paraîtra extraordinaire, c’est qu’il vous faut désormais jouer très serré. Cela doit s’étendre à tout, surtout aux religieuses. Croyez-moi; peu de spiritualité, mais un grand esprit de foi et du bon sens. Le bon sens, vous l’avez, quand une préoccupation mystique ne vous trouble pas la vue à l’égard de ces bonnes filles. Croyez-moi, soyez plus ferme et ne vous perdez pas en paroles avec elles. Quant aux Pères Polonais, ne vous en préoccupez pas trop. Je me figure que vous les mettrez plus à leur place, à mesure que vous les laisserez plus tranquilles. Leur position ne doit pas être belle, à moins qu’ils ne s’appuient sur l’Autriche.

Adieu, et tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La considération dont le P. Alexandre jouit à Philippopoli, notamment de la part des membres de la Commission européenne pour la Roumélie orientale, a provoqué un peu de mauvaise humeur chez le vicaire apostolique. C'est ainsi qu'il est revenu sur son intention de confier au P. Alexandre la bénédiction de l'église de Sofia (Galabert, 19 avril).
2. De la Roumélie orientale.