DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 106

2 may 1879 Nîmes GIRY_MADAME

Vos épreuves – La Révolution, c’est la mort dans la dissolution universelle – L’Eglise, royaume de Dieu, c’est la vie dans l’unité.

Informations générales
  • DR13_106
  • 6686
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 106
  • Orig.ms. ACR, AM 214; D'A., T.D. 37, n. 15, p. 192-193.
Informations détaillées
  • 1 EPREUVES
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MARIAGE
    1 PATIENCE
    1 PURIFICATION
    1 REGNE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SANTE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 GIRY, LOUIS DE
    2 GIRY, MADAME LOUIS DE
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 MALBOSC, MADAME PAULIN DE
    2 ROUSSY, FAMILLE DE
    3 PARIS
    3 ROME
  • A MADAME LOUIS DE GIRY
  • GIRY_MADAME
  • Nîmes, 2 mai 1879.
  • 2 may 1879
  • Nîmes
La lettre

Que je vous plains, ma chère cousine(1)! Que je plains ce pauvre Louis! Il semble que Dieu veuille vous faire passer par toutes les étamines; sans doute, il veut faire de vous deux grands saints. Je suis tout à fait de l’avis de Louis; c’est à lui que vous vous devez. L’homme quittera son père et sa mère, et, par conséquent, sa soeur. Entre les deux, vous n’avez pas à balancer. Quant à l’archevêque, il est ce qu’il est, et il le sera jusqu’au dernier soupir; cela l’excuse.

Je suis revenu de Paris, parce que je me suis senti souffrant. Je n’aurais pu pousser jusqu’à Rome, ou plutôt je n’aurais pu rien y faire de ce que je voulais. Alors, pourquoi y aller? Je n’ai vu personne à Paris, je ne suis allé dans aucune réunion, et je ne rapporte aucune impression éclairée. J’ai seulement la conviction que tout se précipite. Le pouvoir est accordé aux méchants. Mais si le règne de l’Antéchrist ne vient pas, il est évident que la Révolution, qui n’a de force que pour détruire, périra forcément sur les ruines qu’elle aura faites, et qu’alors reparaîtra le règne de Celui par qui tout a été fait. La force des disciples du Verbe fait chair c’est de produire, en face des destructions, des créations nouvelles. Si nous ne touchons pas à la fin positive du monde, je crois que nous touchons à une régénération immense. La Révolution, c’est la mort dans la dissolution universelle. L’Eglise, royaume de Dieu, c’est la vie dans l’unité. La proclamation de l’infaillibilité pontificale, centre de l’unité, est à mes yeux un des faits les plus divins qui, depuis l’Incarnation, se soit accompli. Et voyez comme la Révolution aide les catholiques à en tirer les conséquences pratiques. La persécution du régime moderne a groupé les Allemands catholiques, nous groupe peut-être plus encore. Dieu sait où il nous mène. Mais quoique l’on semble s’attendre à quelques jours pénibles, d’ici à peu je suis convaincu que Dieu veut nous ménager des triomphes, si nous savons nous unir. Or Dieu lui-même nous y pousse par les persécutions contre l’Eglise et par la manière dont les révolutionnaires dévoilent leurs plans tous les jours.

Adieu, chère cousine. Dites à Louis que je demande pour lui une grande patience, un peu pour vous aussi, et que je suis bien tendrement à tous les deux.

E.D’ALZON.

Je voyais hier maître Jean jouer dans la cour avec une fureur très rassurante pour sa santé.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mme de Giry est née Constance de Roussy; Alix de Roussy, Mme de Malbosc, est sa cousine germaine. Le P. d'Alzon et ces dames ont au moins un ancêtre commun : Jean de Roussy (1671-1747). Alix et Constance descendent d'Annibal (1702-1740), fils de Jean, et la mère du P. d'Alzon, M.-Jeanne-Clémence de Faventine, est la petite-fille de Jeanne de Roussy, soeur d'Annibal.