DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 111

12 may 1879 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Conversations avec la supérieure générale sur les rapports de nos congrégations.

Informations générales
  • DR13_111
  • 6694
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 111
  • Orig.ms. ACR, AH 222; D'A., T.D. 28, n. 569, p. 164-165.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATIONS DE FEMMES DE L'ASSOMPTION
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 JEAN BOSCO, SAINT
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 ANGLETERRE
    3 NIMES
    3 TURIN
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 12 mai [18]79.
  • 12 may 1879
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je suis ici à causer bien souvent avec la supérieure générale. Je lui ai fait lire votre lettre(1). Elle en a été bouleversée, elle aussi. J’ai eu avec elle de fortes explications. Je lui ai parlé de l’adoration de quelques jeunes religieuses, le P. Laurent lui a dit la même chose. Seulement j’ai montré peu de penchant à les gouverner et même à les diriger. Je lui ai dit qu’après tout elle était en dehors de quelques-unes de ses religieuses, qui ne tenaient à nous que pour s’en servir, que dès lors il valait mieux en rester aux termes d’une bonne amitié. Elle m’a prié de le lui écrire. Je lui ai écrit(2) et j’ai dit qu’elle savait la répugnance que j’avais eue à accepter le gouvernement de sa Congrégation, que j’avais cru que le supérieur gouvernerait, mais quand j’avais vu qu’on avait adopté la maxime des temps modernes: le roi règne et ne gouverne pas, je m’étais plus que jamais remis à la conviction qu’il valait mieux en rester aux relations d’une bonne amitié, qu’elles nous consulteraient quand elles le voudraient, qu’elles feraient de nos conseils ce qu’elles voudraient, mais que les uns et les autres nous resterions parfaitement libres.

Cette lettre où j’avais soin de dire que, connaissant ses dispositions je ne mettais absolument rien de personnel pour elle, fut portée hier à 3 ou 4 heures. Immédiatement après le salut, elle fit appeler le P. Laurent et eut une conversation très longue avec lui. Le P. Laurent, qui pense absolument sur la question comme le P. Emmanuel et comme moi, lui répondit dans le même sens. Remarquez que, pour ne pas parler absolument comme P. Pernet, je n’en pars pas moins du même principe. Seulement, je dis qu’il faut gouverner ou ne pas gouverner du tout. Or en ce moment, le gouvernement, de notre part, est impossible chez ces Dames. Il est trop tard pour les y plier. Quant à la direction, elle n’aura de puissance qu’autant que l’on verra que nous ne tenons pas à l’exercer, et la preuve, c’est la terreur de la supérieure qu’un jour la séparation ne se fasse.

La supérieure générale m’a donné à entendre que les Jésuites, les Capucins, les Dominicains, les Rédemptoristes ne demandaient pas mieux que de s’occuper d’elles; à quoi j’ai trouvé que si elles y voyaient un avantage, je ne m’y opposerais pas. Je soupçonne que ce trait lancé à faux de sa part lui a été pénible par la manière dont j’y ai peu fait attention. Mais ma conviction est que cette indifférence est tout ce qui domptera le plus le Conseil. J’ai ajouté que je voyais un si énorme travail à faire par les religieux que je ne savais si, à cause de cela, Dieu ne les disposerait pas à s’occuper moins des religieuses. La proposition l’émut d’autant plus qu’elle m’avoua que le P. Picard lui avait dit à peu près la même chose, en lui annonçant que le noviciat l’absorbait trop pour qu’il pût faire rien de bien suivi en dehors.

Si vous pouviez écrire au P. Picard, à Turin(3), que je le conjure de prendre le train pour Nîmes, je crois qu’en partant du train vers le soir il arriverait à Nîmes, à 2 heures après-midi.

Adieu. Les livres sur l’Angleterre font défaut.

Notes et post-scriptum
1. La lettre du 28 avril où le P. Bailly raconte la conversation du P. Pernet avec Mère Thérèse-Emmanuel (v. *Lettre* 6682, n.3).
2. *Lettre* 6693.
3. Où le pèlerinage qu'il dirigeait passa le 15 mai et visita les oeuvres de Don Bosco. Le *Pèlerin* du 24 mai raconte cette visite. Le P. Picard ne passa pas à Nîmes lors de son voyage de retour, mais il y revint un peu plus tard.