DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 144

11 jul 1879 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Le citron a été exprimé – Avez-vous déjà rêvé que vous aviez vingt milliards?

Informations générales
  • DR13_144
  • 6735
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 144
  • Orig.ms. ACR, AH 231; D'A., T.D. 28, n. 578, p. 171-172.
Informations détaillées
  • 1 AUMONE
    1 CAPITAUX
    1 PREDICATION
    1 PUBLICATIONS
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    3 FRANCE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 11 juillet [1879].
  • 11 jul 1879
  • Nîmes
La lettre

Mon doux ami,

Je deviens stérile. J’ai eu prêché(1) une heure et demie sur cet évangile; voyez le peu que je tire de ma caboche. Ah! fils de mon coeur, je ne suis plus bon à rien. Que voulez-vous? Le citron a été exprimé, il ne reste plus une goutte de jus. Quand on me sert une sole, on me donne de ce fruit aigre-doux. Après m’en être servi pour le poisson, je m’en sers encore pour me laver les doigts, (il faut tout utiliser); mais, après que mes doigts se sont tournés et retournés dans l’écorce, que reste-t-il? Je pourrais continuer le parallèle, mais vous avez tant, tant, tant d’esprit que vous finirez bien tout seul. Moi, je suis fini.

Bonjour, mon doux ami.

E.D’ALZON.

N’avez-vous jamais rêvé que vous aviez 20 milliards? Je dis 20 milliards, peut-être un peu plus, mais pas un sou de moins, -que vous en donniez 6 au Pape pour son gouvernement; 6 à un nonce de France, mais un nonce de choix, pour ruiner le patriarcat parisien, rendre la France catholique en payant ses péchés avec des aumônes; 6 aux Missions étrangères et 2 à la Congrégation. Deux milliards pour nous, ce n’est pas trop. Le Pèlerin serait à un sou par an. On pourrait même payer les gens qui voudraient le lire. Voilà une spéculation. Au fond, que ce soit vous ou moi qui ayons les 20 milliards, c’est la même chose. J’ai commencé un mémoire là-dessus, puis je l’ai jeté aux vieux papiers. Quel admirable mépris de ce vil métal, que nous n’avons pas!

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Nous n'arrivons pas à lire autre chose.