DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 146

14 jul 1879 Nîmes GALABERT Victorin aa

Avenir incertain – Le chapitre traitera de l’Orient et de l’union avec les Augustins – Soutenir Nicétas – Le noviciat des maîtresses d’écoles – Une colonie agricole – Un concordat entre Rome et la Russie.

Informations générales
  • DR13_146
  • 6738
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 146
  • Orig.ms. ACR, AJ 383; D'A., T.D. 32, n. 383, p. 383-385.
Informations détaillées
  • 2 ALEXANDRE I DE BATTENBERG
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 14 juillet 1879.
  • 14 jul 1879
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Je reçois votre lettre du 5 juillet. Je suis fort incertain pour l’avenir. Il y a trois jours, je croyais à une expulsion, et, dans ce cas, j’envoyais le P. Emmanuel à Odessa, le P. Edmond à Sofia ou à Tirnovo. Enfin prions pour faire avant tout la volonté de Dieu.

Je vous convoque, au cas où vous n’auriez pas reçu ma première lettre, au chapitre général à Paris pour le 1er septembre, à l’effet de traiter de l’union avec les Augustins. Ce sera là aussi que nous verrons ce que nous aurons à faire pour l’Orient, selon les circonstances.

Je persiste à penser qu’il faut soutenir le pope Nicétas. Ce sera une preuve que nous ne combattons pas les moines bulgares; et quant aux Polonais, je m’en occupe peu. Vous ferez bien de séparer le plus possible les maîtresses d’écoles des Oblates par le costume(1). Je ne saurais trop vous répéter que Soeur Jeanne n’est pas aussi sûre que vous semblez le croire. Nous vous avons donné ce que nous avions de moins mal, mais c’est loin d’être la perfection. Tenez-vous donc toujours sur vos gardes et ne vous livrez pas trop; parlez le plus possible avec autorité; interrogez, mais ne consultez pas. L’histoire de Soeur Marie des Anges est déplorable, il faut lui parler net(2). Ses accusations contre vous dans le temps ont été abominables. Dût-on la faire revenir en France, il importe qu’elle soit tenue très vigoureusement.

Je suis bien aise du petit noviciat de maîtresses d’écoles. C’est une très précieuse institution, pourvu qu’on la conduise un peu vigoureusement. Que dit le P. Athanase de ma lettre? En parle-t-il? Je ne puis guère partager vos idées sur la multiplicité d’éléments à confier au P. Pierre(3). Vous savez que ce n’est pas mon genre; mais ce que j’approuve, c’est la pensée de fonder n’importe où, avec les éléments que vous avez, une colonie agricole, d’où vous tirerez les enfants qui se sentiront appelés à la vie religieuse, tandis que les autres apprendront des métiers qui leur seront utiles.

On parle beaucoup d’un concordat entre Rome et la Russie(4). Le nihilisme a fait faire des réflexions, et l’on voit que l’Eglise catholique est plus forte que le schisme pour combattre la dissolution sociale. Les évêques et les prêtres exilés en Sibérie rentreraient à leurs postes; un ambassadeur russe irait à Rome et un nonce provisoire à Pétersbourg. Ceci est de source très sérieuse, le prince de Battenberg en aurait parlé au Pape.

Adieu, cher ami. Je vous embrasse bien tendrement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. C'est depuis longtemps ce que compte faire le P. Galabert (lettre du 13 novembre 1878).
2. Voir *Lettre* 6748.
3. Dans le séminaire que Mgr Marango compte ouvrir bientôt à Athènes. De l'avis du P. Galabert, le P. Pierre devrait dans les commencements s'occuper à la fois d'externes appartenant à des familles pauvres, d'internes aisés et d'alumnistes, et cela sous peine de végéter (Galabert, 5 juillet). Ce n'est pas l'avis du P. d'Alzon.
4. L'avènement de Léon XIII produisit une nette amélioration des rapports entre le Saint-Siège et la Russie, à tel point que dès décembre 1878, des pourparlers étaient engagés par l'intermédiaire de Vienne (nonce apostolique et ambassadeur de Russie) qui aboutiront à l'accord de Rome du 27 décembre 1882. Plus précisément il doit s'agir ici de l'élaboration du mémorandum du cardinal Franzelin (août 1879) ramenant à sept points les matières les plus importantes à inclure dans les négociations avec le gouvernement russe (Sophie OLSZAMOWSKA-SKOWRONSKA, *Les accords de Vienne et de Rome entre le Saint-Siège et la Russie. 1880-1882*, dans *Miscellanea historiae pontificiae*, t.43, Rome 1977, p. XVIII-XX). - Nous devons cette note à l'érudition et à l'amitié du P. Daniel Stiernon que nous remercions vivement.