DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 203

17 oct 1879 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La poste – Névralgies – Avec une ligne d’écriture, certains vous feraient pendre – Les situations embarrassantes – Le noviciat – Le nonce – La Russie.

Informations générales
  • DR13_203
  • 6811
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 203
  • Orig.ms. ACR, AD 297; D'A., T.D. 24, n. 1349, p. 115-117.
Informations détaillées
  • 1 AMBITION
    1 CATHOLIQUE
    1 COLERE
    1 CONTRARIETES
    1 CRITIQUES
    1 CURES D'EAUX
    1 DECADENCE
    1 DIPLOMATIE
    1 ERREUR
    1 ESPRIT MONASTIQUE
    1 FORMES MONASTIQUES DES ASSOMPTIONNISTES
    1 FRANCAIS
    1 INDULGENCES
    1 LIBERTE
    1 LITURGIES ORIENTALES
    1 MALADIES
    1 MISERICORDE
    1 MISSIONNAIRES
    1 NONCE
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 POLONAIS
    1 PRUDENCE
    1 REMEDES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 FERRATA, DOMENICO
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MARCHASSON, YVES
    2 MAUVISE, MARIE DU CHRIST DE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    3 ANGLETERRE
    3 BEZIERS
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 NORD
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 ROME
    3 RUSSIE
    3 SUD
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 17 [octobre 18]79(1).
  • 17 oct 1879
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

La poste, ou ne m’a pas remis vos lettres, ou ne vous a pas donné mes réponses, car je suis parfaitement sûr de vous avoir répondu, et moi-même je m’étonnais de n’avoir rien reçu de vous. Aujourd’hui, il faut s’attendre à des procédés semblables. Du reste, j’ai prié le P. Vincent de Paul de faire mes excuses à Soeur Thérèse-Emmanuel pour la brusquerie de mes adieux; mais je viens de passer quelques jours de névralgie très rudes, et je n’avais pas ma tête, et, pour le dire, si on ne vous l’écrit pas, la Mère Marie du Christ avait, hier soir, une épouvantable névralgie.

Je ne vous en veux pas le moins du monde de ce que vous écrit le Monsieur de Béziers(2); seulement il est des gens, avec qui il est inutile de se compromettre par une seule ligne d’écriture; ils s’en serviront pour vous faire pendre. Mais une fois mon observation faite, je n’y tiens pas le moins du monde.

Je suis frappé de la manière dont les gens (et je pense à l’évêque de Nîmes) se mettent dans des situations embarrassantes, et lui, y est en plein. Or je me demande si, bien souvent, je ne m’y suis pas mis. D’où je conclus à une grande indulgence pour les autres. Vous n’avez pas besoin d’indulgence, ma chère fille, mais je vous donne cette explication pour vous dire que mon état moral ne tourne pas au mécontentement. Mes névralgies viennent d’un principe rhumatismal, et les bains chauds les calment. C’est le seul remède que j’ai trouvé.

Quant au noviciat, il m’occupe, mais me fait un bien immense. Ils sont onze; j’attends avant quinze jours un douzième. Je ne sais si je dois le désirer, tant les choses vont bien, et pourtant il nous en faudrait deux ou trois autres. Cette année est capitale, parce qu’ils préparent les traditions, et nous tenons à ce qu’elles soient très monastiques(3).

Je vous avoue que j’ai une grosse prévention contre le nonce(4). Peut-être me trompé-je. Aux yeux de tous, c’est un ambitieux. Toutefois, vous pourriez lui dire, -s’il est avec la Russie aussi bien qu’on le dit, (il faudra vous en assurer avant de lui faire la confidence qui suit)-, le cardinal Manning m’a dit(5): « Cher Père, la France abdique en Orient le protectorat catholique. L’Angleterre va le prendre ». Est-il de l’intérêt de la Russie que les catholiques orientaux se jettent entre ses bras? En laissant plus de liberté aux catholiques, la Russie ne leur donnerait-elle pas le moyen de s’appuyer sur elle? Les missionnaires français de l’Orient y sont disposés. Ce renseignement veut être communiqué avec une grande prudence, mais je vous le confie. S’il était accepté, je pourrais faire quelques propositions, et vous aussi, à condition de ne pas envoyer de Polonaises, ni [de] Polonais, vous au Nord, moi au Sud.

Adieu, chère fille, et bien vôtre en Notre-Seigneur.

E.D’ALZON.

Le temps me manque pour me relire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le ms. porte *17 nov[embre 18]79*. Mais le "Monsieur de Béziers" nous reporte à une lettre de Mère M.-Eugénie du 15 *octobre* et les "excuses à Soeur Thérèse-Emmanuel" à la *Lettre* 6808 du 12 *octobre* également.
2. Mère M.-Eugénie a reçu de ce quidam une lettre violente qui, semble-t-il, s'en prenait aussi au P. d'Alzon. Elle s'en voudrait d'être une cause d'ennuis pour ce dernier.
3. Le P. d'Alzon veut que ses religieux aient l'esprit monastique. L'union du travail manuel et du travail intellectuel en est une des marques. C'est pourquoi on fera "rudement travailler" les novices à un jardin (*Lettre* 6792). Cet esprit, c'est par les alumnats surtout qu'on l'introduira dans la congrégation. Aussi les religieux qui ont travaillé récemment aux règles des alumnats, sont-ils d'accord sur la nécessité de "développer l'esprit et les formes monastiques" (*Lettre* 6799).
4. Mgr Vladimir Czacki (1834-1888) est arrivé à Paris le 1er octobre avec le nouvel auditeur, Mgr Domenico Ferrata. Présentation de ce "nonce selon le coeur du pape" par MARCHASSON, o.c., p.71-77.
5. En mars 1878, à Rome (*Lettres* 6248 et 6488).