DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 224

23 nov 1879 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Je crois que nous pouvons commencer la Revue – Un programme magnifique – Le *Pèlerin* fait du bien, cela me suffit – Quant à moi, je baisse énormément.

Informations générales
  • DR13_224
  • 6835
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 224
  • Orig.ms. ACR, AH 253; D'A., T.D. 28, n. 600, p. 185-186.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 APOSTOLAT
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CONVERSATIONS
    1 DIPLOMATIE
    1 ERREUR
    1 GUERRE
    1 INTELLIGENCE
    1 LIVRES
    1 OEUVRES DE DEFENSE RELIGIEUSE
    1 PENSEE
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PUBLICATIONS
    1 SANTE
    1 TRISTESSE
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 VIE DE SILENCE
    2 DELALLEAU, GERY
    2 ERNOUL, EDMOND
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 CLAIRMARAIS
    3 FRANCE
    3 LILLE
    3 NIMES
    3 NORD
    3 PARIS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 23 nov[embre 18]79.
  • 23 nov 1879
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Si vous n’êtes pas à Paris quand cette lettre arrivera, vous serez bien près d’y être et le P. Picard de partir pour venir ici(1). Nous causerons avec lui. Ma conviction est que vous pouvez commencer la Revue, si vous ne posez pas d’autres conditions que celles que renferme votre lettre(2).

Quel magnifique programme que celui-ci! Organisation des catholiques, chassés de partout, pour faire leurs affaires en dehors de tout. Union morale de plus en plus intense avec le Saint-Siège. Union, non d’une oeuvre, mais de toutes les oeuvres, pour sauver la France. La guerre offensive, comme dit Ernoul. La propagande au-dedans, mais aussi au-dehors. Toutes les questions d’affaires étrangères du point de vue de l’intérêt catholique.

Après cela, j’adopterai le programme du P. Picard tant qu’on voudra. Je ne parle pas de la philosophie. Jetez-la en pâture au P. Géry, qui se ronge les poings à Clairmarais et broie du noir. Je n’ai rien envoyé au Pèlerin par la raison que je ne sais qu’envoyer. Je vous préviens que, dans une lettre du P. Géry reçue aujourd’hui même, il m’attribue des jugements inexacts sur le Pèlerin. Le Pèlerin ne fait qu’effleurer les questions, il n’en approfondit aucune. Cela ne va pas au professeur d’atqui et d’ergo. Moi, je le juge d’ensemble, il fait du bien; cela me suffit. Je m’attriste qu’il faille servir cette dose si minime d’intelligence aux chrétiens, mais cela prouve seulement qu’ils n’en peuvent pas porter plus, et que les dissertations Géryennes leur donneraient de très graves et désabonnantes indigestions(3).

Quant à moi je baisse beaucoup, énormément. J’approuve totis viribus la Revue sur le terrain que vous acceptez, mais pour y combattre, je n’en suis guère plus capable. Et ne prenez pas mon silence pour autre chose, quand je me tairai. Vous voyez bien que, d’après mon programme, j’ai dans la cervelle matière à quatre ou cinq volumes, à une condition: que je les écrirai. Avez-vous compris?

Sur ce, bien le bonsoir.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard quitta Paris pour Nîmes le 22 novembre au soir; il était de retour à Paris le 6 décembre.
2. Lettre du 21 novembre datée de Lille, répondant à une lettre perdue du P. d'Alzon (v. *Lettre* 6830 n.) qui montrait "les difficultés à vaincre mais non l'inutilité de l'oeuvre et l'impossibilité de la réussir". Le P. Bailly disait y adhérer "autant que si je l'avais écrite moi-même" et déjà il recherchait des appuis dans le Nord. A la question posée par le P. d'Alzon s'il accepterait la responsabilité il répondait : "Seul, non par impossibilité, mais religieux, ayant le P. d'Alzon, le P. Picard auprès de moi comme guide et les amis de la Congrégation comme aide, je n'y verrais pas d'inconvénient [...] mais si l'on agit, c'est en décembre qu'il faut agir."
3. Dans la lettre qu'il vient de recevoir du P. Géry, qui a appris "la reprise très probable de la Revue" (la *Revue* ici c'est la *R.E.C*), le P. d'Alzon a pu lire notamment : "Si la Revue est le tombeau du *Pèlerin*, comme le *Pèlerin* a été le tombeau de la Revue, ce sera une grande bénédiction. Car manifestement le *Pèlerin*, qui est en ce moment l'oeuvre la plus notoire de l'Assomption, ne rend pas son esprit, comme vous l'avez toujours dit, ou du moins toujours cru vous-même" (21 novembre). - Disons tout de suite que quelques jours plus tard il écrira à nouveau au P. d'Alzon pour lui demander pardon de cette lettre, comme il en avait déjà demandé pardon à N.-S. (27 novembre). - Quant à Vincent de Paul, à propos du "tombeau du *Pèlerin*" du P. Géry, il dira : "il y a des gens qui ne conçoivent les *Revues* que comme tombeaux, caveaux pour articles morts" (25 novembre, au P. d'Alzon).