DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 226

29 nov 1879 Nîmes GALABERT Victorin aa

Allez voir Mgr Vannutelli à Constantinople – Une proposition absurde – La maison-mère – Nous verrons M. de Coutouly – Le P. Picard – Alumnat du Nord et alumnats du Midi – Devenez de plus en plus ferme – Sofia.

Informations générales
  • DR13_226
  • 6837
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 226
  • Orig.ms. ACR, AJ 390; D'A., T.D. 32, n. 390, p. 390-392.
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 ANTIPATHIES
    1 BETISE
    1 BONTE
    1 CAPRICE
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRITIQUES
    1 CULPABILITE
    1 DIMANCHE
    1 DIPLOMATIE
    1 DISTRACTION
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 ELEVES
    1 ENERGIE
    1 FATIGUE
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 FRANCHISE
    1 HYPOCRISIE
    1 INCONSTANCE
    1 INFIRMIER
    1 JOIE
    1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 MEDISANCE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSIONNAIRES
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOMINATIONS
    1 OBLATES
    1 PLANS D'ACTION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 PRUDENCE
    1 QUETES
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RELIGIEUX ANCIENS
    1 RESPONSABILITE
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RUSE
    1 SEMINARISTES
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SUPERIEUR
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VANITE
    1 VOYAGES
    2 ALLEZ, VICTOIRE
    2 BOURRIER, VIRGINIE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 COUTOULY, GUSTAVE DE
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 DUGAS, JEANNE DE CHANTAL
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 DURAND, MADELEINE
    2 DURAND, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 MAUBON, JOSEPH
    2 NICETAS, JEAN
    2 NICETAS, STEPHAN
    2 PEYRE, PAULINE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 RIGAL, ANNA
    2 SARRAN, VALERIE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VANNUTELLI, SERAFINO
    2 VANNUTELLI, VINCENZO
    3 ALES
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 ARRAS
    3 BRINDISI
    3 CONSTANTINOPLE
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 NORD
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROME
    3 SOFIA
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 29 novembre 1879.
  • 29 nov 1879
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Par une incroyable distraction, j’ai laissé passer la journée d’hier sans vous écrire. Il faudra attendre le courrier de Brindisi; veuillez me pardonner. Avant tout je vous engage, dès que vous le pourrez, à aller à Constantinople voir Mgr Vannutelli, que je connais beaucoup et qui sait mon dévouement pour lui et son frère, que j’aurais tant voulu à Paris, d’abord pour lui, ensuite pour n’avoir pas Czacki. Vous pouvez lui parler en toute confiance. C’est un homme capable de donner à sa Délégation sa véritable importance. Vous lui fournirez tous les renseignements qu’il vous demandera, et ils ne seront pas mal placés. Je crois, ou je me trompe bien, qu’avec Vannutelli commence une ère nouvelle.

La proposition des Soeurs Oblates d’aller quêter en Angleterre est absurde. Ce n’est pas la peine d’envoyer des religieuses à Andrinople, pour qu’elles lèvent le pied et aillent courir l’Europe. Qu’on ne m’en parle plus, je ne prends pas même la peine de leur répondre. Si elles n’ont pas d’argent pour plus de malades, eh bien, elles en soigneront moins; voilà tout. Et elles ne se plaindront pas de l’exiguïté du local, puisqu’il sera moins encombré. En ce moment il faut bien surveiller l’Angleterre, qui s’apprête à nous jouer de mauvais tours(1), auxquels ces pauvres filles ne comprennent rien.

Ce que vous me dites des dispositions des filles pour la supérieure générale(2) vient surtout de Soeur Valérie, qui m’écrit qu’elle n’a confiance ni en vous ni en Soeur Jeanne. C’est ce qu’elle éprouve pour tout supérieur. Quant à Soeur Anna, c’est une petite hypocrite, si elle parle comme vous le dites. Pour Soeur Victoire, c’est différent. Infirmière, elle n’observait aucune règle, et, quand on le lui reprochait, elle vous faisait de ces protestations d’amour de son état qui suffoquaient. Elle a brûlé du désir d’aller en Mission, tant qu’on ne lui a pas dit de partir; mais dès qu’il en a été question, elle n’a plus voulu en entendre parler. Il ne faut pas se faire illusion. Toutes les anciennes Soeurs du Vigan parlent mal de la supérieure. Elles vivaient selon leurs caprices, avec le P. Hippolyte. Soeur M.-Madeleine en particulier est très coupable, et les deux Soeurs, qui ont remplacé Soeur Victoire et Soeur Anna, ont toutes les peines du monde à obtenir d’aller à la maison-mère, le dimanche. Celles-là aiment la supérieure. Maintenant, au collège, elles sont trois contre trois, les deux nouvelles et Soeur Virginie qui est une sainte, d’autre part les deux Durand et Soeur Pauline, les vieilles(3), à qui la règle pèse. Maintenant, que la supérieure ait quelque reproche à se faire, gardez-le pour vous, mais j’en suis convaincu. Vous voyez que je vous parle bien franchement. Mais qu’une fois cela dit, on n’y revienne plus. Soeur Jeanne joue quelquefois double jeu par une habileté paysanne et montagnarde, quoiqu’elle soit d’Alais. Si j’ai un conseil à vous donner, profitez de l’antipathie pour la maison-mère, pour leur persuader de se bien trouver à Andrinople; mais leur mauvaise humeur vient au fond de ce qu’on les y a envoyées, et que jusqu’à présent on n’a envoyé que les moins capables. A dire vrai, j’y suis pour quelque chose. Mais si Dieu le permet, à présent que la maison-mère est bien composée, nous aurons soin de vous envoyer des sujets de valeur. Seulement après la dernière fournée de quatre filles, ce ne sera pas de si tôt. Mais vous voyez mon plan. Je vous promets que les futures Soeurs aimeront et la maison-mère et la supérieure.

M. de Coutouly sera visité par nos Pères de Paris et par moi, quand j’y irai. Le P. Picard est ici, mais nous différons notre voyage à Rome jusqu’au printemps. Je vais mieux, quoique fatigué. Il prêche une retraite aux enfants du prieuré, surtout voit les Soeurs et, par là, fait du bien.

A Arras, ils ont de l’argent tant qu’ils veulent. Par ce côté, je serais tenté d’envoyer nos alumnistes dans le Nord, et, d’autre part, je crois qu’ils auront ici plus de chances de devenir de vrais missionnaires. Mais je n’ai pas d’idée arrêtée à cet égard. Nous soutenons contre le P. Joseph une lutte très vive à cause du confortable qu’il donne à ses enfants et que les nôtres ne trouveront pas, quand ils retourneront chez eux. A cet égard, le P. Alexis les formera plus virilement.

Quant à vous, votre expérience doit être faite et vous devez avoir vu le peu qu’on tire de s’être posé en bon papa. Devenez de plus en plus ferme. Vous serez toujours assez bon, même avec le P. Athanase et la Soeur Valérie. Surveillez les petites coteries, il faut que cela finisse. Vous faites très bien de mettre Soeur Valérie aux tout petits garçons; cela peut la flatter. Hélas! c’est par là qu’on peut la prendre.

Je voudrais bien une école à Sofia. Mais qui pourrez-vous y mettre? Je n’ai absolument personne à vous donner. Enfin, mon cher ami, laissez-moi vous dire l’impression de joie que m’a causée votre dernière visite. Peut-être ne nous verrons-nous plus de quelque temps, puisque je ne vois plus la nécessité de chapitres aussi fréquents. Mais si les religieuses ne sont pas en bonne harmonie, il me semble que les religieux le sont, au moins les principaux, et c’est là l’essentiel. Soyez prudent pour les Soeurs du pope Nikitas. Ici le Fr. Jean s’est tout à coup développé d’une façon très extraordinaire, et, pour rien au monde, il ne voudrait nous quitter.

Adieu, cher ami, et tout à vous du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Enlever à la France le protectorat catholique en Orient (v. *Lettre* 6811, n.5)
2. Les nouvelles arrivées ont tenu des propos peu charitables concernant la supérieure générale et la maison-mère.
3. Nous ignorons la date de la naissance de Sr Pauline; Sr Madeleine est née en 1813 et sa soeur, Marie de l'Annonciation, en 1823.