DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 261

6 jan 1880 Nîmes PICARD François aa

Un projet que je considérais comme une de vos meilleures idées et que j’ai eu le tort de prendre trop à coeur.

Informations générales
  • DR13_261
  • 6870
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 261
  • Orig.ms. ACR, AF 386; D'A., T.D. 26, n. 769, p. 329.
Informations détaillées
  • 1 CLASSES SUPERIEURES
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 FATIGUE
    1 PRESSE POPULAIRE
    1 UNION DES COEURS
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    3 NIMES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 6 janvier 1880.
  • 6 jan 1880
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

J’ai écrit ce matin au P. Bailly. Je réponds à votre lettre du 5(1). Je comprends que sa fatigue, malheureusement prévue, arrête les projets de revue. Je croyais son apparition extrêmement utile, comme je la comprenais; la démonstration du P. Bailly ne me surprend pas, mais le genre du Pèlerin, qu’il faut encourager pour le gros public, me va trop peu pour qu’on puisse songer à une revue de ce style pour un public plus élevé. Il fera son oeuvre, nous procurerons des abonnements et nous travaillerons à autre chose. Au lieu d’une action commune, nous travaillerons chacun de notre côté. Quand vous croirez possible une publication dans les termes indiqués par vous, nous serons prêts à vous aider; jusque-là, nous irons chacun dans notre voie: Alii alio dilapsi sunt. La question d’argent est trop grave pour que j’insiste. Vous me permettrez de regretter l’avortement d’un projet que je considérais comme une de vos meilleures idées, et que j’ai eu le tort de prendre trop à coeur. Quel guignon de ne plus pouvoir réaliser un projet d’après vos plans, quand nous avions une telle unité d’idées et d’ardeur!

Adieu, cher ami, et tout vôtre.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans cette lettre du 5 janvier, après avoir fait état de l'extrême fatigue du P. Bailly, cheville ouvrière de la future revue, et de perspectives financières inquiétantes, le P. Picard a écrit:
"Notre plan de campagne est parfait; seulement s'il s'agit d'un clairon, la revue ne remplirait guère cet office, car une publication qui ne paraît que tous les mois n'aurait pas l'effet que vous désirez. Pour cela il n'y a que le journal quotidien.
Enfin en dehors de l'argent, en dehors de la maladie et de l'observation que je viens de présenter, reste que le P. Bailly est absolument désorienté. Autant il croyait au succès d'une revue telle qu'il la rêvait, autant il est convaincu de l'insuccès d'une revue telle que nous la voulons. "Elle obtiendra, dit-il un succès d'estime, mais on ne la coupera pas et nous aurons 250 à 300 abonnés de plus que la *Revue de l'enseignement*, c'est-à-dire, 5 à 600; encore ce seront des abonnés de complaisance. Ce ne sera donc pas une revue de combat".
En présence de cette série d'impossibilités, je ne sais que dire et je crois qu'il faudrait attendre, à moins qu'on ne pût commencer à Nîmes. C'est après mille hésitations et à mon corps défendant que j'en arrive à cette conclusion, qui déplaira à vous et à tous nos Pères et qui me déplaît également, mais qui me paraît imposée par les événements. Je suis désolé d'écrire ainsi après un pareil enthousiasme, mais je ne puis pas laisser commencer sans prévenir. Si malgré tout vous nous dites de commencer, nous commencerons.
Bénissez-nous. Votre fils très obéissant et dévoué." F. Picard.