DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 352

17 jul 1880 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le 14 juillet à Nîmes – A la mairie – Blacas.

Informations générales
  • DR13_352
  • 6986
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 352
  • Orig.ms. ACR, AD 300; D'A., T.D. 24, n. 1359, p. 127.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE
    1 BETISE
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CLERGE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COUVENT
    1 CREANCES A PAYER
    1 DECADENCE
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FONCTIONNAIRES
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 LOISIRS
    1 MAITRES
    1 MODERES
    1 PAIX
    1 PEUPLE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 PRISONNIER
    1 REPUBLICAINS
    1 ROYALISTES
    1 SAINTS
    1 SAUVAGES
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BERNIS, FRANCOIS DE
    2 BERNIS, JULES DE
    2 BLACAS D'AULPS, STANISLAS DE
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 LOUIS XV
    2 MARGAROT, ALI
    2 MAUVISE, MARIE DU CHRIST DE
    2 MONTEILS-NOUGAREDE, LOUIS
    2 PIEYRE, ADOLPHE
    2 POMPADOUR, MADAME DE
    2 ROCHEFORT, HENRI
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 17 juillet 1880.
  • 17 jul 1880
  • Nîmes
La lettre

Comment avez-vous fini votre 14 juillet, ma chère fille? Ici, tout eût été parfait, sans les artilleurs qui se sont conduits comme des sauvages. Hier matin, 16, deux cents manquaient à l’appel; trente ou quarante sont en prison, plusieurs passeront en conseil de guerre. Tant pis pour eux! Il a fallu garder certains quartiers avec de la gendarmerie et de la troupe de ligne. Ils ont pillé, saccagé, volé de l’argent, poursuivi des femmes le sabre au poing. Les républicains civils étaient très modérés, mais les artilleurs étaient soudoyés par les francs-maçons. On en a entendu dire: « Pour quarante sous, ce n’est pas la peine de se faire tuer »(1). Le prieuré n’a absolument rien eu, ni presque rien entendu. J’avais engagé la Mère Marie du Christ à faire veiller trois ou quatre hommes; cela a été inutile.

Il paraît qu’on va laisser les couvents tranquilles, à moins que Rochefort… On a donné pour maire à Nîmes un ancien professeur de l’Assomption, qui a dû descendre de seconde en huitième, non par incapacité, mais par impuissance de tenir une classe(2). On va lui faire faire toutes les sottises possibles; après quoi, on nommera à sa place le chef des francs-maçons, Ali Margarot(3), qui vient de faire baptiser franc-maçon son fils de six ans. Baragnon se désiste au Conseil général. M. de Blacas s’est conduit d’une manière indigne. Si le comte de Chambord n’a pas d’autres représentants, vous pouvez dire à qui vous voudrez que sa cause est perdue. M. de Blacas a préféré à Baragnon un homme qui dit en plein Cercle: « Les prêtres et le peuple, je m’en sers et je m’en f… », et qui, pour payer ses dettes de jeu, a dû vendre 32.000 francs un portrait de Madame de Pompadour, donné par elle ou par Louis XV au cardinal de Bernis(4).

Adieu, ma fille. Dans quel temps écoeurant vivons-nous? Et que l’Eglise a besoin de saints, pour lutter contre ses ennemis et ses enfants!

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "A Nîmes, cela a failli tourner au massacre par la troupe des habitants non républicains de tout un quartier" (La *Croix*, août, p.336). PIEYRE, o.c., t.3, p.293-295, raconte ce 14 juillet nîmois, qui eut son pendant en plusieurs autres villes.
2. Henri [marquis de] Rochefort (1831-1913) vient de rentrer d'exil. Le nouveau maire est Monteils-Nougarède.
3. Cela se fera en novembre.
4. Le cardinal de Bernis (1715-1794) fut légat à Rome de 1866 à 1891.