DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 358

24 jul 1880 Nîmes GAY Mgr

Votre éloge du cardinal Pie.

Informations générales
  • DR13_358
  • 6993
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 358
  • Orig.ms. Arch. du Carmel du Dorat (Haute-Vienne); D'A., T.D. 39, p. 363.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 EVEQUE
    1 LIBERALISME
    1 MONARCHIE
    1 PIETE
    1 RECONNAISSANCE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 RHETORIQUE
    1 VETEMENT
    2 ELIE, PROPHETE
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 LEON XIII
    2 MARCHASSON, YVES
    2 PIE, LOUIS
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 POITIERS
  • A MONSEIGNEUR GAY, EVEQUE D'ANTHEDON
  • GAY Mgr
  • Nîmes, 24 juillet 1880.
  • 24 jul 1880
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher Seigneur,

Je viens de lire avec avidité votre éloge du cardinal Pie. Me permettez-vous de dire que ce n’est pas précisément une oraison funèbre. Une fois cela accordé je trouve que c’est un chef-d’oeuvre sui generis. C’est doctrinal, c’est un grand et magnifique portrait d’un très grand modèle, c’est un beau style d’église pour louer un homme d’Eglise, c’est profondément pieux, mais surtout très ferme. Comment avez-vous pu parler devant les Révérendissimes et Eminentissimes bigames et trigames auditeurs, de son refus du siège de Lyon et de son désir de mourir plutôt que de quitter Poitiers? Comment devant le cardinal Guibert avez-vous osé dire que votre Evêque était, pour la France, le bras droit de Léon XIII?

Ce que vous dites du libéralisme est merveilleux, ah! que je redoute plus certaines têtes mitrées que les têtes couronnées!

Tous les vrais catholiques devraient vous dire merci, mais vous sentez bien qu’ils vous le disent dans leur coeur.

Ah! qui nous donnera des hommes de grand courage pour jeter à pleines mains les vérités à travers le monde révolutionnaire, qui n’en veut pas, et à qui elles sont pourtant si nécessaires! Je vous vois tous les jours plus, un de ces hommes-là. Je demande à Notre-Seigneur de laisser tomber sur vos épaules au moins cette portion du manteau de votre Elie.

Bien tendrement et respectueusement vôtre en baisant ces mains faites au tour(1).

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir le commentaire de cette lettre dans MARCHASSON, o.c., p.439-440. En voici la conclusion : "Ce texte [...] témoigne, plus de trois semaines après l'exécution du premier décret, de cet état d'esprit d'un certain nombre de supérieurs religieux. La situation réelle leur échappe par son caractère profondément nouveau, inattendu à leurs yeux, étranger à leurs catégories. Ils n'y sont en aucune manière préparés. Ils souffrent à coup sûr, et expriment des opinions qui, pratiquement, ne font pas avancer les choses. Ils cherchent à s'évader par le rappel des principes, se livrant au jeu amer de la critique d'autrui, laissant de côté des réalités de fait qui s'imposent plus impératives chaque jour."