Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 47.

28 jul 1834 Rome GINOUILHAC Abbé

Abandon à la Providence – L’esprit de Dieu à l’oeuvre dans la publication de l’encyclique, montre les dangers du mouvement révolutionnaire et les conditions de la régénération.

Informations générales
  • PM_XIV_047
  • 0+195 a|CXCV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 47.
  • Brouillon autogr. ACR, AB 71; D'A., T.D. 19, pp. 10-11.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ENCYCLIQUE
    1 REVOLUTION
    1 SAINT-ESPRIT
    2 GREGOIRE XVI
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
  • A MONSIEUR L'ABBE GINOUILHAC
  • GINOUILHAC Abbé
  • Rome, 28 juillet 1834.
  • 28 jul 1834
  • Rome
La lettre

Mon cher Monsieur Ginouilhac(1),

Votre lettre, que je reçois à l’instant même, est venue fort à propos. Je ne sais comment, depuis quelques jours, j’étais surtout frappé de ce dont vous m’y parlez si bien. La Providence qui conduit toutes choses nous a donné dernièrement de telles leçons, qu’il n’y a pas à douter qu’elle prépare quelque chose de grand et qui surprendra tout le monde. C’est cette pensée qui me convainc de plus en plus de la nécessité de nous mettre sous la main de Dieu comme une cire molle, pour nous laisser pétrir par lui comme bon lui semblera.

L’apparition de l’encyclique qui condamne M. de La M[ennais] a produit sur moi un effet étrange. D’abord, je l’avoue, j’avais trouvé qu’on s’était trop hâté de prononcer sur un livre, que l’auteur enveloppait de phrases ambiguës; mais en y réfléchissant davantage, j’y ai vu une action de l’esprit de Dieu tellement au-dessus de toute portée humaine, qu’il m’a été impossible de croire que l’opportunité du temps ne fût en rapport avec la grandeur de la décision. Le Pape, dans cette encyclique, a devancé la marche du temps et des révolutions. Il a prévu, ou plutôt le Saint-Esprit a vu jusqu’où devait aller l’esprit humain, poussé par les vents qui soufflent aujourd’hui. Il a vu sur quel point devaient s’amonceler les vagues de cet océan de toutes les opinions, qui semble emporté par un flux immense contre tout ce qui ressemble à l’ordre, au pouvoir, et, afin de prévenir les maux immenses causés par un débordement menaçant, il a prononcé une seconde fois: Huc usque venies. Ces paroles, à mon gré, auront un double effet: le premier, de faire connaître les dangers du mouvement révolutionnaire; le second, de déterminer et de diriger le mouvement régénérateur, par lequel nous reviendrons à l’ordre.

Notes et post-scriptum
1. Un autre brouillon de la même lettre a été publié par VAILHE *Lettres* I, pp. 618-623.