Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 62.

17 mar 1835 Rome DU_LAC Melchior

Il le remercie de ne pas avoir publié la lettre [du P. Ventura] relative à l’article de l’*Ami de la religion* – Ce qu’il apprend sur le compte de l’abbé l’afflige profondément – Pour réaliser l’union des catholiques et proclamer le progrès que peut faire l’esprit humain avec l’aide du catholicisme, la *Revue européenne* ne pourrait-elle prendre le relai de l’*Avenir* ? – Ses projets d’apostolat.

Informations générales
  • PM_XIV_062
  • 0+242 b|CCXLII b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 62.
  • Cop. faite par la censure des Etats pontificaux, Arch. Vat. 219, t. III, n° 102; photoc. ACR, AE 409; *Pages d'Archives*, II, p. 339.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLICISME
    1 CATHOLIQUE
    1 CONVERSIONS
    1 PROTESTANTISME
    1 UNITE CATHOLIQUE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 FRANCE
    3 ROME
  • A MONSIEUR MELCHIOR DU LAC
  • DU_LAC Melchior
  • Rome, 17 mars 1835.
  • 17 mar 1835
  • Rome
  • *A M. Melchior Dulac de Montvert,*
    *rue des Fossés-Saint-Jacques, place de l'Estrapade,*
    *n° 11, Paris.*
La lettre

Je vous remercie mille fois de la détermination que vous avez prise de vous-même, relativement à la lettre de l’Ami. Je ne saurais vous dire combien je craignais de la voir paraître depuis que je me suis aperçu qu’il y avait un plan arrêté, dans lequel on me faisait jouer le rôle de machine, parce qu’on savait bien que je n’aurais pas voulu y participer, si l’on me l’avait fait connaître tout entier. Je ne puis me persuader que les armes que nous devons employer, nous, catholiques, avant tout, nous ennemis de coteries, doivent être les mêmes que celles qu’emploient les coteries que nous voulons combattre. Je ne sais rien de positif sur les intentions de l’auteur de la lettre; lorsque j’allais le voir hier, il y avait du monde et je ne pus lui parler en particulier, mais j’espère qu’il renoncera à son dessein; quoi qu’il en soit, suspendez pour quelque temps. C’est, je crois, le meilleur parti à prendre.

Je ne puis vous dire à quel point je suis affligé de ce que vous me dites et de ce que plusieurs autres personnes m’ont écrit sur le compte de l’abbé; on aurait beaucoup voulu que je lui écrivisse, mais le puis-je? Il ne m’a pas répondu à deux lettres, et, de plus, j’ai lu de lui un très petit billet à un de mes amis dans lequel il l’engageait à ne plus lui écrire, disant que la question lui paraissait désormais tranchée. Je ne sais donc pas ce qu’il faut penser d’une nouvelle lettre. Oh! comme les hommes sont coupables les uns envers les autres. Certes, je crois que M. de Lamm… a tort, mais quand on saura tout ce que certains de ses adversaires ont fait contre lui, on verra combien petit serait le nombre de ceux qui ont le droit de lui jeter la pierre!

Ce qui me peine le plus dans cette circonstance, c’est que je vois se briser les plus belles espérances que nous avions de l’union des catholiques, car il faut nous unir, si, malgré notre petit nombre, nous voulons faire face à l’ennemi; nous avons perdu notre centre, comment en créer un autre? Irons-nous à la débandade chacun de son côté? Ou bien nous entendrons-nous pour dire ce que nous voulons? Il me semble que dans la disposition actuelle des esprits, la Revue européenne peut prendre un rôle magnifique, celui qu’a perdu l’Avenir, profiter du passé et proclamer tous les progrès que peut faire l’esprit humain à l’aide du catholicisme. Puisque c’est vous qui paraissez à la tête de cette entreprise, je suis persuadé que vous aurez compris la sublime responsabilité dont vous pouvez vous charger. Je serais bien aise que vous puissiez me donner quelques moments pour me faire comprendre vos idées à cet égard.

Ici, nous sommes toujours dans cette sainte et admirable insouciance de toutes choses, insouciance qui plaît tant à ceux qui aiment à manger, boire et dormir tranquilles.

Je suis à chercher ce que je ferai quand je serai de retour en France: franchement, je ne le vois pas bien encore. On veut beaucoup que je m’occupe des protestants; cette partie me plairait beaucoup, cependant je n’envisage pas la chose comme la considèrent certaines gens qui, cependant, me portent beaucoup à me livrer à la conversion de cette partie d’hommes qui flottent entre une religion quelconque et la philosophie.

Je m’occupe beaucoup, dans ce moment, d’allemand et d’anglais, etc.

Adieu.

Emmanuel d'Alzon.
Notes et post-scriptum