Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 72.

17 oct 1835 Lavagnac AURIOL

Lamartine n’a plus la foi – Lamennais est allé trop loin – Les abus sont inévitables dans les sociétés et dans l’Eglise.

Informations générales
  • PM_XIV_072
  • 0+264 b|CCLXIV b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 72.
  • Cop. faite par la censure des Etats pontificaux, Arch. Vat. 219, t. III, n° 102; Photoc. ACR, EC 417; *Pages d'Archives*, II, p. 344.
Informations détaillées
  • 1 BEAU LITTERAIRE
    1 EGLISE
    1 ERREURS MENAISIENNES
    1 FOI
    1 INSTITUTIONS POLITIQUES
    1 PANTHEISME
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 LA BOETIE, ETIENNE DE
    2 LAMARTINE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 MONTAIGNE
  • A MONSIEUR D'AURIOL (1)
  • AURIOL
  • [Lavagnac, 17 octobre 1835].
  • 17 oct 1835
  • Lavagnac
La lettre

J’ai su par M. Combalot que Lamartine travaille avec assez d’ardeur à son grand poème, mais le pauvre homme se perd dans le plus absolu panthéisme; il n’a plus la foi, et, vraiment, je ne sais où il s’arrêtera.

Quant à M. de La Mennais, il se pose tous les jours dans une situation de plus en plus fausse; je crois cependant qu’à moins d’un complet aveuglement, il reconnaît qu’il est allé trop loin. Tout récemment, il a publié un opuscule de la Boëtie, l’ami de Montaigne, avec une préface passablement furibonde, mais qui, à force de prouver, ne prouve rien. Qu’il y ait abus dans les sociétés, qui en doute? Mais, le fait est qu’il faut qu’il y ait des sociétés et des lois, qu’il y ait des abus. C’est comme si l’on disait qu’il faut tuer tous les hommes parce que personne n’est parfait. Tant qu’il y aura des hommes, il y aura imperfections et abus, et les meilleures institutions ne les sauveront pas d’abus énormes; voyez l’Eglise. Je pense qu’à ne la considérer, même qu’humainement, on ne peut voir rien de plus admirable que sa constitution, et cependant, que d’abus dans son sein; les abus sont des hommes, l’institution est de Dieu. Direz-vous qu’il faut détruire l’Eglise parce qu’il y a dans son sein des hommes qui corrompent autant qu’il est en eux la morale?

Emmanuel d’Alzon.

Lavagnac, par Montagnac, 17 octobre 1835.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. *Estratto di Lettera diretta à M. d'Auriol, Roma.