Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 208.

7 jul 1846 Nîmes O_NEILL_THERESE Emmanuel ra

Vos souffrances – Toute à Dieu dans l’infirmité comme dans la force – Le prix d’une maladie bien acceptée – Porter le poids de toutes ses peines.

Informations générales
  • PM_XIV_208
  • 0+469 c|CDLXIX c
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 208.
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 19, pp. 91-92.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 CONTRARIETES
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 FATIGUE
    1 GRACES
    1 MALADIES
    1 PATIENCE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU DE FORCE
  • A LA MERE THERESE-EMMANUEL O'NEILL
  • O_NEILL_THERESE Emmanuel ra
  • Nîmes, le 7 juillet 1846.
  • 7 jul 1846
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Vous êtes donc toujours malade, ma chère fille; Dieu vous envoie des souffrances qu’il sait vous être utiles, en même temps, j’en suis sûr, qu’il vous donne la force de les supporter: de façon qu’on ne sait s’il faut s’affliger de vous voir si longtemps incapable de faire à vos novices tout le bien dont vous êtes l’instrument, ou se réjouir de ce que Dieu vous fournit une occasion d’acquérir des mérites que vous n’avez pas choisis. J’ai dit, ce matin la messe pour vous. Vous pensez bien que ce n’est pas la première fois et que ce ne sera pas la dernière, jusqu’à ce que j’apprenne votre guérison. Ce matin également, nos Carmélites ont communié à votre intention. Je crains que si Dieu vous rend la santé vous n’ayez, ici, à acquitter beaucoup plus de dettes de ce genre que vous ne pensez. Je demande à Dieu pour vous, ma chère fille, qu’il accomplisse entièrement ses desseins à votre égard et que pour cela il vous force à être toute sienne, dans l’infirmité comme dans la force.

On m’a appris, et j’en ai été tout heureux, que vous portez votre mal avec beaucoup de patience. Il faut y faire grande attention. Une maladie bien acceptée est une des crises les plus précieuses, par lesquelles puisse passer une âme. Elle y apprend le néant de la vie, de toute force humaine, la puissance de Dieu; elle y éprouve quelquefois d’une manière plus sensible l’action de la grâce, et si elle a su en conserver les fruits, ses provisions se trouvent doublées pour le moment où la santé lui est rendue. Si vous pensez, sans trop de fatigue, à vos amis, priez pour moi. Je traverse un vrai moment de tribulations. Ce n’est rien de bien considérable, mais parce que je suis faible, je crie avant que l’on ne m’écorche comme si j’avais la peau enlevée. Il faut pourtant porter le poids de toutes ses peines, et c’est ce que je désire de tout mon coeur, pourvu que Dieu m’en donne toujours la force.

Adieu, ma chère fille. Je ne prolonge pas cette lettre, et parce qu’il ne faut pas fatiguer longtemps les malades, et parce que je suis moi-même un peu souffrant. Mais ce n’est rien chez moi.

Tout vôtre, ma chère enfant, dans le coeur de notre divin Maître.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum