Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 233.

20 aug 1846 DUPLAT Mère Scholastique de Jésus

Réflexions sur la mort de jeunes religieuses – Soeur Saint-Bernard – A propos d’autres religieuses – Argent.

Informations générales
  • PM_XIV_233
  • 0+480 a|CDLXXX a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 233.
  • Orig.ms. ACR, AC 77; D'A., T.D. 19, pp. 112-114.
Informations détaillées
  • 1 CAPITAUX
    1 CREANCES A PAYER
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 MORT
    1 NOEL
    1 NOVICIAT
    1 PERFECTION
    1 RELIGIEUSES
    1 RESPONSABILITE
    1 SUPERIEURE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 AGNES, SOEUR
    2 BROCHET DE LA ROCHETIERE, MARIE DE JESUS
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CONDAMIN, CHANOINE
    2 DUPLAT, MARIE-SCHOLASTIQUE
    2 MARINE, SOEUR
    2 RAYMOND, MONSIEUR
    2 SAINT-BERNARD, SOEUR
    3 LYON
    3 NIMES
  • A LA MERE SCHOLASTIQUE DE JESUS DUPLAT
  • DUPLAT Mère Scholastique de Jésus
  • 20 août [1846].
  • 20 aug 1846
La lettre

Ma Révérende Mère(1),

Je comprends combien est pénible pour vous la pensée de voir tant de jeunes religieuses, sur lesquelles vous comptiez comme sur des instruments utiles, vous échapper pour ainsi dire entre les mains et être reprises par Notre-Seigneur, avant que vous n’ayez pu les employer, comme vous l’aviez espéré, pour sa gloire. Mais puisqu’il a été le maître de vous les confier, il l’est bien aussi de les réclamer pour le ciel. Il n’y a qu’une seule réflexion en ceci qui doive faire trembler des supérieures. Ces jeunes religieuses n’eussent-elles pas été plus parfaites, si elles eussent vécu davantage, et cependant Dieu ne les a-t-il pas retirées dans une vue de miséricorde pour elles, parce que ceux qui étaient chargés de les conduire à la perfection n’avaient pas tout ce qu’il fallait pour porter jusqu’au degré de sainteté, où elles fussent parvenues en d’autres mains? Cette réflexion est très effrayante pour ceux qui ont la responsabilité de certaines âmes, et c’est à cause de cela même qu’il faut la faire, afin de ne pas s’exposer à mériter un jour le reproche de n’avoir pas accompli un devoir aussi terrible que celui de la sanctification des épouses de J.-C.

Je ne sais pourquoi je ne pense guère que Soeur St Bernard(2) doive mourir de si tôt. J’ai dit la messe aujourd’hui pour elle: c’était la fête de son patron. Cette Soeur a grand besoin d’être soutenue et encouragée dans le bien que Notre-Seigneur veut lui faire. Il faut la tenir absolument entre les mains de Dieu, et ne pas lui permettre de se tourner à droite ou à gauche dans sa propre activité. Je ne crois pas qu’il faille lui laisser pratiquer beaucoup de mortifications, mais être très exact à la tenir toujours sous l’impression que Dieu lui communique. Sa sainteté peut influer beaucoup sur celle de ceux qui se mettent en rapport avec elle. Il faut absolument faire fructifier ce talent que Dieu vous a confié, et je ne doute pas que les efforts que vous ferez pour pénétrer dans ses voies, sous l’action de Notre-Seigneur, ne vous aide[nt] à comprendre, vous aussi, ce que vous devez à Dieu. Il me paraît donc très important de la maintenir le plus possible dans une union perpétuelle avec Notre-Seigneur, l’y ramener lorsqu’elle s’en écarte, et la tenir pour ainsi dire entre l’enclume et le marteau, qui doit la façonner pour la réalisation du divin modèle qu’elle est obligée de copier.

Puisque Monseigneur s’est chargé de Soeur Agnès, je n’ai rien à vous en dire. Je crois seulement qu’elle ne tiendra pas plus à la Trappe que chez vous. Je ne suis pas surpris du départ de Soeur Marine. La pauvre fille branlait trop au manche pour tenir longtemps. Je suis bien aise de voir Jeanne et Marine monter au noviciat des madeleines.

Veuillez exprimer à M. le curé de St Charles toute ma reconnaissance pour le bien qu’il vous fait et pour sa grande charité. Veuillez dire aussi à toutes vos filles que je pense beaucoup à elles et que je demande à Dieu de leur mettre toujours devant les yeux le but de leur admirable vocation.

Je ne puis vous dire précisément l’époque de mon passage à Lyon. Je présume que ce sera avant quinze jours. Je voudrais être à Nismes au plus tôt pour la Nativité. J’avais espéré y être pour le 1er sept[embre], mais je n’ose y compter.

Les 9.000 francs du chemin de fer seront disponibles, dès que vous aurez les 11.000 francs qui doivent compléter les derniers 20.000 [francs] que vous devez à M. Raymond.

Adieu, ma Révérende Mère. Veuillez croire à tout mon profond dévouement en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'original ne porte pas de suscription. La lettre fut adressée, à la seconde supérieure générale des Soeurs de Marie-Thérèse, la Mère Marie-Scholastique de Jésus, née Adélaïde Duplat, à Lyon, le 26 décembre 1807. Elle mourut le 16 août 1856. Le chanoine Condamin a publié un fragment de cette lettre dans la *Vie de la bonne Mère Marie de Jésus, née Sophie Brochet de la Rochetière*. Lyon, 1899, p. 669. (S.V.)
2. Cette religieuse, du même Institut, née à Sainte-Foy-la-Grande le 31 août 1820, mourut à Lyon le 24 juillet 1847. C'était une stigmatisée. Le P. d'Alzon en parle quelquefois dans ses lettres, et le chanoine Condamin lui a consacré une courte notice, *Op. cit*., pp.657-671. (S.V.)1. L'original ne porte pas de suscription. La lettre fut adressée, à la seconde supérieure générale des Soeurs de Marie-Thérèse, la Mère Marie- Scholastique de Jésus, née Adélaïde Duplat, à Lyon, le 26 décembre 1807. Elle mourut le 16 août 1856. Le chanoine Condamin a publié un fragment de cette lettre dans la *Vie de la bonne Mère Marie de Jésus, née Sophie Brochet de la Rochetière*. Lyon, 1899, p. 669. (S.V.)
2. Cette religieuse, du même Institut, née à Sainte-Foy-la-Grande le 31 août 1820, mourut à Lyon le 24 juillet 1847. C'était une stigmatisée. Le P. d'Alzon en parle quelquefois dans ses lettres, et le chanoine Condamin lui a consacré une courte notice, *Op. cit*., pp.657-671. (S.V.)