Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 234.

29 aug 1846 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Vous allez avoir la visite de M. Monnier – Je préférerais le style ogival – Par défaut d’humilité je n’ai pas assez cru que vous puissiez douter de moi – Pour Sr M.-Augustine – Il me semble que je veux que ma trente-septième année soit celle d’un saint.

Informations générales
  • PM_XIV_234
  • 0+480 b|CDLXXX b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 234.
  • Orig.ms. ACR, AD 448; D'A., T.D. 19, pp. 114-115.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DEFIANCE DE SOI-MEME
    1 EFFORT
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 PARESSE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTS DESIRS
    1 SIMPLICITE
    1 SOUFFRANCE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BLONDEAU
    2 GOURAUD, HENRI
    2 MICHEL, ERNEST
    2 MONNIER, JULES
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Lavagnac, le 29 août 1846].
  • 29 aug 1846
  • Lavagnac
La lettre

Ce n’est pas précisément à vous que j’écris aujourd’hui, ma chère enfant, mais sous votre couvert à M. Monnier qui ira chercher une lettre de moi chez vous. Il recevra diverses recommandations, par la même occasion que le plan que je vous enverrai avec la plus illisible légende qu’on ait jamais vue. Veuillez le mettre en relation avec M. Gouraud, à qui j’ai écrit pour sa fête et qui ne m’a pas répondu, avec M. Michel, et, si vous pouviez, avec M. Blondeau. Il y a quatre jours que je suis ici. Tantôt je m’en veux de ma paresse et tantôt je me console en pensant que je souffre, ce qui est vrai. Mais le repos me remettra.

Le style roman me va, mais je préférerais le style ogival, si cela vous est indifférent. Du reste, sur ce point, c’est à vous de décider. Je ne vous dis rien aujourd’hui de votre excellente lettre du 24. Seulement je vous dirai que, lorsqu’on doute, toutes les petites observations des nuances ne valent pas une franche affirmation donnée par celui dont on doute, quand on l’estime encore. Je vous avoue que je n’ai pas assez cru que vous puissiez douter de moi, et, à présent, je le crois, mais je ne le comprends pas. Du reste vous avez parfaitement raison. Il y a eu probablement de ma part défaut d’humilité, mais rassurez-vous, je le paie. Vous me dites que vous avez eu 29 ans le 25; j’en aurai trente-six demain 30. Il me semble que je vais prendre de bonnes résolutions.

Je n’ai rien pu trouver pour les deux personnes que vous me recommandez. Je chercherai encore. Veuillez dire à Soeur Marie-Augustine qu’à l’occasion de sa fête j’ai beaucoup prié pour elle. Il me semble que Dieu me le demandait. Si je ne craignais qu’elle prît les choses en mauvaise part, j’ajouterais que j’éprouvais une grande compassion pour la peine que je suppose qu’elle a, quand il lui faut combattre ses défauts. J’avais aussi comme une dilatation de coeur en voyant ce qu’elle pourrait donner à Dieu, si elle voulait être plus généreuse, le regarder davantage, se moins regarder elle-même. Ne suis-je pas fou de vous écrire ces simplicités? Mais malheur à vous! Vous voulez que je retourne mon âme devant vous, vous la verrez dans tous les sens.

Adieu. Je suis court, parce que cette lettre est la huitième que j’écris aujourd’hui. Je vous avais réservée pour la bonne bouche; voilà ce que vous y gagnez. J’examinerai votre note quand je serai arrivé à Nîmes, pour voir si vous n’avez pas mis plus que je ne vous ai envoyé.

Il me semble que je veux que ma trente-septième année soit celle d’un saint. Voyez donc; je ne vous quitterai pas. Allons, voilà qui est décidé. Eh! bien, adieu. La simplicité que vous me proposez me charme, j’en veux de tout mon coeur.

Notes et post-scriptum