Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 238.

10 sep 1846 Lavagnac CARBONNEL Marie-Vincent ra

A votre application à devenir sainte ajoutez une union de prières pour le succès de notre oeuvre – Une vie de foi où l’on trouve davantage Jésus-Christ à mesure qu’on s’oublie soi-même – Recherchez la retraite – Chacun a sa place dans l’Eglise et il importe de la connaître – Pour discerner l’appel de Dieu.

Informations générales
  • PM_XIV_238
  • 0+485 b|CDLXXXV b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 238.
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 19, pp. 117-119.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 ASSOMPTION
    1 AUSTERITE
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 EFFORT
    1 FOI
    1 IMITATION DES SAINTS
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 OUBLI DE SOI
    1 SAINTS DESIRS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SILENCE
    1 VOYAGES
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE ANAIS CARBONNEL
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • Lavagnac, 10 septembre 1846.
  • 10 sep 1846
  • Lavagnac
La lettre

Je voulais répondre hier à votre lettre, ma chère enfant; j’en fus empêché au moment où je m’y préparais par une course qu’il me fallut faire, et cependant je tiens à vous dire combien je suis content de votre lettre et des dispositions que vous y manifestez. J’aime beaucoup les longues lettres comme celle-là, parce qu’elles me sont une preuve du désir de devenir meilleur, de combattre et de se vaincre, et qu’il est impossible de demander davantage. Vous allez donc travailler sérieusement à devenir sainte, ma chère enfant, et vous allez y mettre toute votre application. Si vous voulez y ajouter une union de prières pour le succès de notre oeuvre, il me semble que vous aurez parfaitement compris le but que je m’étais proposé en réclamant votre concours. Que ces pensées, ma chère enfant, vous deviennent habituelles, et vous verrez peu à peu s’ouvrir devant vous un monde nouveau. Vous comprendrez ce que c’est que cette vie de foi, dans laquelle on trouve davantage Jésus-Christ, à mesure qu’on s’oublie soi-même, et où la force que l’on acquiert se fait sentir comme n’étant pas de nous, mais de Dieu.

Les réflexions que vous avez faites à La Calmette sont très bonnes. Puisque vous sentez le besoin de la retraite, recherchez-la toujours de plus en plus et croyez que vos efforts seront toujours a cet égard récompensés par une plus grande fidélité à l’oraison. Quant à vos réflexions sur la vie des gens du monde, elles sont très bonnes, si vous ne les faites que pour vous. Dieu veut divers rouages dans la grande machine de la société, et divers membres dans le corps de son Eglise. Tous, dans leurs diverses positions, ont leur but, leur travail, leurs douleurs. Il importe que nous connaissions notre place, et si Dieu veut que nous nous retirions du bruit, il ne faut pas croire qu’il ne veut pas que d’autres y restent exposés. Une fois la charité ainsi mise à couvert, très certainement, ma chère enfant, Dieu vous veut hors de ce tumulte. Plus tard, vous aurez ces exemples sévères que vous réclamez; aujourd’hui, vous devez les chercher dans la vie de Jésus-Christ et des saints, et puis écouter la grâce intérieure et aller en avant. Vous me dites: « Achevez et faites ». Ce n’est ni vous ni moi, qui devons faire, ma chère fille, mais Notre-Seigneur, devant qui vous devez vous exposer, afin qu’il fasse et qu’il vous renouvelle.

Le meilleur moyen de faire mieux et de savoir si Dieu vous appelle ailleurs à une vie plus austère, c’est de la commencer dès ce moment, c’est de vous y mettre de tout votre coeur et de faire à cet égard tous les efforts que votre lâcheté vous permettra. C’est à quoi vous devez tendre par toutes vos prières et tout le peu de bien que vous êtes capable de faire.

Je présume toujours arriver à Nîmes mardi soir, comme j’en avais le projet. Il serait possible que je fusse retenu un jour ou deux par une dame qui arrive de Paris, avec qui je suis intimement lié et qui ne sera chez elle, à la campagne, que le 12 ou le 13. Je présume qu’elle viendra nous voir dimanche prochain et, dans ce cas, je ne pourrai partir que mardi ou mercredi. J’en serais pourtant contrarié, parce que j’ai donné des rendez-vous à Montpellier pour le 14 et le 15.

Adieu, ma chère enfant. Mille choses à vos soeurs, et à vous un dévouement sans borne. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum