Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 259.

9 nov 1846 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Un jeune homme de seize ans et un jeune artilleur – Constructions – Jours cruels – Désagréments – La force que Dieu me fait trouver dans votre affection – Puissiez-vous me retrouver tel que vous me vouliez.

Informations générales
  • PM_XIV_259
  • 0+494 b|CDXCIV b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 259.
  • Orig.ms. ACR, AD 465; D'A., T.D. 19, pp. 139-140.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRARIETES
    1 CRITIQUES
    1 ECONOME DU COLLEGE
    1 ELEVES
    1 MAITRISE DE SOI
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PENSIONNAIRES
    1 POSTULANTS ASSOMPTIONNISTES
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 SENSATIONS
    1 SOMMIERES
    1 SOUFFRANCE
    1 SURVEILLANTS
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU DE FORCE
    2 ALEXANDRE VIII
    2 BERGERET DE FROUVILLE
    2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
    2 FALCONNIER, MARIE-LOUIS
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 ROUX, MARIE-MARGUERITE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 9 novembre 1846.
  • 9 nov 1846
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Je me hâte, ma chère enfant, de répondre à votre lettre. Je vais répondre aussi de mon mieux à Soeur Marguerite, en entrant dans votre manière de voir et en suivant vos indications pour la calmer. Quant au jeune homme de seize ans que M. Falconnier me propose, il faudrait que vous eussiez la bonté de le juger par vous-même. Ce peut être un bon sujet; mais si jeune, peut-on se fier à ses dispositions? Je ne craindrais pas d’en faire un maître d’études pour la petite division, sous la direction de M. Saugrain, s’il est ce que vous me dites. Je lui ferai faire ses études à part sans la moindre difficulté, mais sera-t-il capable? C’est à vous, ma chère enfant, à me répondre. J’en dis autant du jeune artilleur. Comme je fais bâtir pour quinze ou seize mille francs un corps de bâtiment, ce qui me permettra d’attendre deux ou trois ans, avant d’entreprendre une construction définitive, je pourrai bientôt loger un plus grand nombre d’aspirants à la vie religieuse. pour le moment, je suis forcé à aller doucement. Ce moment durera jusqu’à Pâques. Je traverse des jours cruels: finiront-ils bientôt? Je n’en sais rien. Ma vigoureuse santé y ploie, quoique je la réserve toute entière pour résister aux chocs que me font subir les préventions des dames C[arbonnel], les mécontentements des maîtres, les froissements de l’abbé Goubier, qui, grâces à Dieu, sait revenir promptement. Dois-je vous dire que vous y êtes pour plus que tout le reste, puisqu’il est naturel que je sois tourmenté précisément par ce qui me touche le plus. Mais vraiment dois-je vous dire cela, puisque après tout vous en souffrirez à votre tour davantage? Je dois ajouter qu’en tout ceci Dieu me fait la très grande grâce d’être maître de mon âme. Deficiunt vires, sed non deficit anima, comme disait Alexandre VIII à son lit de mort.

En lisant la lettre de M. Falconnier à M. Saugrain, j’y vois que son protégé de seize ans veut être prêtre, mais non pas qu’il veuille être religieux… Quoi qu’il en soit, sondez-le, je vous en conjure. Je voudrais avoir aussi le temps de vous envoyer le résumé de nos dernières conversations du Tiers- Ordre de nos Messieurs. Les choses y marchent assez bien. Le Tiers-Ordre des dames va peut-être mieux en un sens.

Adieu, ma fille. Je m’arrête, parce que le temps me manque, mais il faut que je vous répète quelle inexprimable force Dieu me fait trouver dans votre affection, quelque douloureuse qu’elle soit par moments. C’est une disposition que vous ne semblez plus avoir à mon égard et que je voudrais pouvoir vous rendre, si cela plaît à Notre-Seigneur, et s’il ne trouve pas pour vous un moyen de purification dans des doutes qu’il permet, alors qu’ils n’ont pas le moindre fondement. Quand le temps de la tentation sera passé pour vous, j’espère que le voile tombé de vos yeux vous permettra de me retrouver tel que vous me vouliez. Mais je m’arrête, car si Notre-Seigneur veut vous éprouver par moi, quel droit ai-je à abréger les temps, sous le prétexte que moi aussi j’en souffre beaucoup? Tout ce que je puis vous dire, c’est que j’unis ce que votre état peut me faire endurer à ce qui vous fait souffrir vous-même, et que je l’offre pour vous à Dieu avec un coeur de plus en plus paternel.

Nous allons avoir 135 élèves, dont 85 pensionnaires, sans compter ce qui nous vient tous les jours.

Si l’artilleur peut arriver de suite, expédiez-le nous. Bergeret nous serait fort utile pour les comptes. Veuillez dire mille bonnes choses pour moi à M. Falconnier. Son premier enfant venu parmi nous est parfait. On va vous envoyer probablement comme élève la fille du Maire de Sommières.

Notes et post-scriptum